Amateurs de musiques indociles, un poil siphonnées du ciboulot, mais d’une puissance à réveiller zombies ou autres revenants, rendez-vous à l’Antipode MJC ce jeudi 29 septembre pour vous y prendre de grandes rasades d’urgence math-noise-rock-post-punk avec les venues de Papier Tigre et Paus. On en frémit de bonheur d’avance.
Papier Tigre
On est tombé amoureux de Papier Tigre avec Concrete Residential sur leur premier LP, sans titre (2007), en noir et blanc. On l’a pris comme un uppercut, direct en pleine face. Cette rage dehors et cette accalmie inattendue au milieu du morceau, on ne s’en est pas remis. On l’a fait écouter aux copains, on a ressorti nos vinyles de Fugazi, et on l’a passé en boucle, très fort. Comme tout l’album, d’ailleurs. Même, depuis, à chaque fois qu’on a tenté de l’enlever de notre baladeur, on s’est retrouvé une semaine plus tard à le remettre d’urgence tant la voix d’Eric Pasquereau, tout en tension, toujours à la limite, nous manquait. Tout comme ces constructions en ruptures, ces riffs à la guitare, addictifs en diable et cette puissance rythmique qui nous décolle la plèvre des poumons.
On a tout autant apprécié le second effort des Nantais, The beginning and the end of now (2008), sa précision saturée, son ascétisme (deux guitares, une batterie) insolemment fertile. On a serré les poings pendant les accalmies tout en tension contenue et pris les coups sur ses déflagrations dévastatrices. Alors autant dire qu’on attendait une nouvelle fois beaucoup du trio avec la sortie de Recreation au printemps 2012. D’autant que les bourricots sont allés enregistrer à Electrical Audio avec John Congleton. Et bien comme on pouvait s’y attendre, ils en sont revenus avec une nouvelle pépite, sèche comme un coup de trique, avec ce qu’il faut de rasades de riffs noisy et précis, de voix sur la brèche et de puissantes rythmiques. Avec toujours cette pop saccadée, cette noise un peu math, cette intelligence des structures et cette agressivité rentrée. Grâce à Interzones, on les aura même vus sur Rennes à la Bascule pour un set à l’infernale intensité en 2012 et rebelote en 2014 pour une dérouillée mémorable au Mondo Bizarro.
Bien sûr on les a aussi suivis dans leurs projets parallèles (La colonie de vacances, The Patriotic Sunday, Room 204…) avec autant de délectation, avant de les retrouver sur un quatrième long format The Screw paru au printemps dernier chez les fidèles Murailles Music. Cette fois encore, on s’y laisse gagner par la fulminance haute tension du trio, et son talent pour concocter des morceaux catchy qui vous attrapent l’oreille et la secouent dans une multitude de directions. Avec encore des titres qui slaloment au frein à main, et coulent à grandes rasades de tord-boyaux, tout en même temps fluides et puissants comme les chutes d’Iguazù. Ce nouveau disque est d’une densité à faire pleurer, enchaînant sans temps mort 9 bombes à fragmentation qu’on se remet en continu entre les deux oreilles depuis sa sortie. Vous comprendrez donc aisément qu’on coure à genoux jusqu’à l’Antipode ce jeudi 29 septembre. Et on ne peut que vous conseiller d’en faire autant.
Paus
On doit avouer qu’on n’avait jamais entendu parler de Paus (honte sur nous) avant d’apprendre qu’ils étaient programmés à l’Antipode MJC ce jeudi 29 septembre (enfin en vrai, il étaient déjà programmés le 10 mars, mais la soirée avait dû être annulée). Pourtant repérée parmi les groupes lusitaniens à suivre à la semelle, invitée en première partie de Radiohead ou Caribou par exemple, ou programmée au South By Southwest ou au Primavera Sound, la bande des quatre avait complètement échappé à notre radar. Fort heureusement, l’Antipode MJC nous offre une occasion de nous rattraper et de combler notre retard dans une discographie qui comporte déjà trois albums et une poignée d’eps ou 7 pouces.
Quatuor composé de Fábio Jevelim (voix et synthés – on l’a aussi vu avec une six cordes), Hélio Morais (voix, batterie), Joaquim Albergaria (voix, batterie) et Makoto Yagyu (voix et basse), Paus joue donc de deux batteries en version ping-pong Chine olympique avec une énergie au groove savoureusement insidieux et labyrinthique. Ça percute, intrigue et danse à coups de claviers retors et de sonorités déformées par moult pédales et autres effets vicelards. Une sorte de math-rock atmosphérique et aventureux, qui délaisserait les six cordes pour les remplacer par de grandes louches de synthés.
Ça vous rappelle du monde (Battles, Trans Am de loin dans le brouillard), forcément. Sauf que là, vous ajoutez la langue de Pessoa et des chants parfois à gorge déployés comme chez les cousins belges BRNS. En gardant toujours l’énergie hautement communicative des groupes pré-cités. On a donc bien hâte de les découvrir sur scène. D’autant que l’écoute de leurs trois albums (PAUS – 2011 -, Clarão – 2013 – et le tout dernier né Mitra – 2016) nous promet des montagnes russes pleines de rythmiques tribales et de ruptures alambiquées comme on les aime. Les images des lives qu’on a pu glaner allant dans le même sens, on se prépare un chouette concert.
L‘Antipode MJC présente Paus et Papier Tigre en concert jeudi 29 septembre 2016 à partir de 20h à l’Antipode MJC (2 rue André Trasbot, Rennes).
Tarifs : Sortir ! : 5 € / Membres ADMIT : 8 € / Prévente : 10 € / Sur Place : 13 €
(Magnifique affiche signée Olga Lupi)