Depuis 2001, L’Armada Productions organise, accompagne et diffuse des projets artistiques de musiques actuelles, s’adressant tout autant aux enfants qu’à leurs parents (Chapi Chapo et les petites musiques de pluie, Mosai et Vincent, Mami Chan…). En point d’orgue, l’association organise un mini-festival au cœur du printemps, La Fête (anciennement l’Armada s’en va en fête). Des propositions artistiques diverses et variées pour petits et grands, en exploitant au maximum chaque recoin du Jardin Moderne. Une nouveauté de taille : La Fête s’étendait sur l’ensemble du week-end, pour répondre à la forte demande constatée l’année dernière. Près d’un millier de personnes ont pu ainsi bénéficier du large choix de propositions : les petits veinards du samedi 21 mai ont pu profiter d’un soleil radieux et d’une chaleur appréciable. Nous avions choisi le dimanche 22 mai et ses trombes d’eau, ce qui ne nous a pas empêché de passer une excellente journée.
Les ateliers en extérieur ont trouvé refuge dans le café culturel : on pouvait y retrouver les étudiants de Lisaa avec cette année deux propositions originales : tout d’abord les Mini-Mondes, qui prenaient progressivement forme avec les petites maisons customisées par les enfants. Chaque réalisation trouvait ensuite sa place dans un quartier loufoque, sachant que chacun pouvait récupérer son œuvre à la fin de la journée. Les étudiants étaient venus aussi avec un nombre impressionnant de patrons permettant de réaliser des cartes pop-up en 3D. Chaque enfant choisissait les éléments constituant sa carte, donnant ainsi autant d’oeuvres uniques. Ces deux ateliers ont rencontré un franc succès, les tables n’ayant pas désempli de la journée. Tout comme l’incontournable fabrication de badges de La Factory et son mystérieux dragon qui aura recraché plusieurs centaines de badges et magnets. Quai des Bulles et la librairie La Courte Echelle ont investit un studio de répétition pour proposer une sélection d’ouvrages de jeunesse, petite pause appréciable dans la frénésie du jour.
Au rayon frénésie, le studio Rock Minute l’emporte haut la main, avec un défilé impressionnant de rockeurs en herbe, venus explorer les instruments de BrutPop : des instruments qui permettent une approche intuitive des sons et qui donnent la possibilité à des publics en situation de handicap d’explorer la musique expérimentale de manière autonome.
Pour les tous-petits, Sococoon a installé deux espaces de découvertes sensorielles, ouatés à souhait, au sein desquels ils pouvaient se reposer sous de délicates notes de musique.
Les plus grands enfants pouvaient également faire une sieste musicale grâce à Madame Patate et Marc de Blanchard. On entre dans une toute petite pièce tapissée de coussins, avec des nuages de coton suspendus au plafond. Un set d’une demie-heure composé de mélodies ludiques et rêveuses : Madame Patate utilise différents instruments, pour la plupart bricolés, qu’elle boucle comme autant de nappes qui se superposent et qui donnent des compositions amples et douces à la fois. Melodica, boîte à musique, xylophone, piano à doigts, mais aussi clochettes et grelots résonnent dans cette petite salle de concert improbable. La féerie est renforcé par les visuels déroutants et apaisants de Marc de Blanchard, bricoleur de génie, qui utilise une palette d’effets surprenants, entre kaléidoscopes improbables et autres miroirs aléatoires. Des vagues bleues et rouges alternent avec des diapositives en noir et blanc d’animaux du zoo de Vincennes, sans oublier cette boule à neige insérée dans un appareil de projection. Au final, le duo invite les spectateurs à quitter la pièce devant un accordéon dont l’image se reflète au mur par un jeu de miroir. L’Armada Productions à permis à ces deux univers oniriques de se rencontrer le temps d’un week-end : on espère sincèrement avoir assisté à la naissance d’un nouveau projet.
L’autre proposition musicale immanquable de ce week-end prenait place dans la salle de concert du Jardin Moderne. C’est toujours aussi réjouissant de voir une horde de bambins investir cette salle qui nous est si familière. La première représentation d’Okonomiyaki se joue devant une salle comble et nous nous rendons rapidement compte que nous ne sommes pas les seuls à attendre avec impatience de découvrir la nouvelle création de l’Armada Productions. Ce surprenant concert de musique classique a déjà été proposé lors des festivals Scopitone et Marmaille : un duo d’artistes que l’on apprécie et qu’on a déjà eu l’occasion de voir lors de leurs projets respectifs (Mami Chan et son Village des petites boucles, Pascal Moreau avec Chapi Chapo, mais aussi avec Michel Le Faou dans l’impressionnant ciné-concert Frankenstein). Okonomiyaki, c’est une manière originale, ludique et décalée de revisiter le concert de musique classique. Mami Chan au piano, Pascal Moreau à la guitare, au théremine et à la kalimba : ils se répondent, se perturbent, s’accompagnent, se complètent musicalement, avec une évidente complicité. Okonomiyaki est un spectacle bourré d’interactivité : les deux musiciens invitent trois enfants à jouer de malicieux chefs d’orchestre qui donnent le tempo. Ou encore lorsqu’ils initient le public au solfège (Do Mi Sol Soleil / Ré Fa La Là haut). Un spectacle à la fois destiné au jeune public mais aussi à leurs parents, notamment lorsqu’ils détournent les codes du rock indé (à la fin d’un titre, Pascal joue fiévreusement avec sa guitare puis la pose au sol dans une longue saturation). Bach, Schumann, Satie, les grands compositeurs défilent, entrecoupés de quelques compositions du répertoire de Mami chan (Poisson Lune). Les jeux de lumières sont magnifiques (mention spéciale pour la robe lumineuse de Mami), la virtuosité des deux artiste indéniable, et le jeune (et moins jeune) public en redemande. Si vous avez l’occasion de (re)découvrir ce merveilleux projet, n’hésitez pas une seule seconde !
La pluie s’est invitée pendant le concert : fort heureusement, afin d’éviter une transhumance trop importante vers le café culturel et ses ateliers, l’Armada propose à la Compagnie 10 doigts d’investir la salle de concert du Jardin pour une initiation ludique et bien déjantée à la langue des signes. Un duo féminin que l’on retrouvera avec bonheur lors de déambulations à travers les différents lieux du Jardin Moderne.
L’après-midi s’achève sur la désormais traditionnelle Boum, menée tambour battant par le flow de Da Titcha, les pas de danse de Stanislas Doki, au son des samples ravageurs et groovy de DJ Mac l’Arnaque. Soul, hip-hop, funk, les têtes dodelinent dans tous les sens et les pieds des spectateurs remuent irrésistiblement : une battle de danse achève les festivités, avant l’inévitable clin d’oeil à Michel Fugain.
On quitte le Jardin Moderne ravis, et heureux d’apprendre que nous n’aurons pas à attendre un an avant de profiter d’un nouveau feu d’artifice artistique de l’Armada Productions (on vous en reparle très vite).
Diaporama de la Fête (photos : Yann)