Dimanche 9 février, les complices récidivistes de l’Alambik et de Carnival of Sound investissent la Chapelle du Conservatoire pour nous offrir une soirée qui s’annonce tout particulièrement prometteuse pour les amateurs de musique libre et de paroles indociles. L’atmosphère feutrée et l’ampleur sonore du lieu devrait être l’écrin parfait pour profiter de la dinguerie pétillante de Bert Begar (projet des joyeux dynamiteurs de sens commun : Albert Marcœur et Eric Thomas), la noirceur vertigineuse de Bruit Noir mais aussi pour découvrir le duo rennais L’amoureuse.
Les frondeuses assos rennaises Carnival Of Sound et l’Alambik délaissent, une fois n’est pas coutume, les scènes intimes des bars rennais pour nous offrir dimanche 9 février une très belle occasion de retourner dans la chapelle du Conservatoire local. Lieu inhabituel certes, mais parfaitement approprié à une occasion spéciale, celle de la venue dans notre bonne ville d’une légende discrète des musiques de traverse et de la chanson dada : Albert Marcœur.
Avec une opiniâtreté qui force le respect, Albert Marcœur s’ingénie depuis maintenant cinq décennies à passer sous les radars des médias musicaux français. Depuis ses études initiales de clarinettiste au Conservatoire de Dijon, il a pourtant parcouru avec talent moult chemins de traverse. Au fil d’un nombre vertigineux de projets et collaborations et d’une dizaine d’albums produits sans hâte mais avec régularité, il a exploré les styles et poussé une multitude d’instruments (dont la table !) dans leurs retranchements. Il a surtout cultivé son amour démesuré pour les mots qui jouent, qui se culbutent, qui déraisonnent en brodant des textes à la malice mélancolique injectant une dose réjouissante de poésie et de folie dans les préoccupations les plus quotidiennes. Son goût et son inspiration fertile pour les (dé)constructions dadas et les mélodies délicatement de travers lui ont valu le surnom de « Zappa français ».
Pour ce concert, il jouera en formule duo en compagnie du guitariste Eric Thomas sous le nom de Bert Begar. On retrouvera ses percussions frondeuses et mobilières, son verbe méthodiquement délirant et sa voix inimitable accompagnés par le jeu virevoltant et bruitiste du guitariste. L’association de ces deux superbes zigotos devrait donc nous offrir un intense et immanquable moment de déraison musicale.
Seconde excellente raison de vous déplacer ce soir là, vous aurez de plus l’occasion de vous prendre en pleine face et en live le choc Bruit Noir. Ce duo formé par Pascal Bouaziz (textes, voix) et Jean-Michel Pirès (musiques, sons) qu’on avait d’abord connu dans le déjà bien magnifiquement ombrageux Mendelson, a sorti un premier album I / III en 2015 chez Ici d’ailleurs qui nous avait bien foutu sur le cul. Textes crus dans lesquels Bouaziz déverse toute sa bile avec une férocité irrésistible, percussions à bout de souffle entre dissonance et déflagration sonore se foutant bien des normes de sécurité, l’album déployait une atmosphère si sombre et étouffante qu’elle en devenait jouissive. L’assemblage d’un phrasé acide et savamment nonchalant et d’ambiances sonores de rouille et de débris bâtissaient un univers de lente fin de monde et de désarroi individuel qui nous achevait en beauté par son humour impitoyable.
Et puis en 2019, les deux bonhommes ont réussi l’exploit de pousser le bouchon encore plus loin. Le disque s’appelle logiquement II / III. Les huit nouveaux titres toujours aussi peu aguicheurs et rassurants sont entrecoupés de sons des lignes du métro parisien, comme une grande boucle souterraine dont on n’arrivera à sortir que les pieds devant. Bouaziz y crame son insuccès chronique au lance-flamme, y clame son amour de Romy Schneider, y joue les nostalgiques pour de rire jaune, y flingue à bout portant l’Europe et Daniel Darc… Ce grand disque sévère et injuste vous fera sûrement autant rire qu’il vous foutra en rogne et souvent les deux en même temps.
Sur scène, Bruit Noir s’annonce tout aussi méchamment bipolaire et nous promet un concert qui devrait bien nous vriller la tête en nous faisant osciller dangereusement entre hilarité et malaise.
La soirée sera complétée par le duo rennais L’Amoureuse. Nous avouons ne rien avoir entendu de la musique du combo formé début 2019 par Gabriel Bourcet aux claviers et Marie Brosse au chant et au violon. On nous annonce des compos variés oscillant entre pop anglaise et rap français, aux textes dans ces deux langues, poétiques et sincères. On a de toutes façons pleinement confiance en les organisateurs pour nous avoir dégotter une nouvelle petite perle locale et l’on hâte donc de les découvrir.
Dimanche 9 février 2020 – Chapelle du Conservatoire, 26 rue Hoche, Rennes – 20h à 23h – 10€50
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