L’édition inaugurale du festival Musiq’Alambic avait été un vrai bonheur de musiques aussi aventureuses que généreuses. Pour notre plus grande joie, les organisateurs remettent le couvert en mettant les bouchées doubles, avec deux soirées au Jardin Moderne, vendredi 15 et samedi 16 mars 2013. La programmation étant à nouveau follement riche et hors-norme, nous devrions certainement en voir et en entendre de toutes les couleurs.
La folle soirée du 3 mars 2012 au Jardin Moderne nous a laissé un souvenir plus qu’ému. Expérimental-pop-jazz, rock timbré, électro-pop zébulonesque, prog-jazz ultra puissant, orchestre ethno-punk… nous étions passés avec un bonheur égal par tous les états musicaux.
Nous sommes donc particulièrement heureux de voir que les doctes alchimistes responsables de cette partition magique ont ressorti cornus et distillateurs, pour pousser encore plus loin leurs folles expérimentations.
Première étape du protocole, vendredi 15 mars au Jardin Moderne. Un tour d’échauffement totalement gratuit et pourtant déjà fort alléchant. Vous pourrez d’abord y voir l’épatant documentaire État des lieux de Yann Debailleux. Regroupant les témoignages éloquents de moults groupes de la scène indépendante française, le film témoigne de son esprit farouchement libre et collectif. Que du beau monde à l’écran, puisque s’y succèdent pour exprimer leurs envies ou expliquer leur démarche, aussi bien Marvin, Papier Tigre, Le Singe Blanc, Chevreuil, Binaire, Pneu ou Electric electric… Pas vraiment d’unité musicale entre ces musiciens mais surtout une passion commune et un esprit proche du Do It Yourself (Fais le Toi Même) récemment célébré lors d’un récent et fameux YY fest. Diablement éclairant sur l’émergence d’une nouvelle façon de faire vivre des musiques en dehors des modes habituelles de promotion et de diffusion, de façon plus solidaire et collective. Le tout est en plus ponctué d’excellentes sessions live des différents groupes.
Mais ce ne sera pas tout puisqu’il y aura également deux concerts sur la petite scène faisant face au bar. On pourra ainsi assister à Distillat, la restitution de la résidence de sept musiciens rennais. On retrouvera sur scène : Morgane Houdemont (violon), Erwan Salmon (saxophones), Nico Hild (batterie), Martin Feuvrais (contrebasse), Maël Danion (claviers), Robin Poligné (chant) et Gaël Augustin (trompette).
La dinguerie devrait ensuite monter de plusieurs crans avec les manceaux frappadingues de Sebkha-Chott. Grand orchestre à géométrie variable, cette belle bande de barjots puise sa folie aussi bien du côté des égarements à la Zappa, d’une énergie dévastatrice à la Mike Patton ou dans la grandiloquence bigarrée des Residents. Autant dire que sur scène, ça doit envoyer du bois sévère et que le spectacle doit être bien croquignolesque.
Vendredi 15 mars 2013 – Jardin Moderne, 11, Rue du Manoir de Servigné, 35700 Rennes – 19h30 à 0h – Entrée libre
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Mais tout ça ne sera bien qu’une mise en bouche, car le morceau de bravoure devrait avoir lieu le lendemain. Rendez-vous donc samedi 16 mars, toujours au Jardin Moderne, à partir de 20h30. Il faudra cette fois vous acquitter d’une modeste somme de 11€ (10 si vous réservez à l’avance) mais la somme impressionnante de talents présents sur scène ce soir là, fera surement que vous ne devriez pas en regretter un seul centime. Quatre formations se succéderont, sur la grande scène cette fois-ci.
Parmi elles, les excellents Polymorphie, sextet issu du Grolektif, collectif lyonnais aimant mêler sans vergogne le jazz le plus free, au rock tarabiscoté ou à l’électro ludique viendront présenter sur scène leurs compositions vastes et hallucinées. Sur les compositions envoutantes du multi-saxophoniste Romain Dugelay viennent se poser les déclamations saisissantes de Marine Pellegrini, pour former une musique ample, mais soutenue par une énergie follement communicatrice qui devrait faire merveille en live.
