28 Novembre 2013 : 17h30, salle de l’Antipode. Les dernières mesures du second couplet de « Wars » résonnent, la balance se termine ainsi. Quelques minutes plus tard, Antoine Wielemans (chanteur, guitariste et co-fondateur du groupe « Girls in Hawaii » ), bière à la main, et François Gustin (clavier) viennent à notre rencontre : ces derniers ont gentiment accepté de répondre aux questions d’Alter1fo, à quelques heures de leur concert à Rennes (voir le report du concert ici)
Interview
► Alter1fo : Bonjour à vous deux ! Vous avez expliqué avoir eu peur que le public vous oublie après ces années d’absence et de silence. Pouvez-vous nous dire quand vous avez compris que, finalement non, vous étiez toujours bel et bien attendus ?
Antoine : En Belgique, on a ressenti deux moments importants. Le premier a été la réouverture de notre page Facebook, et l’annonce selon laquelle le groupe recommençait. Durant les quelques mois qui ont suivis, il y a eu vraiment pas mal de gens à nous suivre et à s’intéresser à tout ce que l’on postait. Ça marchait bien et c’était assez cool.
Après, le gros pic et le gros moment qui nous ont vraiment motivé (car à cette période, on était en pleine préparation, de répétitions et en plein rush pour finaliser l’album), ce sont les deux dates que l’on a « ouvertes » en Belgique au mois de mai au Cirque Royal et à l’AB. à Bruxelles. Ce sont deux grosses salles d‘environ 2000 personnes. Elles ont été remplies en 3h seulement pour le Cirque Royal et en une journée, dès le lendemain pour l’AB. C’était hallucinant ! On ne s’y attendait absolument pas. Ça nous a donc foutu une grosse pêche.
► Suite à l’épreuve tragique que vous avez traversée, avez-vous réfléchi à la manière dont vous alliez communiquer autour de la sortie de ce nouvel album, ou avez-vous travaillé de la même façon que sur les deux précédents ?
Antoine : Finalement, le nom du disque et la pochette, c’est avec cela que l’on communique le plus sur un disque que l’on sort. Pour nous, cela a vraiment été hyper compliqué et hyper réfléchi. On a passé des mois et des mois dessus : il y a eu une vingtaine de projets différents de pochette. Il y avait pleins de trucs qui nous intéressaient mais qui nous semblaient trop « réducteurs » ou avec des sens que l’on pourrait mal comprendre. On cherchait pour le nom et la pochette quelque chose de particulier, d’assez vaste et d’assez englobant. C’est pourquoi on a mis vraiment du temps à les trouver.
Mais à partir du moment où l’on a trouvé EVEREST et la pochette, qu’on adore, on a été hyper content de communiquer sur la sortie car on trouvait cela très juste et surtout très beau…
► D’ailleurs, vous avez communiqué de manière « crescendo » : d’abord une annonce sur Facebook, puis un clip, un EP avant la sortie définitive de l’album…
Antoine : Oui, notre envie était de ne pas revenir d’un seul coup avec un album entier mais de vouloir lancer les choses en douceur. Notre label en France Naive nous a proposé de faire le « disquaire Day » et de sortir un 4 titres avec le morceau Misses qui est assez particulier et plein de sens pour nous. C’était une jolie manière pour nous d’annoncer le retour du groupe en douceur par un petit objet limité, disponible chez les disquaires avant la promotion plus conséquente du disque.
► Justement, votre EP 4 titres est d’abord sorti en vinyle… Ici à Rennes aussi, de nombreux groupes ou labels l’utilisent : quelle relation avez-vous avec cet objet ? Êtes vous nostalgique peut être ?…
Réponse d’Antoine :
► Constatez-vous également une demande de la part de vos fans ?
François : Oui, il y a une demande énorme. 9 objets sur 10 qu’on vend en merchandising sont des vinyles. En plus, c’est vrai que quand tu as un bel « artwork » sur un 33 tours , tu as envie de le regarder, de le montrer alors qu’un CD, généralement, finit en haut d’une pile de CD… Et même sans platine, certaines personnes achètent le vinyle, juste pour le toucher, lire les paroles ou regarder les photos.
Antoine : La musique s’est globalement dématérialisée, mais si les gens ont encore envie d’avoir un rapport affectif avec elle, le vinyle est un bien plus bel objet qu’un CD !
► Sur cet album, vous avez fait appel à un producteur en l’occurrence Luuk Cox et laissé Tchad Blake aux commandes du mixage. Pouvez-vous nous expliquer cette nouvelle manière de travailler, différente des précédents albums ?
