Interview de Casey – Les rugissements du flow [Part2]

LIRE LE DEBUT DE L’INTERVIEW DE CASEY [Part 1]

Casey @ Quartiers d'été by Caro

Pour en revenir à ton concert à Quartiers d’été, tu ne parles pas ou très peu entre les morceaux. Ca se passe toujours comme ça ? C’est pour ne pas altérer tes textes ? C’est une question de pudeur, de réserve ?

Non, ça dépend de l’humeur. En général, je bavarde beaucoup entre les morceaux pour dire des conneries. Des fois, je bavarde et je trouve que je parle trop, des fois, je raconte des conneries qui n’intéressent personne (rires). Mais en l’occurrence, ce concert-là, je n’ai rien dit.

Sur scène, tu partageais le micro avec B-James, alors que sur l’album, tu es le plus souvent seule à rapper. Pourquoi avoir choisi de rapper tous les deux  ?

Dans le rap, pour ceux qui ne connaissent pas, ça se fait souvent comme ça. Il y a ce qu’on appelle les « backers », ceux qui font les « backs » ,  avec qui on fait les questions-réponses.

Avec B-James, on est dans le même groupe, Anfalsh. Au concert, d’ailleurs,  certains connaissaient le groupe, ils portaient nos tee-shirts…

Ensemble, on a fait pas mal de mixtapes… Les mixtapes, vraiment, c’est de l’instantané : ça s’écrit vite, ça se fait vite. On en a fait pas mal. Lui, il a sorti une mixtape au mois de juin. Il va aussi sortir un album.

Dans Anfalsh, il y a aussi un troisième larron,Prodige, qui n’était pas là. On est tous les trois. Ceux qui nous connaissent savent que j’appartiens à ce groupe-là, que je ne suis pas seule. Je ne suis pas artiste solo. J’appartiens à un groupe.

Maintenant, moi, par rapport à eux, j’ai déjà sorti un disque, c’est mon deuxième album… Mais quand on va en concert, on y va tous ensemble ! C’est plus intéressant qu’un truc seul, un peu figé. C’est une logique collective.

Anfalsh visuel

C’est la même chose quand je fais un disque, même si sur l’album je suis seule à rapper sur les morceaux. En réalité,  je ne suis pas seule.  Il y a Heri et Jeloo qui font les musiques. Un album, même en solo, on n’est jamais seul pour le faire. Vraiment, je n’occupe que 20 pour cent du truc… Il y a aussi Tcho qui a fait la pochette, qui est là tout le temps avec nous aussi .

On est un groupe. Les forces, on les déplace. Quand ce sont les autres qui font leurs disques, ce sont les mêmes qui ont fait les musiques pour mon album qui font les musiques pour eux. Quand on bouge, on bouge ensemble et quand on rappe, on rappe ensemble.

Justement, alors, comment faites-vous pour vous répartir les parties de texte, pour  définir qui va rapper quoi ?

C’est à l’instinct, on se connaît bien. Surtout avec B-James, on se connaît très très bien. C’est à force de répétitions. Quand je coupe une phrase, je sais qu’il va la reprendre, et ainsi de suite. Je n’ai même pas à dire « là, appuie-moi »…

Et puis, c’est du jeu aussi, c’est du pass-pass, il y a des choses dont on sait instinctivement qu’elles sont très rythmiques et on sait qu’on va se les échanger. C’est un jeu. Nos instruments, ce sont nos voix, nos flows… Donc plus on est nombreux, plus on joue.

Difficile de ne pas te parler de ton morceau « Apprends à t’taire » à la fois très incisif et très drôle vis à vis des rappeurs et des chanteuses R’nB de pacotille, entre autres. D’habitude on te demande de donner les noms de ceux que tu fustiges là-dedans, pourtant j’ai l’impression qu’on sait bien de qui tu parles et que finalement ce n’est pas ça qui importe…

On m’a posé la question, mais c’est bizarre… En l’occurrence dans ce morceau, il n’y avait pas de noms à citer. C’était plus des archétypes, des attitudes d’arrogance  et de bêtise que j’ai croquées. Ce n’était pas vraiment « à l’adresse de… » Ce serait  beaucoup plus réducteur.

