Marre des attestations de sortie ? Marre du masque ? Marre du gel hydro-pas-alcoolique ? Marre des injonctions contradictoires ? Marre des jauges à tout-va ? Marre des chiffres balancés sans vergogne et sans filets et qui conditionnent nos vies ? C’est reparti pour une nouvelle année d’une sélection bigarrée de livres en papier en forme de calendrier de l’avent bibliophile. Deux polars pour cette proposition qui traitent du diable et de ses consorts, pour le meilleur et pour le pire.
Un premier diable entre crotales et gourou
Fans de douceur et de bienveillance, fuyez ! Satan dans le désert est un terrible roman et Boston Teran, son auteur, vous entraînera dans de biens sombres méandres…
Gallmeister signe là le récit d’une des faces sombres de l’Amérique, entre junkies et satanistes. Une plongée violente dans le désert de Mojave, où règnent les crotales de toutes espèces. D’un côté, Bob Hightower, flic planqué grâce aux petits soins de beau-papa le shérif ; de l’autre, un psychopathe ultra violent, grand gourou d’une secte sataniste façon Charles Manson. Entre les deux, Case Hardin, ex-junkie échappée de la secte et qui a un sérieux problème de revanche sur la vie.
Un road-trip sanglant où le Bien et le Mal se font face et s’entremêlent rapidement sans que l’on ne sache plus bien faire la différence. Vie et mort s’affrontent allègrement et violence, massacres et chaos se partagent les chapitres : « C’est pas à l’Amérique propre et puritaine que vous avez affaire, sur ce coup-là. Cette merde, c’est l’enfer. Une histoire de drogue, de sang et de foutre, déjantée à un point que vous n’avez pas idée. »
Seule lueur (mais affaiblie) : Gabi, la fille de Bob, enlevée par le sataniste. Parviendra-t-elle à être sauvée ? Qui obtiendra vengeance et / ou rédemption ? Le diable n’est pas forcément là où on l’attendrait finalement…
Un roman très très noir, à lire toutes guirlandes allumées, en serrant les dents. Une certaine vision de l’enfer, assurément. Idéal pour conjurer l’esprit de Noël si vous êtes allergiques à ce dernier.
Résumé sur le site de l’éditeur :
1995. Aux confins du désert californien, Gabi, quatorze ans, est kidnappée par un psychopathe ultra-violent et sa secte satanique. L’insondable scène de carnage laissée par les ravisseurs ne livre aucun indice, la police patine, le sort de la jeune fille semble scellé. Fou de désespoir, son père, Bob Hightower, le flic local, se voit obligé de faire confiance à une ancienne adepte du culte : Case Hardin, une ex-junkie avec des comptes à régler. Leur quête commune ne tarde pas à se transformer en une traque sauvage marquée par la drogue et la violence, qui les oblige inexorablement à regarder le diable dans les yeux.
Satan dans le désert / TERAN, Boston
Edition : Gallmeister
Collection: Totem
Traduit de l’anglais par Éric Holweck
ISBN: 978-2-35178-592-8
Parution: mai 2019
448 pages
Prix: 11€
Un deuxième diable entre perversion et corruption
Vengeance et rédemption sont les mots-clés de ce roman de Peter Farris, Le Diable en personne, publié chez Gallmeister (nous n’avons pas d’actions chez cet éditeur, juste un penchant immodéré pour la noirceur des écrits publiés chez lui…).
Il y est question de prostitution, de violences sexuelles, de corruption des dirigeants. Et ça démarre en fanfare par la tentative d’assassinat de Maya dans un marécage de Géorgie. Maya est une victime à plusieurs titres : victime d’un réseau de prostitution ultra violent, victime des perversions sexuelles du Maire de la ville qui s’est épanché un soir et en a trop dit, victime de cette société où les femmes ne sont que des objets. Mais les deux brutes qui doivent l’envoyer ad patres ont fait l’erreur de se trouver sur les terres de Leonard Moye, ancien bootlegger presque repenti, qui vit en solitaire dans sa veille ferme avec pour seuls compagnons un chat facétieux, un mannequin déguisé en femme et une collection d’armes à feux à faire pâlir n’importe quel adhérent de la NRA.
Et Leonard n’aime pas les humains malfaisants. Il prend sous son aile protectrice la jeune Maya et gare à quiconque s’approchera d’elle ! Ce justicier au cœur pur et grand ne s’arrêtera pas là. Non content de trucider les deux brutes qui reviennent finir « leur travail », il se chargera aussi des truands venus en renfort. Morts, flingues et trépas d’un côté ; lueur d’espoir et retour aux petits plaisirs simples de la vie sans violence pour Maya de l’autre. Un polar coincé entre un roman d’apprentissage et un chant funèbre impitoyable.
Une troublante amitié naît entre ces deux écorchés de la vie. Pour le meilleur et pour le pire dirons-nous. Rajoutez au cocktail un shérif bourru et incorruptible et vous aurez la recette d’un page turner fort réussi.
Le Diable en personne est le 2è roman de Peter Farris. Il offre le portrait d’une Amérique où les rapports de force sont violents et sans concession et où la sauvagerie n’a pas son égal. Un roman cru et sombre où les femmes sont l’objet de maltraitances XXL. Mais de temps en temps, l’auteur distille à travers les mots sans filtre de Maya un certain humour noir : « Elle observait la bouche du poisson s’ouvrir et se fermer, avec son air éteint qui lui rappelait un client de l’assemblée d’Etat qui avait débandé après son orgasme. L’espace d’un instant, elle se vit dans ce panier, en train de se débattre avec toutes les autres filles tandis qu’une main les présentait à la foule lors d’une vente aux enchères. Elle frissonna. »
Un roman qui hume bon l’air vicié qui peut régner dans le sud des Etats-Unis, où la prohibition a laissé des stigmates, où la corruption produit ce qu’il y a de pire chez l’être humain. La vision d’un Deep South assez proche de l’Apocalypse en quelque sorte.
Résumé sur le site de l’éditeur :
En pleine forêt de Géorgie du Sud, au milieu de nulle part, Maya échappe in extremis à une sauvage tentative d’assassinat. Dix-huit ans à peine, victime d’un vaste trafic de prostituées régi par le redoutable Mexico, elle avait eu le malheur de devenir la favorite du maire et de découvrir ainsi les sombres projets des hauts responsables de la ville. Son destin semblait scellé mais c’était sans compter sur Leonard Moye, un type solitaire et quelque peu excentrique, qui ne tolère personne sur ses terres et prend la jeune femme sous sa protection. Une troublante amitié naît alors entre ces deux êtres rongés par la colère.
Le diable en personne / Peter Farris
Traduit de l’anglais par Anatole Pons
Eidtion : Gallmeister
ISBN 978-2-35178-155-5
Parution : août 2017
262 pages
Prix : 20€
Existe aussi dans la collection Totem.