Antoine : Sur cet album, Lionel et moi, à l’inverse des deux autres albums, avons vraiment moins contrôlé tous les aspects du « truc ». On a davantage laissé naître les choses au contact de Luuk, le producteur et au contact du groupe. François, Brice (guitare), Daniel (basse) étaient beaucoup plus présents durant les 3 semaines d’élaboration du disque que sur les deux précédents.
Et puis, on avait le sentiment que ce serait une grosse richesse, car on se sentait fatigué. On sortait d’un an et demi presque deux ans à tenter de réécrire des morceaux. Cela a été vraiment un long chemin pour arriver avec suffisamment de démos et pouvoir rentrer en studio. Surtout qu’on ne tenait pas non plus à avoir 10 démos parfaites. Du coup on en avait plutôt une trentaine avec des choses plus ou moins bien. En arrivant au studio, on avait finalement besoin d’aide et on avait envie de se faire « transporter ailleurs » sur certains morceaux.
De temps en temps, on s’est même fait un peu foutre dehors du studio par Luuk, juste moi et Lio. Le reste du groupe travaillait finalement parfois bien mieux avec Luuk, à se permettre des choses, à tenter des trucs par rapport à nos morceaux que si nous étions juste à côté d’eux, un peu comme des gendarmes.
► Du coup, que retirez-vous justement de cette expérience d’être « moins dans le contrôle » ?
François : Je pense qu’on a réalisé une chose en bossant avec Luuk , c’est tout le bien que cela fait de bosser avec un producteur. Cela te retire énormément de poids, de responsabilité par rapport à ce que tu dois faire et par rapport à ton boulot. C’était vraiment une expérience tout à fait motivante et enrichissante et je pense que si on doit rentrer de nouveau en studio, on va certainement trouver un producteur pour le prochain disque.
Antoine : Oui, trouver un producteur va être crucial parce que nous avons tous nos propres caractères. Il existe pas mal de directions possibles et différentes au sein du groupe. C’est un groupe très riche qui pourrait être vraiment très beau à enregistrer un peu plus « live » et avoir vraiment le jeu de chacun. Mais il va nous falloir du cadre et quelqu’un qui dirige les choses. Et puis avoir un producteur, c’est tellement reposant et agréable…
François : Le disque que l’on vient de faire est un disque très séquencé : une des envies que l’on aurait serait d’avoir un futur enregistrement plus ouvert, plus live !
► Vous pensez donc déjà au prochain album ?
François : Pas forcément, on n’a pas encore commencé à composer même si on se dit toujours qu’ « il y a une envie de rapidement refaire un disque » mais pour l’instant, cela reste très flou. On doit d’abord tourner jusqu’à la fin de l’année et peut-être un peu en début 2015… Et après, il faut voir d’ici là comment cela va se passer.
Je dirais que pour l’instant la configuration du groupe est idéale : cela se passe vraiment super bien. C’était tellement difficile de remettre le groupe sur pied, que j’ai l’impression que le groupe en profite beaucoup plus qu’avant. On est beaucoup plus efficace parce que l’on est plus conscient que tout ce que l’on fait ne dure qu’un temps et du coup, on a envie de faire le maximum et au mieux à chaque fois.
Antoine : Le groupe est riche aussi pour le moment grâce à François qui a un background musical diffèrent du notre, surtout sur les sons de claviers et le matériel vintage. C’est un truc qu’il partage bien avec Daniel. Il y a un peu des tandems comme ça dans le groupe. Et puis il y a Boris qui joue de la batterie depuis quelques mois maintenant dans le groupe mais qui n’a pas participé à toute la création du disque précédent…
► Justement, pourquoi ne pas avoir gardé Andy Reinhard qui a participé aux batteries sur Everest ?
François : En fait, je dirais qu’Andy a fait un petit peu « tampon ». Après le décès de Denis, Antoine s’est complétement retiré du groupe mais les autres avaient envie d’essayer de continuer à faire de la musique. Ils ont donc appelé Andy à la batterie qui est un pote à Daniel au départ et se sont retrouvés à 4 dans le local de répète. Mais je pense que c’était un peu dur. Moi j’ai intégré le groupe un peu plus tard. Puis il a fallu commencer à préparer les morceaux avec lui. Andy avait une place très difficile, c’était horrible car c’est un super gars mais il y avait quelque chose qui ne collait pas. En studio, ce fut très très dur, car avec Luuk Cox, la relation était très compliquée. Et puis sur le disque, la batterie est très impersonnelle parce que les morceaux ont été écrit avec des boites à rythmes .