Dans un style radicalement différent, vous retrouverez également le duo franco-israélien Winter Family. Né à Jaffa en 2004, de la rencontre de Ruth Rosenthal et Xavier Klaine, le groupe explore sur disque ou au théâtre (dans leur spectacle Jérusalem Plomb Durci) une musique toute en ambiance et en émotion. Leur post-rock minimaliste possède une puissance émotionnelle rare. Les psalmodies bouleversantes de Ruth planent fantomatiquement sur des bruits captés ou le fragile bourdon de l’harmonium de Xavier. La beauté douloureuse de leur compositions, alliée à l’intensité de leur implication dans leur musique devraient faire de leur concert un moment magique de la soirée. Immanquable tout simplement.
Si vous êtes un habitué de la Blogothèque vous avez peut être déjà frissonné en regardant leur sublime prestation sur un balcon de Jérusalem. Sinon, il n’est jamais trop tard pour être bouleversé.
Le hollandais Jos Kley, alias GW Sok, est surtout connu pour les 29 ans qu’il a passé comme chanteur du mythique groupe post-punk The Ex. Son charisme, ses grands yeux bleus et sa rage timide en ont fasciné plus d’un lors de l’un des milliers de concerts donnés par le groupe. S’il est semble-t-il finalement parti en 2008, pour se consacrer plus longuement à l’écriture et aux arts graphiques, l’appel de la scène n’aura pas tardé à le rattraper. En effet, il accompagnera même ce soir là deux des formations présentes.
Il rejoindra ainsi l’étonnant duo lyonnais L’étrangleuse, composé de la harpiste classique Mélanie Virot et du guitariste Maël Salètes. Ceux déjà présents au festival l’année dernière se souviennent surement de ce dernier, puisqu’il officie aussi avec l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp, grand moment de la précédente édition. L’alliance des deux artistes aboutit à une folk onirique et délicate mais également chaloupée à souhait. Car si la harpe sait se faire éthérée, c’est pour mieux se glisser dans des morceaux plus dissonants ou alors dans des ambiances slaves ou africaines. Vaste monde musical donc que le leur, où l’on va probablement adorer se perdre. Surtout avec un chanteur aussi époustouflant comme guide.
Enfin, Sok accompagnera aussi le très attendu trio toulousain Cannibales et Vahinés. La rencontre de ces quatre vieux briscards a déjà donné le très bel album : N.O.W.H.E.R.E. ainsi que des concerts dont les échos sont plus qu’élogieux. Sur disque, l’alchimie entre les intonations envoutantes des chants/déclamations de GW Sok et les circonvolutions punk rock tribale de Marc Démereau (saxo), Fabien Duscombs (batterie) et Nicolas Lafourest (guitare), fonctionnent à merveille. Dix chansons sans frontières, atmopshériques mais toujours surprenantes, et rendant hommage aussi bien au blues éthiopien de Mulatu Astatké, qu’à le verve de Léo Ferré ou même au spectral Strange Fruit, composé par Lewis Allan et magnifié par Billie Holiday. Vous aurez compris que l’on bout littéralement d’impatience de découvrir la version scénique de cette merveille.
Devant une telle richesse des propositions artistiques, aussi variées que diablement excitantes, on ne peut que vous recommander plus que chaudement de faire le déplacement pour deux soirées qui promettent milles spectaculaires et sidérantes transmutations musicales.
Samedi 16 mars 2013 – Jardin Moderne, 11, Rue du Manoir de Servigné, 35700 Rennes – 20h30 à 1h – 11€
Réservations : 10 € (+ 0,50 €) sur www.eventbrite.fr
ou 10€ tout court sur simple demande polie au : musiqualambic@gmail.com