Lorsque des réalisateurs à succès tel que Wes Anderson pondent un nouvel opus complétant leur filmographie, peu de doutes que la sortie va faire événement. C’est le cas de The Grand Budapest Hotel, dernier film en date dans la grandissante liste des petites perles du cinéma estampillées Wes Anderson.
Nous sommes dans les années 2000. Une jeune fille vient se recueillir devant le buste d’un célèbre auteur. Flash back trente ans plus tôt, où l’on voit l’auteur dans ses vieux jours dans l’hôtel qui a inspiré son œuvre, le Grand Budapest Hotel, dans la république de Zubrowka (qu’on imagine être une vision onirique de ce que pourrait être la Suisse). Flash-back de vingt ans, l’auteur se remémore sa rencontre avec Zéro Mustafa, le propriétaire de l’hôtel, qui lui raconte comment il est entré en possession du Grand Budapest. Nouveau et dernier flash-back de trente ans, lorsque Mustafa n’était qu’un jeune lobby boy arrivant à l’hôtel, découvrant la grandeur décadente de Mr Gustave, grandiloquent concierge d’un implacable chic. Les deux se retrouvent mêlés à une complexe histoire d’héritage et de vol de tableau, créant évasion et course poursuite à travers l’Europe des années 1930.
Si vous êtes familier avec l’univers d’Anderson, pas de grosse surprise pour vous : vous allez avoir le droit à ce que vous attendez. La patte Anderson est bel et bien présente à 200% dans ce film, tant au niveau du montage des plans que dans la tendance onirique à décrire un cartoon joué par des humains, tant dans la construction des scènes (la course poursuite en ski en est la preuve parfaite) que dans le choix de la palette des couleurs. Le sens du détail de l’Américain se révèle plus que jamais, avec des plans travaillés à la perfection.
On regrette cependant une surabondance d’un casting de choc qui a tout du gavage plus que d’un véritable intérêt, avec trop de grosses têtes du cinéma qui font un saut de quelques instants au milieu du film, un style qui tendrait peut-être parfois à l’auto-parodie, la tentative d’application systématique d’une recette qui tend vers le trop-plein, ainsi qu’une mise-en-abîme très complexe rendant certains points de la ligne narrative un brin flous, et nous détachant un peu des personnages.
Mais loin de nous l’idée de vous déconseiller ce film, il s’agit d’une très belle réussite d’une des pointures du cinéma moderne, qui impose son style dans un exercice de style orchestré parfaitement. On passe un très bon moment dans cet univers de rêve.