Et c’est reparti pour trois jours de concerts dans notre cher Parc Expo (oui, cher Parc Expo, car aussi improbable que cela puisse paraître, on finit par s’attacher à ce lieu, en ressentant une petite excitation lorsqu’y débutent les festivités).
L’équation premiers froids = Trans Musicales se vérifie encore : mais le froid qui recouvre Rennes depuis quelques semaines nous a fait saliver beaucoup plus longuement que d’habitude.
Dans un froid quasi-polaire donc, on plonge dans un Hall 5 (encore) désert, au milieu de méduses blanches et colorées.
Ce Hall de transit accueille restauration, bar, salon de thé, et de nombreuses possibilités offertes au festivalier pour se (re)poser. L’endroit est quasi-désert en début de soirée, mais devrait être copieusement garni, notamment ce week-end.
Il est 20h30, direction le Hall 4 pour ne pas manquer une miette de The Pack A.D. Les Canadiennes ont parfaitement relevé le challenge difficile d’ouverture des festivités. Pas besoin de quelques morceaux de rodage, elles partent directement dans un blues-rock très énergique, pour un set qui restera intense pendant toute la prestation.
Becky nous cueille tout de suite avec un jeu de guitare efficace et une voix puissante et pleine de rage. Sa maîtrise vocale est sidérante et parfaitement en accord avec sa maîtrise instrumentale (notamment avec le bottleneck).
A la batterie, Maya accompagne Becky avec beaucoup d’enthousiasme derrière ses mèches blondes, et est parfaite sur les morceaux blues-rock. Le jeu de batterie manque un peu de finesse sur les titres plus « rock garage », mais ne boudons pas notre plaisir. Les Canadiennes occupent parfaitement l’espace et nous font oublier qu’elles ne sont que deux !
Un bel avenir pour ce duo qui a déjà écumé de nombreuses scènes depuis deux ans, et qui nous donne envie de les revoir, dans une salle un peu plus petite peut-être.
On arrive au milieu du set des Danois de Lars and The Hands of Light, et les petites craintes avant le concert se confirment. En dehors du tubesque Me, Me, Me, redoutable d’efficacité, et d’une jolie reprise du Comic Strip de Gainsbourg, leur pop ne décolle pas vraiment. La voix féminine de la chanteuse s’associe parfaitement avec celle de Lars Vognstrup, mais cette réussite vocale est parfois noyée dans des nappes de synthé. Une petite déception, même si on avait pu déjà se faire ces remarques à l’écoute de leur album « The Looking Glass ».
Les New-Yorkais de The Phenomenal Handclap Band groovent comme des fous lorsqu’on les rejoint dans le Hall 4. L’absence de la section de cuivres du groupe pouvait nous faire craindre une prestation moins enlevée. Mais l’énergie entrevue sur album se confirme pleinement sur scène, même avec une formation plus resserrée. Le mélange de disco et de pop seventies est largement agrémenté de soul et de funk, pour le plus grand plaisir du public resté nombreux, et de Jean-Louis Brossard, enthousiaste en coulisses.
Un petit tour pour voir les très (trop ?) jeunes mancuniens d’Egyptian Hip Hop. Première impression : purée, ils sont vraiment très jeunes ! Deuxième impression : le chanteur a un look et une posture complètement 80’s, sans parler du festival de mèches plus improbables les unes que les autres. Et puis c’est tout. Les nappes de synthés sont kitchs au possible. Tiens, un léger mieux lorsqu’ils privilégient les guitares. Un riff sympa, on attend le décollage, mais non, ça reste statique, visuellement et musicalement. On n’est pas persuadé de voir ce cru se bonifier avec les années…
Le Hall 4 attend sagement la prestation du combo franco-malien Donso, pour ce qui va être l’un des concerts de la soirée. On est tout de suite dans l’ambiance dès les premières notes de donso n’goni (instrument à cordes malien) jouées par Thomas Guillaume. Puis la voix du chanteur malien Gédéon Diarra nous cueille immédiatement, tout comme les boucles électro de Pierre-Antoine Grison (alias dj Krazy Baldhead). Le mariage entre musique traditionnelle et nouvelles sonorités électroniques fonctionne à merveille.
Gédéon, en plus d’une voix magnifique, possède une sensualité dans son jeu de scène qui renforce la magie visuelle du moment. Sa voix s’accorde par moments avec celles des 3 autres musiciens dans un très beau chant choral.
Il laissera ses 3 acolytes pendant un quart d’heure instrumental plus électro mais tout aussi réussi, nous entrainant par moment dans une transe au sens littéral.
Les 4 membres du groupe prennent un plaisir évident, et ce plaisir est largement partagé par le public.
La bonne surprise de la soirée !
Bon le souci avec un festival, c’est qu’on subit la loi du « choisir, c’est renoncer ». La fin du set de Funeral Party nous laisse le regret de ne pas en avoir écouté plus, mais ça s’annonce très prometteur.
Pour leur premier festival, on est scotché par la virtuosité de ce groupe. La rythmique est puissante, l’association guitare et touches électros est réussie et le chanteur Chad Elliott possède un charisme étonnant pour un si jeune artiste.
Ils réussissent même à réorchestrer leur terrible New York City Moves To The Sound of LA avec une inventivité qui démontre d’indéniables qualités musicales.
A suivre de très près.
Les Beataucue ont un patronyme qui pourrait nous inviter à une électro purement ludique, comme leur imparable Cha, Cha, Cha. Eh bien pas du tout : c’est certes assez sautillant et frais, mais Alexis et Médéric nous offrent des montées en puissance implacables (bien qu’un peu courtes), et le son est exigeant et de qualité. Ils terminent leur set avec un sample aux basses bien lourdes, transition parfaite avec la prestation hallucinante de Magnetic Man.
Vous réunissez trois dj-producteurs (Skream, Benga et Artwork) qui bidouillent des sons puissants derrière leurs laptops, un MC à la voix profonde et puissante et des productions visuelles étroitement liées au son, et vous avez tous les ingrédients pour un set de dubstep réussi.
Les incursions de drum and bass et d’UK garage enrichissent encore un peu plus un projet qui fourmille de pépites réjouissantes. Les basses vous chopent depuis les orteils et vous remuent le palpitant comme jamais. Ca fait vibrer le hall 4, et pas seulement au sens figuré !
Tant pis pour The Toxic Avenger, il faut savoir se ménager un peu dans ce marathon qui ne fait que commencer…
Une soirée vraiment réussie avec trois belles surprises (The Pack A.D., Donso et Magnetic Man), et quelques révélations (The Phenomenal Handclap Band, Funeral Party).
Vivement ce soir !
Photos : Bomber
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