La troisième étape de la nouvelle belle aventure des ateliers du vent démarrera à Rennes le vendredi 16 mai. 25 artistes moldaves, russes et français ont collectivement travaillé sur la vertigineuse question « Quelles sont nos ruines ? ». Résultat : trois semaines débordant de rencontres et d’émotions artistiques de toutes sortes à ne manquer sous aucun prétexte.
Pas facile d’aborder un projet aussi foisonnant et multiple croisant les travaux d’autant d’artistes. Pas simple non plus, avec la seule aide des visuels affichés un peu partout de se faire une idée de ce qui vous attend dans l’ancienne usine de moutarde en voie de rénovation tapie entre Arsenal et Cleunay. Commençons si vous le voulez bien par une histoire des origines.
D’où viennent nos ruines ?
Alain Hélou (Directeur artistique des ateliers du vent et commissaire du projet) nous accueille sur les lieux dans l’ambiance délicieusement fébrile d’un après midi ensoleillé où chacun met la dernière touche avant la présentation au public. Interrogé sur l’origine du projet, il la situe il y a pas moins de 8 ans de cela. Dès 2006, les ateliers du vent ont tissé des liens avec la Russie. Cette première rencontre avec des artistes locaux autour d’une création théâtrale, leur avait permis de vérifier l’influence d’artistes essentiels pour eux : Daniil Harms (dont on vous avait causé en rubrique BD) et Alexandr Vvedenski. Leur amour commun des ces avant gardistes, interdits dès leurs premiers travaux et redécouverts dans les années 90, avait tracé des ponts qu’ils n’ont eu cesse de retraverser par la suite. Ce fut au cours d’une session nomade des épatants aPérOESIEs qu’ils rencontrèrent les artistes moldaves du centre d’art contemporain de Chisinau. L’impression faite par cette scène bouillonnante contrastant avec la misère noire de cette province la plus pauvre d’Europe avait scellé leur envie de construire des choses en commun avec ces deux communautés.
Profitant de « l’année croisée », les ateliers invitent ainsi cinq artistes russes en 2010 pour un travail autour de la singulière pièce Le Drame des Constructeurs d’Henri Michaux dont l’influence plane encore sur l’actuel projet. L’année suivante, ce sera au travers d’un projet européen TANDEM que se prolongeront les échanges avec la partie moldave de la bande.
De ce réseau, de cette communauté, constitués au fil des années et des rencontres, est née « l’exploration poétique visuelle et sonore » à laquelle vous pourrez assister du 16 mai au 8 juin aux ateliers du vent.
Pourquoi nos ruines ?
Alain Hélou explique que le thème de « Quelles sont nos ruines » vient d’une envie qu’il avait eu en revenant d’un voyage en Moldavie de se confronter à la perception du réel et de poser la question du commun. Pas des ruines donc, nos ruines. La puissance évocatrice et symbolique d’un bâtiment à l’abandon trouve aussi des échos douloureux dans l’actuelle crise ukrainienne ou plus ironique quand on apprend que le bâtiment des Ateliers du Vent va être entièrement rénové prochainement et qu’il est situé en plein milieu de la tornade immobilière frappant le quartier. Le lieu lui-même semble ainsi participer de ce qui reste, de ce qui va disparaître, se transformer, mais pourtant s’accroche.
Que sont nos ruines ?
Le point de départ de cette nouvelle étape a pris la forme de deux workshops (atelier de travail) ayant eu lieu en janvier 2013 à Moscou et en octobre 2013 à Chisinau et ayant regroupé respectivement 13 et 18 artistes français, russes et moldaves. Ces premières étapes ont nourri une résidence ayant eu lieu du 22 avril au 6 mai à Rennes et regroupant pas moins de 25 artistes. Dans un joyeux chaos créatif et follement pluridisciplinaire, des artistes visuels, des performeurs, des musiciens, des vidéastes, des acteurs, des peintres, des graffeurs, des comédiens, d’ici ou d’ailleurs se sont donc réunis pour invoquer/évoquer nos ruines.
Cela prendra d’abord la forme d’une exposition visible du 21 mai au 8 juin sur deux étages de plus de 400m² et regroupant des créations portant les traces des parcours, des voyages, des rencontres des artistes et se nourrissant les unes les autres. Peintures, sculptures, installations, vidéos, mapping, ambiances sonores, textes, performances… se bousculent et dialoguent avec une force évocatrice assez saisissante.