Antoine : Finalement on l’a utilisé mais on ne l’a pas laissé s’exprimer. On a utilisé un batteur qui savait jouer de la batterie, mais on a tellement redécoupé, re-séquencé la batterie pour obtenir ce que l’on avait envie de faire précisément… Son jeu et toute sa personnalité de batteur ne nous plaisaient pas spécialement, ce n’est pas ce que l’on cherchait contrairement à Boris que l’on adore depuis des années.
► Côté pratique, pour un groupe comme le votre : comment avez-vous recruté Boris, par audition ou réellement parce que vous connaissiez déjà son jeu à travers ses nombreux projets musicaux ?
Réponse de François :
► Revenons à l’album « EVEREST », pourquoi avoir choisi d’ouvrir l’album avec le morceau The Spring ? Ce titre est un peu déroutant lors de la toute première écoute ?
François : c’est un morceau que Lionel a enregistré en Islande. Il était parti vivre là-bas quelques mois avec sa copine pour se lancer dans l’écriture des morceaux pour le disque. Du coup, il a passé tout l’hiver là-bas…
Ce morceau parle du printemps au sens premier du terme, et évoque les neiges qui fondent et les jours qui commencent à rallonger. Lio, quand il a senti ce moment, cette « fin de l’hiver » est sorti avec un enregistreur et a pris tous les sons d’ambiance : il a enregistré la radio islandaise qu’on entend dans le background du morceau mais aussi beaucoup de sons d’eau… C’est un morceau qui est resté à l’état de démo, il a juste été remixé par Tchad Blake mais ça reste vraiment le truc brut. C’est vraiment une perle ce morceau !
Au début, on pensait peut-être le mettre en chanson cachée ou en fin de disque mais cela aurait été cliché ou trop facile. En discutant avec Luuk, il nous a dit « mais non, vous êtes fous, mettez-le en premier».
► Du coup, cette place particulière dans l’album donne au morceau The Spring un autre sens et peut évoquer la symbolique de la « renaissance » ?
François : En même temps c’est vrai que, comme le dit Lio, le morceau a un petit peu changé de symbolique et apporte vraiment un message d’espoir. Cela cadre vachement bien avec Everest pour ça !
Antoine : On a chacun un peu une vision différente de ce morceau. Moi, je le trouve ultra sombre et ultra triste. Lio y voit beaucoup d’espoir dû au thème du printemps mais dans ce que j’entends, c’est le morceau le plus « à l’arrêt » du CD et c’est assez dingue de démarrer l’album par un truc « à l’arrêt » !
Mais je trouve que dans l’histoire du groupe, ce disque qui vient quelques années après le décès de Denis et dans le fait que le vrai groupe a totalement été arrêté, perdu, presque dans le coma pendant deux ans, ouvrir l’album là-dessus, je trouve ça très honnête et très sincère. Cela invite les gens à réfléchir un petit peu là-dessus et met en perspective tout le reste du disque.
► Everest est définitivement plus « aérien » que vos albums précédents. Cela vient du travail de François aux claviers mais aussi du fait des guitares plus en retrait…
Antoine : En retrait oui, tout à fait mais c’était vraiment des envies de notre part. Disons que le 1er album était très pop, mélancolique mais assez joyeux. Le deuxième était comme un retour de bâton, un truc très terrien, clairement déprimé. Plan your escape, était un peu l’album « gueule de bois » pour nous. Pour le troisième, on voulait mettre tout ça de côté et on voulait un disque plus lumineux, plus fougueux plus aérien…
► Effectivement, mais je trouve que c’est aussi un album disons « à tiroirs » où l’on découvre de nouvelles choses à chaque écoute. Par exemple, observer que les mots « Reste », « Rêves » sont contenus dans EVEREST, redécouvrir l’histoire de l’alpiniste George Mallory disparu à l’approche du sommet himalayen et sa célèbre phrase « because it’s there« , des chansons qui peuvent être interprétées de plusieurs manières… Est-ce que tout a été réfléchi ?
Antoine : C’est à la fin des tournées de Plan Your escape avant le décès de Denis, deux ans avant, en discutant entre nous, qu’on avait déjà trouvé ce nom Everest mais qui n’était pas spécialement destiné à être un nom de disque. C’était plus un espèce de « nom de code » ou de « remember » de ce que l’on avait envie de faire. Everest est le mot qui collait le mieux en terme de «traduction musicale » à ce vers quoi nous voulions tendre.
Après, au cours du processus d’écriture et de développement de l’album, ce dernier a pu avoir d’autres noms par moments. Mais plus on avançait, plus on arrivait vers la fin et plus cette mythologie de la montagne avec ce nom Everest, cette chanson Mallory’s’heights, tout cela a commencé à s’imbriquer jusqu’à en devenir ultra évident… Même sur le fait de ne pas vouloir afficher une montagne sur la pochette mais plutôt de mettre la mer, une vague qui y ressemble.
