Pour ce qui est de l’action collective, Camille Landais, Thomas Piketty et Emmanuel Saez défendent rien de moins qu’une révolution fiscale. Leurs propositions sont à la fois énormes et assez limitées. Enormes parce qu’ils défendent l’idée d’une suppression de l’impôt sur le revenu, tel qu’il existe. Limitées parce qu’il s’agit en fait de fondre celui-ci dans la CSG.
Pourquoi ? Le souci des 3 économistes est de simplifier notre fiscalité. La simplifier pour la rendre plus claire pour tous, la rendre plus juste.
Qui paie quoi ? Comment ? Bien malin qui peut le dire aujourd’hui.
Les avantages de la CSG, inventée sous Rocard, tiennent dans son prélèvement à la source (il faut regarder sa fiche de paye pour savoir ce qu’on débourse) et son assiette. Rien à voir avec la cuisine : l’assiette désigne les types de revenus qui sont concernés.
Tout le monde ne gagne pas son pognon qu’à la sueur de son front. Y en a qui ont des plans épargnes, d’autres des stock-options, ou des appartements à louer etc …
Limitée, l’ambition des trois messieurs l’est dans ses propositions : pas de protectionnisme à l’horizon, pas de fiscalité écologique etc … Et pourtant, le peu qui est mis là sur la table suffit déjà pour se coltiner de longs débats. La suppression des foyers fiscaux au profit d’une individualisation des impôts, la refonte des prestations type allocations familiales, un revenu d’autonomie pour les 18-25 ans …les échanges sur ces sujets pourraient avoir une certaine place d’ici au printemps 2012.
Ça tombe bien, c’est ce que cherchent les auteurs. Pour ce faire ils ont mis en place un site : www.revolution-fiscale.fr . Tout un chacun pourra y faire ses simulations ou apporter ses données contradictoires.
Avec leur réforme, Piketty and co disent n’apporter aucune recette supplémentaire. L’objectif est de retrouver de la progressivité dans nos impôts.
Rien à voir avec le rock des années 70. Depuis un peu plus de 200 ans, en principe tout le monde paye dans notre pays. Et pas au forfait (genre 500 € chacun), ni proportionnellement : 12 % de ses revenus du haut en bas de l’échelle, ce n’est pas la justice. Notre système se veut redistributif. On prend plus à ceux qui ont plus, on reverse à ceux qui ont moins. Sauf que ça ne marche plus comme ça, l’IRPP (impôt sur le revenu) est en rade. Il rapporte moins que la CSG.
Il faut lire ce petit bouquin. Même pour s’énerver quand on trouve des désaccords, même pour ramer un poil parce qu’on n’a pas tous fait des études d’économie. Il a le mérite de poser les choses, notamment dans sa première partie qui donne un état des lieux de la répartition des richesses en France.

Camille Landais, Thomas Piketty, Emmanuel Saez
Pour une révolution fiscale
La République des idées, Le Seuil
134p, 12,50 €

No Impact Man vient de sortir en poche. Ce n’est pas un héros DC ou Marvel. Sa véritable identité est Colin Beavan, écrivain-journaliste-blogger qui vit dans la même ville que Peter Parker et Matt Murdock. Sur la couverture du bouquin, avec sa femme, sa fille, le dessin des buildings derrière et des arbres sur les côté, il a l’air sympa, un peu marrant. Son dessein ne l’est pas du tout. Son expérience pourrait bien servir de déclencheur pour un paquet de gens habituellement peu touchés par ce genre de préoccupations.
Celles de Colin concernent l’état de notre environnement, de nous donc, de ce que nous sommes, de ce que nous faisons. Réalisant qu’il n’est finalement pas très actif pour un mec qui se veut très critique envers la société dans laquelle il vit, il décide de réduire quasiment à zéro son impact sur l’environnement, pendant une année.
Il commence par les déchets, du jour au lendemain. Le premier jour, il a besoin de se moucher, il n’a que des mouchoirs en papier. Dès le début sont posés plusieurs des éléments qui rendent cette lecture passionnante et perturbante : la naïveté et la ténacité du bonhomme.
Naïf le gars qui découvre des choses aquises pour un certain nombre d’entre nous, il est New-Yorkais et le reste. Pas d’ascenceurs, donc les marches des escaliers de son immeuble, de celui de son boulot, etc …
Tenace et finalement très bien accompagné de sa femme, gosse de riche qui parfois freine et va souvent plus loin que lui sur certains points. C’est l’histoire d’une famille de trois qui change radicalement sa manière de vivre et de ce que ça donne pour leur entourage, leurs relations avec leurs familles. Beavan n’a pas mis dans son récit la psychologie de côté. C’est que le changement n’est pas seulement matériel, il est surtout intérieur. Cesser de faire certaines des choses qui occupent nos journées, c’est s’interroger sur le sens de ces choses.
Parfait pour les débutants en écologie, No Impact Man l’est aussi parce que le monsieur a pour métier l’argumentation, et qu’à chaque chapitre nous sont expliquées les conséquences de nos modes de vie, les raisons d’en changer.
On pourra en fin de compte comparer les possibilités qui sont celles de cette famille américaine avec les nôtres, petits Bretons, seul ou en couple, en famille, en ville ou dans ce qui est encore un peu la campagne. Nous pouvons énormément.

No Impact Man
Colin Beavan
10/18
302 p, 8,20 €