Photos : Solène et Yann
Vendredi soir dans le cadre du festival Bars en Trans, les voix de Julie Seiller et Arch Woodmann ont résonné à la Trinquette. Deux styles musicaux différents mais un même bonheur, partagé par un public venu en nombre. Après la monumentale dérouillée reçu la veille au Mondo Bizarro, on prend l’option La Trinquette pour deux soirées : centre-ville oblige, la foule est nettement plus dense et il nous faut un bon moment avant d’atteindre le devant de la petite scène de ce chaleureux troquet.
On est venu apprécier les nouveaux titres d’Arch Woodmann, certes, mais on était curieux de découvrir le nouveau projet de Julie Seiller : les quelques titres écoutés sur le site de la Station Service avaient titillé notre curiosité. Il faut dire que Julie (guitare, chant) sait s’entourer : à l’instar du disque, elle s’entoure sur scène de deux musiciens, et non des moindres. A sa gauche, Gaël Desbois à la batterie (Del Cielo, Mobiil…), et à sa droite Patrick Sourimant à la basse (Bikini Machine). Et quand on sait que la chanteuse est aussi comédienne (Cie Théâtre à l’envers), on n’a pas trop d’inquiétudes sur la prestation live de ce trio expérimenté.
Le groupe débute avec Little Bird et l’on se dit qu’on va avoir du mal à rentrer dans le concert, tant il est difficile de prêter une oreille dans le brouhaha ambiant : bar blindé et écoute attentive ne font pas forcément bon ménage. Mais Julie Seiller nous choppe dès le deuxième titre pour ne plus nous lâcher : il faut dire que la petite ritournelle pop Babylone a un pouvoir tubesque évident. Les titres s’enchainent avec délice, marqués par le joli timbre de voix grave de la chanteuse. Elle joue sur une mini-guitare : c’est sobre, efficace et souvent inventif (la corde de basse grattée de bas en haut).
Un guitare-voix judicieusement raccord avec un duo basse-batterie qui marque le tempo plus ou moins enlevé selon les titres. Gaël alterne pour cela balais, mailloches et baguettes, avec la subtilité de jeu qu’on lui connait déjà. A la basse, Patrick donne aux titres une couleur différente, parfois rythmée, ou au contraire beaucoup plus lente et sombre : c’est marquant sur Land et Black Warden aux accents délicieusement trip-hop. Pour finir, le bluesy Immensity clôt un set réussi et particulièrement prometteur.
La nécessité de prendre l’air dans cette ambiance surchaufée n’est pas sans risque : il nous faut de longues minutes avant de rejoindre le devant de la petite scène, au moment même où s’installe Arch Woodmann. On avait eu la chance de les voir en mai dernier au Sambre et on s’était pris une petite claque. Le groupe s’appuyait sur l’excellent EP Life Forms Found on a Life Boat, une petite merveille naviguant entre pop et folk, avec quelques incursions post-rock : un véritable concentré de mélodies accrocheuses.
Première constatation : petit changement de line-up avec un nouveau bassiste et l’absence de Mathieu Hauquier à la trompette. Autre changement, le set est beaucoup plus rentre dedans. Pas de petit intermède folk solo d’Antoine à la guitare : un concert plus pop-rock que folk mais qui ne laisse pas non plus de côté ce qui fait le charme de ce groupe. Il y a toujours ce magnifique duo de voix formé par Antoine Pasqualini (batterie, guitare) et Lucie Marsaud (clavier, guitare), avec, petite nouveauté, le chant lead de Lucie sur un titre.
Antoine, positionné au centre du quartet, debout face à sa batterie minimaliste, est toujours aussi charismatique et énergique. Et les petits riffs de guitare de Benoît Guivarch donnent un visage encore plus dansant à ce nouveau set. Et puis les mélodies font mouche à nouveau : de la chevauchée folk-rock endiablée What Did You See au formidable morceau post-rock Speed & Metal (il nous manque quand même la petite ligne de trompette), le groupe navigue parmi les genres musicaux avec une aisance jouissive. Et les nouveaux titres découverts nous font déjà saliver (nouvel album prévu début 2013). A suivre de très très près…
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