Forcément à un moment, tout s’est cristallisé. Du coup effectivement, il y a des choses plus inconscientes que d’autres dans le disque…
► Côté scène et live, je me suis forcé à ne pas regarder la retransmission sur Arte du show à l’Ancienne Belgique pour garder tout le mystère, mais pouvez-vous nous donner quelques indices sur le show de ce soir ?
François : Ce n’est que du neuf. On a un visuel qui reprend la peinture de Thierry De Cordier mais qui ne sera pas totalement complet car on manque un peu d’espace ce soir, c’est un peu juste… Normalement il y a pas mal de choses en plus mais on va faire avec… Du coup, tu pourras aller regarder plus tard la rediff du concert (rires)
Pour le live, on avait envie de laisser tomber les projections qu’il y avait sur Plan your escape pour se retrouver avec quelque chose d’assez cohérent.
Antoine : On voulait surtout quelque chose d’assez sobre, et que l’attention soit plus portée sur nous. On était souvent planqué derrière les projections avant. Du coup, on avait envie de quelque chose de différent, de plus assumer ce que l’on faisait.
► Côté setlist, avec 3 bons albums, êtes-vous du genre à piocher dans vos morceaux ou à garder une ligne directrice, une setlist commune sur la tournée ?
François : Là, on est à la fin de la mise en place du set, ça commence à super bien tourner. Par peur de se lasser et comme on n’a pas envie de faire la même setlist pendant 88 concerts, on commence tout doucement à répéter d’autres morceaux, à trouver d’autres assemblages etc… Mais pour ce soir, on va livrer un truc qui est assez proche de ce que l’on a fait à l’Ancienne Belgique, justement.
Antoine : On a mis quand même quelques mois à construire cette setlist, c’était vraiment un gros travail que l’on a fourni avec notre ingé-son. On a voulu créer une sorte d’histoire à travers nos 3 albums, avec des moments bien particuliers. Maintenant, cette trame fonctionne bien. Si on se fait un soir, par délire, « qu’est-ce que l’on joue ce soir » cela va être forcément être différent et il va y avoir des moments où cela va fonctionner et d’autres pas, surtout pour les enchaînements.
François : On a actuellement un développement qu’on aime bien, c’est-à-dire qu’on tarde à dévoiler notre light show. Les gens, au début, peuvent penser qu’il n’y a pas spécialement de « jeu de lumière » , que c’est vraiment un truc traditionnel . Il y a donc certaines choses dans l’évolution du set qui vont rester jusqu’à la fin, à moins de changer radicalement notre show mais cela m’étonnerait. A mon avis, on va juste chercher des petites substitutions, peut être jouer des rappels différents. Mais c’est clair que l’on va vite avoir besoin de changement, histoire de ramener de la fraicheur et que cela reste un challenge pour nous aussi d’être sur scène.
► Depuis les années 90, et l’explosion du groupe DEUS, de nombreux autres groupes belges ont émergé (Venus, Sharko, Ghinzu pour ne citer qu’eux)… Aujourd’hui, le groupe Balthazar semble être « le groupe qui monte » en ce moment. Quel regard portez-vous sur la scène belge actuelle ?
François : Balthazar est un excellent groupe et je dirais que la scène belge est toujours aussi bouillonnante !
► Avez-vous une explication justement ?
François : En tant que Belge, on est à la croisée de pleins de cultures différentes, on a pas mal de pays limitrophes et on est à côté de Londres, de la France, de l’Allemagne et de la Hollande. Du coup, dès tout petit, on est confronté à toutes ces cultures. Nous sommes donc habitués à être ouverts et curieux de voir ce qu’il se passe ailleurs. Et puis, même si nous sommes un petit pays, on regroupe plusieurs entités comme Bruxelles, la Flandre, la Wallonie, encore toute la partie germanophone de la Belgique où il y a 70 000 habitants qui parlent allemand comme Daniel notre bassiste qui est germanophone. On a comme ça une espèce de culture un peu bizarre…
► Une sorte de gros melting pot ?
François : Oui exactement, et cela se ressent. Et ça joue dans l’identité des groupes belges. Et puis, il y a aussi une donnée socio-économique : en Belgique, il y a comme une faille dans le système de chômage et cela permet aux artistes d’aspirer à toucher chaque jour où ils n’ont pas de contrat, une indemnité d’allocation chômage qui s’élève à 45€, un truc comme ça, ce qui fait plus ou moins mille euros par mois. Ça permet à pleins de gens de survivre en faisant de la musique…
► Du coup, il y a une sorte de créativité continue ?
