Le 20 octobre dernier, une délibération se tenait au Conseil de Rennes Métropole(↨) mettant au vote la gestion du futur centre des congrès de Rennes par la Société Publique Locale « Destination Rennes ». Rien d’extraordinaire à cela, Rennes Métropole est coutumière du fait : SPL Eau du bassin rennais(↨), nouvelle SPL Citédia Métropole(↨), SPL d’aménagement(↨). Ce qui l’est moins est à venir…
Un déficit de fonctionnement financé sur fonds publics
Une annexe à cet examen permettait aux différents élu-e-s de découvrir une simulation de l’excédent brut d’exploitation du centre des congrès de 2017 à 2025 (date de fin de la délégation de service public). Et quelle ne fut pas notre surprise ! Pas une seule année n’est excédentaire ni en équilibre. Avec un trou de 2,6 millions d’euros dès la première année, le déficit cumulé s’élève à plus de 6,7 millions d’euros ! Une somme qui s’ajoute à une facture des travaux déjà bien alourdie. Pour rappel, estimé entre 40 et 50 millions d’euros(↨) en 2005, puis à 65 millions en 2008(↨), le chantier atteindrait aujourd’hui plus de 106 millions d’euros(↨) réglés à hauteur de 75% par Rennes Métropole(↨). L’attractivité et le rayonnement n’ont, semble-t-il, pas de prix…
Cela confirme, malheureusement, ce que nous écrivions déjà en 2014 (à lire ici) : 90% des centres de congrès sont déficitaires(↨) en France et perçoivent une subvention de la commune ou de la collectivité. Comparaison n’est pas raison mais la perte de la seule année 2018 correspond à la somme misérablement allouée sur trois ans pour réhabiliter la Cité(↨), laissée à l’abandon depuis bien trop longtemps. Et comme l’a justement remarqué Yannick Le Gargasson (Parti de Gauche) en séance : « Qu’un service public soit déficitaire ne poserait pas problème s’il était d’intérêt général […] Mais là ce n’est même pas le cas […] Seules les grosses structures, les grandes entreprises pourront se payer le luxe du Centre des congrès ».…
En effet, avec un tarif de location de 3800 euros pour la salle de 500 places, 3000 euros pour l’auditorium de 300 places ou 700 euros pour une simple salle de réunion de 100 places, quelle association locale possède une trésorerie suffisante lui permettant d’investir les lieux ? Pire, selon les élu-e-s EELV(↨) « même l’Orchestre Symphonique de Bretagne qui espérait beaucoup du futur auditorium dont l’acoustique avait été conçue pour lui […] semble bien incapable de régler une facture s’élevant à 8000 euros par concert ». On ne s’étonnera donc même pas que le premier gros client du centre des congrès soit une délégation de congressistes de la C.F.D.T (↨). Peut-être y parlera-t-on de la loi travail ?
A chacun ses priorités !
Bref, sous couvent couvert de vouloir capter un hypothétique « tourisme d’affaire », Rennes Métropole sait se montrer généreuse et mettre la main au portefeuille. Et tant pis si dans le même temps, le montant des subventions aux associations aura diminué de 2% entre 2015 et 2016 dans le dernier budget Métropolitain adopté le 25 février(↨) .
Merci au talentueux Cyb pour son illustration
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