Hier matin, malgré le temps maussade et la grisaille, entre 150 et 200 personnes se sont retrouvées près de l’arrêt de bus Abbé Grimault, à Saint-Jacques de la Lande. A l’appel du collectif de soutien aux personnes sans-papiers de Rennes (CSPSP), toutes sont venues dénoncer l’existence des centres de rétention, dont les conditions semblent se détériorer de plus en plus en France, et exiger leur fermeture immédiate.
Lors d’une prise de parole, X., toujours aussi incisif, ne mâche pas ses mots : « ici se cache la face la plus honteuse de la politique migratoire, celle qui fait enfermer des personnes avec pour seul objectif, celui de les expulser hors du territoire. Nous sommes là pour exiger la suppression des centres de rétention et non pas simplement pour demander l’amélioration des conditions de rétentions ! » Applaudissements dans la foule.
Après avoir rappelé l’origine des CRA (légalisés en 1981 sous la gôche, NDLR), l’absurdité des mesures d’enfermement (au CRA de Rennes, 72 % des personnes retenues sont enfermées pour rien puisque elles finissent par être relâchées, NDLR1) et dénoncé les violences policières qui accompagnent chaque expulsion forcée, deux larges banderoles « Ici, sans-papiers retenus = suicide » et « Expulsions, charters : Non ! » ont été déployées le long des rambardes du pont qui enjambe la voie express de Rennes à Redon.
« Les sans-papiers résistent par leurs actes. Les seuls qu’ils peuvent utiliser pour résister sont effectivement l’automutilation, les tentatives de suicide ou les suicides. Un retenu, et c’est ce qui a déclenché cette manifestation, s’est suicidé par pendaison le soir même de son enfermement le 18 décembre dernier. Depuis le 1er janvier, il y a eu 13 TS ou automutilations. L’enfermement tue ! Cette politique migratoire tue ! », conclue X.
La situation locale semble d’autant plus explosive qu’un policier s’est également donné la mort avec son arme de service sur son lieu de travail, à l’intérieur du CRA.
Aux rythmes de percussions, de slogans chantés bien choisis et d’un tractage auprès des personnes rencontrées, le cortège s’est ensuite dirigé vers le lieu d’enfermement pour organiser un parloir sauvage. Cette fois-ci, pas de survol de drone et c’est tant mieux. A l’aide d’escabeaux pour s’élever au-dessus des bâches usées, quelques échanges avec des personnes emprisonnées ont ainsi pu avoir lieu. Une corde symbolisant les actes de résistance des retenu·e·s a été posée.
Face à cette situation, le gouvernement n’a pour l’instant qu’une seule réponse, la construction de 3 nouveaux CRA. Le marché de la privation de liberté a le vent en poupe dans l’hexagone…
1 selon les chiffres de la CIMADE
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[PARTIE 1] – Aux origines du collectif de soutien aux personnes sans-papiers
[PARTIE 2] – Luttes et évolution du collectif de soutien aux personnes sans-papiers
Admirative de ton travail de journaliste .Un vrai regard.