Antoine : Oui, il y a des pôles de création, que ce soit dans le théâtre, le cinéma. C’est assez riche. Les gens s’ils veulent se lancer là-dedans savent que cela va être galère mais qu’il y a vraiment moyen de le faire.
François : C’est sûr que si tu es tout seul avec mille balles à Bruxelles et que tu dois payer un loyer, manger, c’est un peu chaud mais c’est faisable, genre si tu commences à faire de la coloc’…
Antoine : Il n’y a quelques pays dans le monde qui ont à peu près le même système, peut-être en Norvège ou en Suède, la France aussi par exemple avec l’intermittence même si cela est un peu différent du système belge. Mais c’est clair que l’on est gâté et privilégié par rapport à cela et je pense que cela aide.
Il y a vraiment une émulation. Depuis 10-15 ans, il y avait beaucoup de groupe flamands et nous-mêmes étions vraiment excités par ces groupes. Depuis, on a eu des groupes en Wallonie qui sont en train de créer d’autres vocations dans tous les sens. Il y a un réseau qui marche bien et qui s’est vachement professionnalisé même s’il n’y a pas un énorme marché du fait de la petite taille du pays donc il n’y a pas vraiment de gros label. Tout le monde vit plus ou moins avec le chômage et même si tu es connu en Belgique, tu ne gagnes pas spécialement grand-chose en jouant de la musique.
Par contre, l’avantage qu’il n’y ait pas de place pour une grosse industrie musicale, c’est que cela laisse la place à beaucoup d’originalité. Il n’ y a pas, par exemple, 4 gros produits qui cartonnent et qui tendent à rendre les choses commerciales et moins intéressantes.
François : … A part Stromae qui cartonne et qui a clairement dépassé les Frontières de la Belgique…
Antoine : … En même temps c’est super original ce qu’il fait, c’est un gros mélange de mix de pleins de trucs…
► Stromae fait assez polémique ici, surtout depuis sa nouvelle programmation et venue aux Transmusicales : on aime ou on déteste. Il ne laisse pas indifférent en tout cas.
Antoine : Ouais ? En Belgique aussi…C’est quelqu’un de toute façon qui force le respect parce que c’est quelqu’un d’ultra gentil, honnête et humble. Après le reste, c’est une histoire de goûts et de couleurs…
► En parlant de « dépasser les frontières », vous aussi, vous avez tourné en Chine au mois de Juin, du coup, y a-t-il une destination où vous rêveriez de jouer … ?
Francois : Au Japon et en Amérique du Sud.
Antoine : Pareil !
Francois : Pour moi le Japon, c’est complétement mythique et mystique : j’ai juste envie de voir ça en fait. Déjà, quand on est allé en Chine, c’était la première fois en Asie pour la plupart d’entre nous et une fois là-bas, c’était juste une espace de gros « whaououou » , de révélation. En tant que « petit européen », dans notre vie « un peu misérable de crise », voir un pays comme la Chine où la crise n’existe pas, où il y a une culture énorme, on se rend compte que ce sont eux qui sont majoritaires et c’est un truc qui est hyper impressionnant…
► D’ailleurs comment vous vous êtes retrouvés dans l’avion pour la Chine ?
Francois : Cela s’est fait par un gars de notre label qui avait des relations avec l’ambassade là-bas et de fil en aiguille, cela s’est tissé comme ça. Le plus drôle c’est qu’ on était aussi invité pour la fête de la musique française alors que nous sommes belges… Mais bon ! (rires)
Et puis, le premier disque avait drôlement bien marché au Japon : 4000 ou 5000 disques de vendus sans communication, c’était assez fou. Plein de gens ont alors demandé si on voulait venir jouer et puis finalement cela ne s’est pas fait car le label a fait faillite à l’époque. C’est un peu un acte manqué et du coup on aimerait bien y retourner !
► On vous le souhaite fortement. Merci beaucoup pour votre disponibilité et encore une fois, votre album est réellement très bon, et très bien produit, on sent un réel aboutissement…
Antoine : Merci beaucoup… Tu es le premier à nous le dire, les gens en général ne l’aiment pas, donc c’est hyper cool ce que tu nous dis là …
► …Bien sûr (rires)…
François : (rires)
Antoine : …Non, je plaisante…(rires)… Bon, on va se boire cette mousse du coup ?
► Allez !
Site officiel des Girls in Hawaii
A noter la date des GiH à l’Olympia le 18 mars 2014 et leur venue aux Vieilles Charrues.