Cantonales : Gauche radicale contre gauche molle ?

NPA - Breizhistance logosLe ticket Breizhistance Indépendance et Socialisme/Nouveau Parti Anticapitalisme se présente comme une rupture pleine et entière avec la politique du Parti Socialiste aux commandes du département depuis 2004. Les 20 et 27 mars prochains, dix candidats se présenteront aux cantonales. Dix candidats qui porteront les idées d’une gauche qui se définit avant tout comme radicale.

Constitué après la dissolution de Emgann, l’ancien parti indépendantiste de gauche, Breizhistance a déjà fait route avec le NPA, à Rennes, lors des municipales de 2008 : « Il y avait eu des cantonales et on avait présenté des candidats communs à Fougères et à Antrain, se souvient Valérie Faucheux, ex-candidate à la mairie de Rennes, membre du NPA et candidate dans le canton Rennes-Nord. Et puis, lors des procès de Gaël Roblin en 2000, Alain Krivine est allé le voir en prison, la LCR l’a toujours soutenu. » Au-delà des affinités individuelles, c’est aussi un programme ancré très à gauche, à gauche de la gauche, que partagent Breizhistance et le NPA : « Nos candidatures sont des candidatures de lutte et de résistance à la politique antisociale du gouvernement central de l’UMP, explique Pierre Chapa, candidat NPA à Hédé. Nous voulons affirmer une vraie gauche alternative. » Breizhistance et le NPA envisagent les cantonales comme  une continuité du mouvement social qui s’était opposé à la réforme des retraites à l’automne 2010. « Ce n’est pas un accord qui tombe du ciel, précise Gaël Roblin, l’emblématique porte-parole de Breizhistance, candidat dans le Canton de Rennes-Sud-Est. Pour les cantonales, nous proposons un autre modèle de société à près de 150 000 électeurs ! »

Dernière cantonales avant la réforme de 2014

Le programme se veut en effet radical. Des mesures qui ne rentrent pas dans les attributions du Conseil général (interdiction des licenciements, lutte contre la précarité en faisant du CDI la norme, Smic à 1500 euros net, défense et développement des services publics) servent de socle à des propositions plus spécifiques au département (fin des subventions publiques aux collèges privés confessionnels, cessation des subventions aux entreprises, gratuité de la cantine des collèges, fin du RMA et RSA, politique cohérente prenant en compte la diversité linguistique, gratuité des transports dépendant du Conseil Général).

Les élections cantonales de mars prochain seront les dernières avant l’élection des conseillers territoriaux en 2014. Briezhistance et le NPA sont vent-debout contre cette réforme : « Nous ne sommes absolument pas contre une modification du statut des élus départementaux, souligne Gaël Roblin. Mais cette réforme réalisée par l’UMP et acceptée par le PS va encore aggraver les disparités entre les grandes villes et les campagnes. » Les candidats affirment ainsi vouloir se démarquer de la « gauche molle » – comprendre par là le Parti Socialiste, mais aussi les micro-partis qui n’existent au niveau de Rennes et parfois du département que parce que les socialistes le veulent bien : Union Démocratique Bretonne, Rennes Métropole Ecologie et d’une certaine façon le Parti Communiste.

A la gauche de la gauche ok(2)Division à la gauche de la gauche

Concernant l’autre gauche de la gauche, constituée par les Verts-Europe écologie et le Front de Gauche (Parti de Gauche et Parti Communiste), c’est leur allégeance, ou possible allégeance au PS qui pose problème au NPA et son allié. Pour les cantonales, les Verts sont alliés avec l’UDB qui fait partie de la majorité municipale à Rennes, « forcément, au second tour, ils se coucheront devant le PS », déclare Pierre Chapa. Les trois demandes envoyées aux écologistes pour réfléchir ensemble à une possible alliance sont restées lettre-morte, indique-t-on du côté de Breizhistance. Chez les Verts, la position est claire : on trouve que Breizhistance et le NPA « font le jeu du PS en fragilisant et en émiettant les voix de l’opposition de gauche rennaise. »

Quant au Front de Gauche, Breizhistance s’oppose totalement à sa vision républicaine et centralisée. Et puis, les communistes qui font partie du Front, « eux aussi sont complètement vendus au PS », surenchérit Gaël Roblin. Mais si l’indépendance par rapport au PS reste une condition sine qua non pour participer au rassemblement Breizhistance-NPA, « l’accord est bien évidemment ouvert aux organisations et aux citoyens qui partagent cette base politique », conclu Yves Juin, militant historique du NPA (et auparavant de la LCR), candidat à Rennes Le Blosne.

Avec quelques très jeunes candidats, Breizhistance et le NPA espèrent donc rencontrer un électorat déçu par le gouvernement au niveau national et par le Parti Socialiste au niveau local. Sociologiquement, Rennes n’est cependant pas la plus à gauche des villes de gauche. Le phénomène de « gentrification » qui accompagne son urbanisation et la composition socioprofessionnelle de sa population ne la portent guère vers un vote radical. Quant aux territoires plus ruraux du département, le vote y est encore très conservateur. On verra donc au soir du 20 mars, si la radicalité paye.

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