Les K-FUEL aiment cette semaine à brouiller les carreaux de ceux qui ne pensent que dans les cases et n’écoutent qu’avec œillères vissées sur les tympans. Si la fin de semaine risque bien de se révéler riche en mandales soniques avec les venues de Throat et Hebosagil invités par nos valeureux défenseurs de musiques indociles samedi au Terminus (on vous en reparle), on devrait tout autant s’en prendre plein les esgourdes avec deux projets aussi captivants… mais à la délicatesse et à la douceur un tantinet plus manifestes le jeudi 4 juin avec les concerts de Françoiz Breut et de My Sleeping Doll. Doublement classe cette soirée !
Pour tout vous dire, on garde en mémoire (comme beaucoup par ici) la superbe prestation de Françoiz Breut aux Embellies il y a deux ans. Et celle-ci nous donne carrément envie de ne manquer sous aucun prétexte son retour en terres rennaises. Le nouvel album, enregistré à Bristol avec Adrian Utley (Portishead), futur 6ème disque, n’est pas encore finalisé (mastering et mixage à venir) mais pour cette venue en duo, Françoiz Breut nous promet quand même d’apporter quelques nouveaux titres dans sa besace. Mais surtout nous propose de ré-arranger ses autres morceaux en version acoustique (et espiègle) accompagnée de son guitariste (à venir également à l’automne la ré-édition d’Une saison volée en vinyl avec inédits et covers). On le pressent, ça risque une nouvelle fois d’être particulièrement classe.
Aux Embellies, en robe courte, fleurie d’une rose, les cheveux relevés, Françoiz Breut, solaire, avait capté tous les regards d’une foule dense et serrée à l’Antipode. Complètement charmée, d’une part, par la voix de la musicienne, toujours parfaitement placée, grave et chaude, émouvante et familière (on a découvert Françoiz Breut il y a longtemps). Complètement emportée, d’autre part, par des mélodies bien souvent obsédantes qui vous emportent immédiatement, par des ritournelles qui ne choisissent jamais entre « chanson et pop indé », des arrangements subtils et malins qui naviguent entre ritournelle, donc, bossa nova, guitare sautillante et légers arrangements électroniques, sans oublier de parfaits textes ciselés. Si vous ajoutez à cela une musicienne qui danse avec la classe chevillée au corps et qui sourit, toujours dans l’échange avec le public, vous commencerez à avoir une petite idée de ce qui vous attend ce jeudi.
On se souvient d’ailleurs que Françoiz Breut, facétieuse et accessible, s’était glissée au milieu du public pour un morceau à deux voix, seule avec Stéphane Daubersy à la guitare acoustique. Le contrepoint de leurs deux voix sur de délicates notes à la guitare, des sourires échangés (par le duo, avec le public autour) ou ce passage plus aigu totalement a capella chanté par Françoiz les mains jointes et dansantes, avaient fait de cette version de La Vie devant soi un moment de grâce suspendu. Sublime. Et plus que prometteur pour ce retour en version duo du 4 juin.
La vidéo n’était pas à Rennes. Mais c’est pas mal non plus.
On vous a également déjà dit tout le bien qu’on pensait de My Sleeping Doll et ce quasi depuis son premier concert -le deuxième pour être exact!- Après avoir travaillé avec d’autres musiciens pour la réalisation de son premier ep Exhale (qu’on écoute en boucle ici) réalisé avec Loïg Nguyen (et avec Pierre Marolleau à la batterie), My Sleeping Doll (en interview par ici et un poil plus récemment par là) auparavant seule sur scène, est depuis rejointe par Ronan Bedo (Eshôl Pamtais, Belajo) à la basse et Matthieu Noblet à la batterie (Korkoj, Mermonte).
On a ainsi pu redécouvrir les morceaux de la Miss ré-arrangés avec ses nouveaux acolytes à l’automne 2013 avec quelques dates ici et ailleurs. On craignait légèrement alors que la doublette ne fasse un peu d’ombre aux fragiles et délicates structures composées par la jeune femme et dissipe un peu de la magie qui entoure ses prestations solo. On a vite été rassuré : si le trio en était encore à trouver son équilibre, le potentiel de la formation était aussi palpable que bigrement prometteur. Le trio était certes en devenir et encore dans la recherche de son propre équilibre, mais le potentiel pour quelque chose de grand était là, et bien là.
Et si on en croit la découverte d’un premier titre Awaken (pas encore masterisé et peut-être pas avec son mix final) on ne s’était pas trompé. Tout en continuant de jouer sur le fil tendu entre sincérité et émotion, avec cette sorte de ténacité fragile qui nous la rend bouleversante, My Sleeping Doll gagne à la fois en épaisseur et en puissance de frappe. Autant dire qu’on attend avec une impatience fiévreuse de découvrir ces nouveaux titres en live.
K-Fuel présente Françoiz Breut (duo) et My Sleeping Doll en concert au 1988 Live Club le jeudi 4 juin à partir de 20h30. Entrée : 6 euros. Plus d’1fos.