C’est à Saint-Jouan des Guérets, en 2009, que les Bretons ont découvert Tata Milouda, dans un spectacle mis en scène par Vincent Spatari. L’artiste est aujourd’hui célèbre dans le monde entier, mais elle reste fidèle à ses premières amours, et n’oublie pas ceux qui l’ont soutenue à ses débuts. Invitée par l’Association UAIR, elle a donné trois représentations exceptionnelles à Rennes.
Les rencontres rennaises de Tata Milouda ont débuté par un café citoyen à la MJC Antipode le mercredi 23 novembre dernier. Elle était attendue par certains fans de la première heure, telle la slameuse rennaise Sara Benani Arts, mais aussi par des Marocains, ravis de pouvoir enfin l’écouter sur scène plutôt qu’à la télévision. Pour d’autres c’était une découverte… et quelle découverte ! Le public est immédiatement tombé sous le charme de la Mamie du slam, pour qui les mots ont pansé les maux. Le parcours de cette artiste est en effet assez exceptionnel, comme on l’apprend au fil du spectacle… « Quand j’étais petite fille, je ne pouvais pas aller à l’école, parce que j’étais une fille »… « J’ai été mariée à quatorze ans »… « A cinquante ans j’ai trouvé mon stylo mon cahier »…. « Les cours d’alphabétisation m’ont libérée »…. Que de force et de courage il lui a fallu pour arriver, à cinquante ans, à enfin apprendre à lire et à écrire ! Mais cela ne lui suffit pas, Milouda a un rêve depuis qu’elle est enfant, elle veut devenir une artiste…
C’est lors de la rencontre avec un groupe de femmes à la Maison de Suède que l’on apprendra comment elle a eu le déclic… « Un jour, je regardais la télévision et j’ai entendu slamer Grand Corps Malade : je me suis dit, moi aussi j’ai des choses à raconter, si lui peut le faire, moi aussi ! ». Et c’est comme ça que tout a commencé, en 2007. Milouda, qui vit à Epinay-sur-Seine, en région parisienne, décide d’aller rencontrer Grand Corps Malade au café culturel, à Saint-Denis. Le slameur est séduit par son énergie et son sourire, il lui donne son nom de scène « Tata Milouda ». L’artiste participe à des scènes slam où elle raconte sa vie, avec ses malheurs (mariage forcé, violence, galère des sans-papiers, etc.) et ses bonheurs (les cours d’alphabétisation, les associations, les rencontres avec le public…). En 2009, au cours d’un séjour à Saint-Malo, elle fait la connaissance du metteur en scène Vincent Spatari, qui lui propose de créer un spectacle autour d’elle. Ce sera Tata Milouda slame sa vie, un dialogue entre Milouda et l’artiste rennaise Mary Shelly. Les spectacles vont alors s’enchaîner, puis les tournées, en France, au Maroc, en Belgique… et la rencontre avec le musicien algérien Tarik Chaouach, qui l’accompagne sur scène depuis de nombreuses années.
A la Maison de Suède, après la rencontre avec les femmes, Milouda a mis le feu avec son dernier spectacle. Il faut dire que les animateurs avaient mis le paquet, ainsi le jeune Souhayb, qui s’est promené dans tout le quartier avec un mégaphone une demi-heure avant la représentation pour annoncer la venue de l’artiste ! Milouda était aux anges… « C’est la première fois que l’on fait ça pour moi ! Je suis très contente ! C’est seulement à Rennes ! »… Tellement contente Milouda, qu’à la fin du spectacle elle invite tout le public à venir danser sur scène avec elle, au son du chaabi marocain. Femmes jeunes et moins jeunes, enfants, animateurs… tout le monde partage un moment de joie et de liberté !
Le vendredi, à l’UAIR (Union des Associations Interculturelles de Rennes), Milouda intervenait dans le cadre de la Journée Internationale pour l’Elimination de la Violence contre les Femmes. La rencontre était animée par la journaliste et plasticienne rennaise Christine Barbedet.
Après une présentation de l’UAIR, du planning familial, et de quelques autres associations locales, le public a pu assister à la projection du documentaire Patience, patience, t’iras au paradis, réalisé par la journaliste belge Hadja Lahbib.
Dans ce très beau film, on découvre l’itinéraire d’un groupe de femmes immigrées qui apprennent à lire et à écrire, puis s’ouvrent au monde, grâce notamment à leur rencontre avec Milouda.
Après la projection, Milouda était présente pour parler du film. A cette occasion, elle a retrouvé Vincent Spatari et Mary Shelly, ses complices de la première heure.
Enfin, pour conclure ces trois journées intenses, Milouda est à nouveau montée sur scène, et elle a à nouveau conquis le public.
Tata Milouda à Rennes ou ailleurs : que du bonheur !
Plus d’1fos :
Vidéo de la soirée à la MJC Antipode, filmée par la slameuse rennaise Sara Benani Arts
Bande-annonce du film de Hadja Lahbib « Patience, patience, t’iras au paradis »
Très bel article de mon amie Christine ravie d’avoir partager cette soirée avec toi puis de t’avoir enfin vue et d’avoir retrouvé ma chère Milouda.
A bientôt autour de d’autres sorties culturelle