Alors que l’annulation de l’édition 2019 du festival parisien Politikos venait à peine d’être saluée, patatras, la municipalité annonçait en octobre dernier une nouvelle exposition au couvent des Jacobins d’une partie des œuvres du milliardaire François Pinault. Et comme un malheur n’arrive jamais seul, Rennes, ville et métropole, mais aussi l’état et la région, allaient devoir débourser près d’un million d’euros pour son organisation. Rien n’est trop beau pour Pinault !
Nous vivons une « époque formidable » où les métropoles se livrent une concurrence fratricide. Pour tirer leur épingle de ce jeu de dupe, l’art – dont « les œuvres défiscalisées sont possédées par les puissants et non plus par les musées publics(1) » – se transforme en un simple support publicitaire dédié à l’attractivité et au rayonnement du territoire.
« Il faut avoir une idée large de ce que sont les retombées économiques pour notre ville d’un tel événement », s’enthousiasme ainsi Marc Hervé, élu en charge du carré rennais commerce à cette annonce. « Ce sont des dizaines de millions d’euros attendus… » Attendu, tout comme le bilan financier de la 1ère édition…
Mais à Rennes, comme partout ailleurs, les petites structures locales doivent constamment jongler pour garder leur équilibre financier ; un casse-tête rendu encore plus difficile avec la réduction drastique des contrats aidés. Voir des dépenses aussi mirobolantes accaparées par un seul projet « hors-sol » et « élaboré dans les bureaux parisiens de la société commerciale Pinault Collection », comme le dénonce Matthieu Theurier (EELV, ndlr), a de quoi faire réfléchir. Impossible alors de ne pas évoquer ce gros coup de gueule de la scène locale contre la fermeture des petits lieux culturels.
Toujours selon l’élu rennais, cet argent devrait d’abord profiter à l’ « écosystème culturel rennais » d’autant plus que « la répétition deux ans après du même projet d’exposition ne représente pas une proposition artistique à la hauteur de la créativité et de la diversité de la vie artistique qui fait l’identité de notre Ville. » (dépenses adoptées à l’unanimité moins 14 abstentions – Mme Sohier, Groupes Ecologiste et Parti de Gauche, ndlr)
Et puisqu’il faut mettre les petits plats dans les grands, la société publique locale Destination Rennes (l’officine du tourisme de Rennes Métropole, ndlr) a décidé d’intégrer la thématique de la future exposition, celle du noir & blanc, dans son spectacle de vidéo-projection, place du Parlement de Bretagne, l’été prochain.
Non, décidément, rien n’est trop beau pour Pinault !
(1) Propos tenus par Ana Sohier (conseillère municipale UDB) lors du conseil municipal du 14/10/2019 ;
François Pinault (et Le Point), rendez l’argent !
Bjr, 1 millions d’€ pour ce genre d’expo usant du terme contemporain alors que ce n’est autre qu’un bafouilli propre aux années 2000/20 qui est bien mauvais ! On a quitté depuis longtemps les sphères de l’art éveillant les discussions. On subit et on positive … 1 millions de plus pour F.Pinault, c’est détestable … Il adorerait apercevoir ou croiser un tableaux ou une expo d’un de ces types planqué comme à la grande époque. Ça lui fait beaucoup d’argent pour rien, pauvre homme.