Le « dialogue social » à Rennes ? Disparu. Le « vivre en intelligence » ? Pareil, aux oubliettes. Et puisque Rennes (ville, métropole et CCAS) va prochainement changer de logo et d’identité visuelle, autant en profiter pour gommer ces punchlines devenues vides de sens.  

Cela fait donc maintenant plus de dix mois que les agent·e·s des bibliothèques de Rennes sont en grève afin de préserver leur maigre acquis. Jusqu’à présent, ces dernier·e·s avaient le choix entre une compensation financière ou la prise de repos compensateur pour les heures travaillées le week-end. Sauf que… Sauf que la collectivité profite, avec la complicité d’une majorité socialo-communo-écolo bien silencieuse sur le sujet, du passage obligatoire aux 1.607 heures pour tout chambouler et revoir les règles de ce jeu de dupes.

Concrètement, la collectivité va encore plus loin que la seule obligation légale, et décide de supprimer purement et simplement les repos compensateurs. Calcul d’apothicaire pour des économies de bouts de chandelle, désormais, ces heures seront uniquement payées. Un point c’est tout ! « aujourd’hui, on nous propose uniquement une compensation à hauteur de 15 € pour le travail effectué le samedi et 100 € le dimanche », précise Éric, délégué syndical CGT.  Pour les agent·e·s des Champs Libres, les conséquences sont dures à avaler. « On va perdre 10 jours de congé par an », témoigne cette femme portant une pancarte « Non au nivellement par le bas ». « 86% des agents choisissent le repos compensateur, même les agents à très bas salaire. Ils ont besoin d’argent, mais ils ont aussi besoin de repos, de temps pour eux. Ce projet va générer énormément d’usure au travail » explique pourtant le secrétaire syndical F.O. Jérôme Jourdan.

Aujourd’hui, alors que Rennes soigne sa communication autour de l’évènement Nos futurs ! créée en lien avec les Champs-Libres et le journal Le Monde, une trentaine d’agent·e·s ont bravé la lassitude, la fatigue, l’inconfort de la situation et sans doute certaines pressions pour tenir – une nouvelle fois – un rassemblement devant l’entrée principale de l’équipement culturel. Car oui, même si la collectivité ne souhaite pas en entendre parler et tente de l’invisibiliser, la lutte continue ! Au programme du jour : distribution de tracts, chants, et bien sûr, discussions et explications avec les usagères et usagers de la bibliothèque.

Chose originale mais qui dénote une certaine crispation, la bibliothèque est restée ouverte malgré le mouvement. Habituellement, on trouvait porte close, cependant on a ri jaune comme un briseur-de-grève en lisant le mot à l’entrée : « l’accueil n’est pas assuré ». La bibliothèque était donc accessible, mais sans personnel. Impossible de ne pas faire un rapprochement avec le fumeux concept de Jean-Mi’biza-Blanquer de « l’école ouverte ». Entre socialistes et macronistes, on doit sans doute se refiler des conseils de gestion de crise.

(P.-S.1) : Ah oui, apparemment Le Monde n’aura aucun mot dans leur prochaine édition de cette action.

(P.-S.2) : Le soir même, un débat autour de la question du travail était organisé dans l’auditorium des Champs-Libres : « Faut-il travailler pour vivre ou vivre pour travailler ? ». Plutôt cocasse, non ?

Force à celles et ceux qui luttent !

 

Bibliothécaires en grève à Rennes : « le mépris, ça suffit ! »

Des jours de repos compensateur qu’on pense à supprimer