Mohamed B. Falmares : réfugié poétique

Mohamed B. Falmarès est un auteur né en 2001 en Guinée. Il se dit « réfugié poétique ». Soulagements 2 : tropiques Printaniers est son deuxième recueil de poésie. 

Soulagements

Quelles lectures faisons-nous de la poésie ? Sommes-nous habités comme Rimbaud par le désenchantement, un désenchantement qui dans le Bateau Ivre prend parfois une allure de désillusion, « toute lune est atroce et tout soleil amer », jusqu’à prononcer ces quatre mots « et que ma quille éclate » ?

En regard de cette référence, pouvons-nous imaginer, Falmarès, ce jeune Guinéen, sur ce zodiac de fortune, au milieu de 180 migrants, la quille battue par les vagues de la Méditerranée, prononçant ces mots et faire revivre Arthur Rimbaud ? Dans ce cas y a-t-il une poésie vaine et inutile pour les jours ordinaires, et une poésie éloquente à l’appel des abîmes ?

Ainsi Falmarès poursuit la quête d’une poésie de l’humain, de la solitude, une poésie de la lucidité dépoussiérée d’ésotérisme. Dans l’écriture de Falmarès, c’est le sens qui guide ses pas, le sens de la vie exprimé dans toutes ses dimensions, un sens qui devient comme le sang qui irrigue le corps, la destination, les valeurs ou les émotions :

« Ô toi balafre noire, ma balafre !
Alors donc,
Alors dis-moi la figure des hommes miens ?
Soûl de joie et tristesse de mars !
Ô mars ! Vieux mars est mon triste sang ! »

Ici c’est le quotidien qui lui revient, comme un souvenir puissant de son enfance :

« Femmes douces,
enfants lisses,
vont à la source à la recherche d’eau pure et limpide
à la recherche de vie
suivant des chemins d’espoir
marchant des kilomètres et des kilomètres

à la recherche d’eau à la recherche de vie.
femmes douces,
enfants lisses »

Les ponts ne sont pas rompus, le passé revit en évocations sensuelles et sonores. Les émotions pénètrent chacun de ses chants, et chaque pas le ramène à Koba dans son village :

« écument les vagues pastorales… »

« Et chaque pas lui dicte une lettre familiale, »

« Ô maman je t’écris une lettre, je t’écris entre deux vents, je t’écris… »  

Son Afrique bat le tam-tam, dix chants pêle-mêle de joie et de cris d’amour, inaugurent le recueil. Puis cette longue mise en scène de son pays suit son appel à tous les migrants, aux migrants de tous les voyages, aux amis, aux camarades.

Oh ! Sœurs et frères migrants suivent son regard penché vers les souvenirs rassemblés, empilés au fond de son cœur. Chaque chant commence par :

« Ô cirque, battage de tam-tam, et toujours toi tam-tam.. »

« Si je ne vous chante Qui donc vous chantera. »

Mohamed B. Falmarès
Aujourd’hui, Mohame B. Falmarès a dix huit ans et il étudie au Lycée Jean Guéhenno de Vannes. Ses yeux transfigurent son nouveau pays, la Bretagne ; sa ville Koba se dit Vannes en breton.

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Soulagements 2 : tropiques Printaniers / Mohamed B. Falmares
Editions Les Mandarines
Janvier 2020
ISBN 2916995986
10€

2 commentaires sur “Mohamed B. Falmares : réfugié poétique

  1. Grandemange

    Je soutiens Totalement la beauté des textes de ce jeune réfugié poétique dont la place est parmi nous !

  2. Martin

    Mais c’est prodigieux ! Que c’est beau !!! Merci de tous ces mots enchantés.

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