Le vernissage du lieu prendra une forme très originale puisqu’il sera décliné en trois soirées Believe In The Ruins du 15 au 17 mai (la première étant réservée aux adhérents) au prix plus que modique. En plus de pouvoir déambuler au milieu de ce foisonnement créatif, vous pourrez en plus découvrir le travail live d’Hélène Le Corre et Daniel Paboeuf, des vidéastes Gilles Respriget et Dmitry Bulnygin, de la plasticienne Elizabeth Saint Jalmes. Ne manquez pas non plus les impromptus théâtraux proposés par Alain Hélou et Doriana Talmezan, et les multiples surprises que vous réservera cette étonnante déclinaison d’un cabaret foutraque. Dans la logique d’un travail toujours en mouvement et en interaction, les œuvres créées lors de ces soirées viendront s’ajouter à celles déjà présentes.
Ce ne sera pas tout puisqu’il y aura également vendredi 16 mai à 16h, un mini vernissage des travaux réalisés par les CM2 de l’école Marie Pape Carpentier sous la houlette des artistes Ludmilas Bouros, Céline Le Corre et Alain Hélou, toujours autour du thème : « Quelles sont nos ruines ? » Ces créations seront présentées avec celles d’enfants moldaves de l’école d’Art de Chisinau.
En partenariat avec le festival rennais Oodaaq, Anaïs Touchot présentera sa performance Si j’étais démolisseur du mercredi 21 mai au vendredi 23 mai. Pendant ces trois journées, elle détruira puis reconstruira une cabane de bois tel un Sisyphe en quête désespéré d’un toit.
Dans son fol élan, le projet poursuivra son trajet en vous donnant rendez-vous lors des trois jeudis qui suivront l’ouverture.
Jeudi 22 mai à partir de 19h, ce sera une Carte blanche au Simultan Festival. Ce festival d’art vidéo, d’art numérique et de musique expérimentale basé à Timisoara en Roumanie, proposera une sélection de vidéos revisitant nos rituels quotidiens, et interrogeant en même temps les mécanismes de la fiction cinématographique.
Jeudi 29 mai, toujours à partir de 19h retour au son avec la soirée autour des ruines du sonore. L’aspect sonore du projet sera mis à l’honneur avec des prestations de Mistress Bomb H et Daniel Pabœuf, de l’auteur sonore Pascal Pellan et du critique Mathieu Brient (La Sophiste). Explorations sonores entre expérimentations, drone et noise seront au programme.
Enfin jeudi 5 juin et le vendredi 6 juin auront lieu les rencontres Artfactories/Autre(s)pARTs. Cet atelier de réflexion s’intéressera à la question de la transmission et de la succession dans ces aventures artistiques et culturelles particulières (lieux indépendants, squats, friches, collectifs, etc.). Interrogation on ne peut plus pertinente dans une ville de Rennes au rapport plus qu’ambivalent avec la partie la plus indocile et souterraine de son foisonnement culturel.
Trois semaines pleines à craquer de belles occasions de parcourir nos décombres collectifs pour y déchiffrer ce qui fût, ce qui est et ce qui sera peut être. Un dernier petit conseil pour la route : n’hésitez pas à investir 4 malheureux euros dans le journal Ici.Maintenant faisant office de catalogue d’expo. Il regorge d’images superbes mais surtout de passionnantes interviews et de savoureuses retranscriptions d’échanges entre artistes.
OÙ ET QUAND SONT NOS RUINES ?
Expositions des travaux des 25 artistes visibles aux Ateliers du Vent, 59, rue Alexandre Duval, 35000 Rennes
du 21 mai au 8 juin 2014 – entrée libre du mercredi au dimanche de 15h à 20h
Soirées Believe in the ruins !
Vendredi 16 et samedi 17 mai 2014 – Ateliers du Vent, 59, rue Alexandre Duval, 35000 Rennes – 19h à 23h – 5€
Si j’étais démolisseur performance d’Anaïs Touchot
Mercredi 21 au vendredi 23 mai de 15h à 20h
Les jeudis de Quelles sont nos ruines :
Jeudi 22 mai à partir de 19h
Carte blanche au Simultan Festival
Jeudi 29 mai, soirée autour des ruines du sonore à partir de 19h
Focus sur la dimension sonore du projet, avec Mistress Bomb H, Daniel Pabœuf, Pascal Pellan, Mathieu Brient
Jeudi 5 juin et le vendredi 6 juin
Rencontres Artfactories/Autre(s)pARTs sur la question de la transmission
dans les « lieux intermédiaires et indépendants »
Contact et plus d’1fos :
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Tél : 02 99 27 75 56