Vendredi 12 juin, 14h00.
C’est sous un soleil de plomb qu’une petite vingtaine de personnes se retrouve devant l’un des bâtiments les plus photographiés de Rennes, le Mabilay. En attendant les retardataires, on s’active déjà à installer des banderoles sur les marches qui mènent à l’entrée principale et sur la pelouse qui la juxtapose. On peut y lire « Non aux expulsions » ou « Sauvons le droit d’asile » ou encore « Oui à l’accueil de tous les migrant·es ». Le ton est donné ! En face, un fourgon de police vient de se garer, chevauchant le trottoir et débordant goulûment sur la piste cyclable.
L’action qui se prépare est à l’initiative du Collectif de Soutien aux Personnes Sans-Papiers (CSPSP35). Elle a pour but remettre à Florian Bachelier, sa « carte de gros membre honoraire du rassemblement national ». En effet, ses récentes sorties médiatiques avec comme point d’orgue une tribune sur l’immigration publiée dans le JDD source semblent montrer que le député de la 8e circonscription de Rennes reprend de plus en plus à son compte certaines idées et rhétoriques de l’extrême droite. Aujourd’hui, il est temps d’en finir avec cette mascarade et de faire tomber les masques (sauf ceux qui protègent du COVID, hein… ). Cette démarche symbolique et ludique est donc là pour achever « la mue du parlementaire vers cette extrême droite à laquelle il s’ouvre depuis plusieurs années. »
Après s’être présenté à l’accueil, le groupe avec ses deux immenses cartons de « membre honoraire du RN » traverse en ordre dispersé les couloirs de la French-Tech. Les rares jeunes dynamiques de la Startup-Nation croisé·es sur le chemin ne prêtent guère attention à ce qu’il se trame. Le collectif arrive enfin devant la permanence de l’élu de la république. Malheureusement, ce dernier est absent et les portes restent désespérément fermées. Pourtant, ce rendez-vous était annoncé dans la presse et lui-même semblait accepter l’idée d’une rencontre. Dommage : acte manqué ?
Après quelques mises en scène pour les photographes, une prise de parole à l’extérieur explique de nouveau cet happening. Reprenant une à une les dernières annonces faîtes par le député, le collectif précise que si elles devaient être mises en œuvre, elles laissent « présager la suppression de l’aide médicale d’État », elles risquent d’exclure du droit d’asile politique « les personnes seulement menacées de privation de liberté ou de violences physiques non mortelles de la part de leur État d’origine, comme les femmes menacées d’excision ou des personnes traquées pour délits d’opinion… », elles accentueront « le recours raciste à la médecine légale (comprendre les tests osseux, NDLR) à des fins anti-migratoires », elles condamneront « des personnes ayant obtenu l’asile politique à des formes d’assignations à résidence déguisées. » (Lire le communiqué pour plus d’infos, NDLR).
En 2011, Robert Badinter, ancien garde des Sceaux, déclarait que la « lepénisation des esprits source était toujours d’actualité ». Dix ans plus tard, rien n’a changé… quoique non, les choses empirent. On se souvient de cette sortie lunaire du ministre de l’intérieur accusant Marine Le Pen de « mollesse » et de ne pas être « assez dure source ». Le sociologue Ugo Palhea explique dans un entretien publié dans l’excellent mensuel CQFD de ce mois-ci « qu’il ne pouvait en être autrement étant donné le projet néolibéral qu’incarne et que porte Macron : une refonte de l’ensemble des rapports sociaux et même des subjectivités dans le but d’accroitre les profits par une intensification de l’exploitation. » C’est sur ce constat doux-amer que le collectif s’en est allé tout en promettant de revenir prochainement.
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[PARTIE 1] – Aux origines du collectif de soutien aux personnes sans-papiers
J’aimerais vraiment savoir qui vous êtes vraiment, où vous habitez, de quoi vous vivez, pour mieux comprendre d’où vient la frustration qui dégouline de bon nombre de vos articles, toujours très orientés.
C’est si facile de se cacher derrière un pseudonyme.