Les attitudes d’arrogance, de condescendance et de bêtise, je peux te jurer que ça c’est à loisir, tu les vois un peu partout que ce soit dans le cadre de la musique ou ailleurs. Ce n’était pas utile de citer.

Maintenant, les gens sont très habitués à ça et c’est vrai que ça existe dans le rap. C’est ce qu’on appellename-dropping, dire des noms, ce côté clash… Et surtout ces dernière les années, les gens sont très habitués  à  ce genre de truc…  Mais le rap, ce n’est pas que ça. On peut encore faire un texte en croquant des archétypes sans avoir une arrière pensée de qui que ce soit derrière. Même si c’est vrai que ça n’existe plus tellement. Les gens sont en attente de noms, d’embrouilles, de clash, que sais-je…

Casey - Album Liberez la beteDans le morceau, je parle de Michel Drucker(rires)…  Mais vraiment, ce n’est pas le plus important. L’homme meurt mais la bêtise survit à l’être humain !

Alors plutôt que de te demander les noms de ceux que tu fustiges, j’ai plutôt envie de connaître ceux que tu pourrais conseiller à un gamin qui t’aurait découverte et appréciée à Quartiers d’été et qui ne connaîtrait que le « rap fm » pour faire court.

Je ne sais pas trop, j’ai vraiment du mal avec ça. Ce qui fait une personnalité, c’est justement un tout, ce que tu peux écouter comme merdes, comment tu peux te corriger plus tard. Ça se prend partout. J’aurais du mal à dire « écoute ci » ou « écoute ça« …

Après oui, de s’intéresser, de se faire sa propre culture,  d’accord. Mais en tout cas, moi, je n’ai pas vraiment de conseils à donner. Entre un gamin et moi, il y a un fossé. Ce qu’il peut apprécier, ce n’est pas nécessairement ce que moi j’apprécie et vice-versa.

Mais chacun se fait sa propre écoute, sa propre culture, vraiment… Être curieux et avoir un esprit critique, en général si tu as ça, après tu te démerdes…

Je pensais davantage : un artiste que tu apprécies, le fait qu’il parle de tel ou tel autre artiste, ça va te donner la curiosité d’écouter. C’est un peu comme si c’était un passeur…

Dans mon cas, il y avait Al qui était avec moi sur scène qui a sorti un album qui s’intitule « Hightech & Primitif » qui est un album mortel. Et puis après, dans le rap américain il y a plein de choses, ce serait trop long à citer.

Maintenant les jeunes ont internet, ils ont de quoi se renseigner, ils peuvent tomber au hasard sur des milliers de clips, de concerts, des lives et se faire une idée.

Ça ne s’explique pas la musique, ce qu’ untel va ressentir, la façon dont ça va lui dresser les poils, ça s’est inexplicable. On n’est pas touché spécialement par les mêmes choses d’un individu à l’autre. Être vraiment curieux et savoir qu’il existe un monde en dehors de la radio et de ce qui est présenté à la télé, ça, c’est un monde de recherche, de curiosité, d’intérêt.

Pour finir, plusieurs dates de concert sont prévues encore cet été et en automne… A part cela, tu as d’autres projets en vue ?

Oui, on va terminer les concerts à l’automne prochain et puis avec B-James, on est sur un projet qui s’appelle Zone Libre. C’est du rock, pas du rockabilly… Du rock qui grince, de la planche pourrie ! Ça grince, ça termite dans tous les sens… (rires)

On bosse dessus bientôt… Et si les astres sont avec nous, on fera des concerts avec un album qui sortira début 2011.

Et puis aussi, dans mon groupe Anfalsh, B-James et Prodige vont sortir leur disque, début 2011 eux aussi.

Merci, Casey !

Merci à toi.

Interview et retranscription : Caro & Isa

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Myspace de Caseyhttp://www.myspace.com/caseyofficiel

1 commentaire sur “Interview de Casey – Les rugissements du flow [Part2]

  1. Pinsek

    Mortel cet article !!! Bravo !

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