Jean Teulé raconte la Jégado, l’empoisonneuse du bout du monde

tonerreLa cité rennaise a l’honneur d’avoir compté parmi ses illustres habitantes la plus implacable criminelle de tous les temps: Hélène Jégado, guillotinée sur l’actuelle esplanade Charles de Gaulle le 26 février 1852. Elle est soupçonnée d’une trentaine de meurtres, au bas mot. L’écrivain parisien Jean Teulé s’est penché sur son cas, et livre son dernier « Fleur de Tonnerre », à son sujet. L’écrivain est demain mercredi 13 mars à Rennes, pour présenter son livre.

L’auteur, qui a déja commis Les lois de la gravité ou Le magasin des suicides, raconte à nouveau un destin sordide, celui de la criminelle morbihannaise Hélène Jégado, née à Plouhinec en 1803, dont on a du mal à estimer le nombre exact de crimes. Dans le présent récit, elle tue qui elle rencontre. La petite, appelée « fleur de tonnerre » par sa première victime, sa propre mère, s’imagine en ankou, l’ange de la mort de Basse Bretagne, dont le crissement des roues de charrette annonce la mort de qui les entend. Le livre déroule un véritable carnet de voyage macabre qui s’achève à Rennes au milieu du XIXème siècle, à l’auberge bien nommée du Bout du Monde, sur l’actuelle place Saint-Michel. jégado

Tout est justifié dans l’exergue, par la voix du voyageur Jacques Cambry en 1805: Chaque pays a sa folie. La Bretagne les a toutes. Ici, Il est beaucoup question de folie: folie meurtrière, folie des légendes celtiques, folie du paysage et des éléments s’associent pour un récit halluciné qui puise largement dans les lieux communs de l’Histoire et des légendes bretonnes pour raconter l’itinéraire incroyable de l’empoisonneuse condamnée au palais de justice de Rennes. On y croise Anatole Le Braz, Jules Michelet, l’Ankou, les mégalithes, les poulpiquets ou les naufrageurs des côtes de la Manche: aux nombreux récits historiques déja disponibles sur la Jégado, Teulé ajoute une libre interprétation des faits historiques. C’est irrationnel, mais le récit s’appuie sur des faits historiques: à Rennes, l’auberge du bout du monde a bien existé, Jégado y a travaillé et ce sont bien des vraies victimes dont il est question.

Teulé est rentré en contact avec l’empoisonneuse à Saint-Malo, quand un lecteur lui a offert le gateau « garanti sans arsenic » de la Jégado, recette mise en vente par la chocolaterie Durand, sur les quais, à Rennes.

L’autre spécialité d’Hélène, c’est la soupe aux herbes:

« Si votre épouse le permet, puisque je suis cuisinière, je vous préparerai une soupe aux herbes. C’est ma spécialité, mon triomphe. Impossible de trouver un vivant qui en dise du mal. »

Jean Teulé, Fleur de Tonnerre, Julliard éd., 282 pages, 20eur.

Rencontre avec Jean Teulé aux Champs-Libres, mercredi 13 mars, 18h30, Salle de Conférence Hubert Curien.

3 commentaires sur “Jean Teulé raconte la Jégado, l’empoisonneuse du bout du monde

  1. karine

    Jean Teulé est un grand Artiste !!! Après François Villon, Le Montespan, et Charly 9 il démontre encore une fois son art pour faire de l’Histoire, un plaisir à déguster entre 2 nouvelles qui lui son personnelles, mais pas moins haletantes. Je suis fan.

  2. Van beneden

    Je suis aussi une fan et je me fais un plaisir de commencer fleur de tonnerre la semaine prochaine! Tellement fan que j’ai adapté son roman Darling pour la scène et nous serons au Festival d’Avignon cet été à l’Espace Saint Martial. Jean Teulé nous a fait le plaisir de venir à la création et il a aimé!

  3. Gégé

    « Très jolie petite Hélène blonde décoiffée comme un pissenlit.. » En lisant les première pages de Fleur de Tonnerre, qui peut croire que ce petit bout de femme deviendra une empoisonneuse célèbre ! Je me suis délectée une fois de plus en lisant ce nouveau roman de Jean Teulé.

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