Affiche pour le moins culottée ce mercredi 9 novembre à l’Antipode pour la release party du nouvel album de Totorro avec un télescopage en règle des genres et des envies puisqu’on y retrouvera la math pop rafraichissante et ensoleillée des Totorro, le saxophone from outer space de l’imposant Colin Stetson et les bidouilles dézinguées et inspirées de Gregaldur.
Totorro
Dans les jolies réussites d’ici qui nous mettent les oreilles de bonne humeur, les TotorRo se placent toujours en bonne position. On les suit en effet depuis longtemps : c’est à dire avant même la sortie de leur premier véritable album Home Alone en avril 2014, sur lequel déjà le quatuor se montrait sacrément habile dans son art des ruptures et des changements de rythmes avec des titres à tiroirs, bifurquant constamment sans jamais perdre l’auditeur en route. Avec ses morceaux en montagnes russes qui vous roulent au bas de collines légères tout en douceur et vous catapultent d’un coup de parachute ascensionnel sur des sommets déchiquetés en quatre accords vrillés de guitare, la math-pop de TotorRo s’y révélait aussi addictive que riche au fil des écoutes. Ajoutez qui plus est une réelle maîtrise du live avec des sets aussi généreux qu’énergisants, jamais ronflants (risque non nul quand on propose -quasi- uniquement des titres instrumentaux) qui ont permis au groupe de s’imposer durablement dans les oreilles.
Depuis Xavier Rosé, Bertrand James, Jonathan Siche et Christophe Le Flohic ont continué d’aligner les dates, ont jonglé avec tous les projets auxquels ils participent et sont allés s’enfermer avec l’essentiel Mathieu Fisson pour en revenir avec onze nouveaux titres tout aussi pêchus (un poil plus ?) empilés sous le cactus ensoleillé de Come to Mexico, leur tout nouvel album, sorti en octobre. Pour fêter sa naissance comme il se doit, les quatre joyeux zigues nous invitent à cette (troisième) release party. Les deux premières (à Nantes et à Paris) affichant complet, on ne peut que se se réjouir de l’engouement toujours plus grand que les quatre garçons suscitent un peu partout et on sera une nouvelle fois aux premiers rangs pour fêter un album fort bien troussé (avec Monsieur Poli au mixage s’il vous plait), qui se révèle cette fois encore particulièrement réjouissant.
Colin Stetson
On danse pareillement la madrilène à l’idée de retrouver le Canadien d’adoption Colin Stetson sur la scène de l’Antipode MJC le même soir. Même si vous ne connaissez pas le bonhomme, vous avez sûrement déjà entendu ses talents de saxophoniste avec un nombre effarant de groupes connus et reconnus (Tom Waits, Arcade Fire, TV on the Radio, Bon Iver, Timber Timbre, Laurie Anderson, David Byrne, LCD Soundsystem, The National)… L’Américain installé à Montréal est en effet un spécialiste du saxophone et de la clarinette, mais tâte aussi avec bonheur du cor, de la flûte et du cornet à pistons. En plus de participer aux albums des artistes sus-cités (entre autres), il a aussi beaucoup tourné, aussi bien avec les groupes eux mêmes qu’en solo sous son propre nom avec son saxophone basse comme seul dégommateur apocalyptique de tympans.
A chaque fois qu’on l’a vu sur scène, le garçon nous a tout bonnement siphonné les esgourdes avec une classe à pleurer. Utilisant la technique bien connue des jazzmen ou musiciens contemporains du souffle continu (technique respiratoire permettant d’expirer de l’air et donc de jouer d’un instrument de façon ininterrompue et prolongée), Colin Stetson est de ceux qui façonnent le(ur) son pour un résultat riche et stupéfiant. D’autant qu’en jouant, le Sieur Stetson tape et claque de la bouche et des mains, fait craquer les clés pour obtenir de diaboliques rythmiques, semblant même chanter de profondes mélopées déchirantes. Ajoutez dans la balance, trois albums solo (New History of Warfare, Vol. 1 -2008-; New History Warfare Vol.2 : Judges -2011-; New History Warfare Vol.2 : To see more light -2013- sur Constellations) à la fois étranges et puissants mais d’une accessibilité et d’une immédiateté étonnantes, une relecture récente de la Symphonie N°3 d’Henryk Gorecki ou des albums en duo (la rencontre au sommet avec le saxophoniste Mats Gustafsson en 2011 –Stones– ou le toujours très réussi Never were the way she was avec la violoniste Sarah Neufeld l’an dernier -oui, on a un sérieux faible pour ce disque-) et vous aurez une idée d’où le jeu physique et stratosphérique du garçon peut vous emmener.
Gregaldur
En première/dernière (?) partie pas piquée des hannetons, le trublion Gregaldur (lire une vieille interview là) viendra jouer en solo ses tornades lo-fi survitaminées. A chacun de ses passages par ici, le garçon nous bringuebale les oreilles avec son synthé, sa guitare et ses pédales d’effets pour des concerts jubilatoires et déjantés (bien souvent à la même hauteur que le public), balancés à 220 volts.
Quand on sait que le garçon (qui officie aussi comme/avec Héron Cendré, Plutominium) sortit autrefois un split avec Sieur et Dame où il reprenait en même temps les deux mélodies distinctes de La Mer de Trenet et la Lambada pour une Lambaldur aux harmonies… étonnantes (ou qu’il nous citait Rika Zaraï comme influence en interview), on a une petite idée de l’ouragan déjanté qui nous attend encore cette fois-ci.
L’Antipode MJC présente la Release Party de Totorro avec TotorRo, Gregalduret Colin Stetson le mercredi 9 novembre à partir de 20h à l’Antipode MJC (2, rue André Trasbot – Rennes).
Tarifs : 20h – Sortir ! : 5 € / Membres ADMIT : 13 € / Prévente : 15 € / Sur Place : 18 €