Rue des Munitionnettes, une guerre des territoires qui n’en finit pas…

Le stationnement sauvage semble être un sport local dans beaucoup de (nouveaux) quartiers rennais. A l’arrêt, les voitures privatisent l’espace public comme les trottoirs, les passages piétons ou les pistes cyclables. Pire, quelques propriétaires vont même jusqu’à transformer des voies de circulation en « parking temporaire » rendant dangereux les déplacements doux ou actifs, voire, pour les personnes à mobilité réduite, impossibles.

 

rue du Bignon ©alter1fo/polly
rue du Bignon ©alter1fo/polly

Le Corbusier, figure controversée de l’architecture contemporaine, s’interrogeait déjà dans les années 20 sur nos engins à 4 roues. « Où stoppent les milliers de voitures de la ville moderne ? Au long des trottoirs, embouteillant la circulation : la circulation tue la circulation. » Bref, le problème n’est pas nouveau. L’argument couramment avancé pour expliquer de telles infractions est la pénurie de places. Pourtant, une étude dirigée par Bruno CORDIER, ingénieur en transports et déplacements, a démontré que l’explication résidait aussi dans la « paresse des automobilistes, qui veulent se garer juste devant leur destination. » Le fameux Vivre-ensemble !

Photo ©politistution – Rue des munitionnettes

Rue des Munitionnettes dans le quartier Courrouze, une guerre psychologique et sournoise s’est installée entre des riverain·e·s et les services de la voirie. Ces derniers, désireux de mettre un terme au stationnement illégal, expérimentent plusieurs méthodes depuis un an. Et c’est assez cocasse d’observer l’éventail du mobilier urbain disponible à cet effet et les efforts consentis. D’autant plus que cette « bataille de tranchées » n’est concentrée que sur une courte distance et qu’un parking gratuit existe à quelques mètres de là (pour l’instant, ndlr).

Stationnement sur Maison dans les Bois (2017) – lacourrouze.fr

Voici donc un résumé d’une année de « guerre de territoire ».

Proposition 1 : « Koh Lanta » ou l’épreuve des poteaux.

Pour restreindre l’accès aux voitures, plusieurs bornes en demi-sphère ont été fixées à même le sol. Mais régulièrement, certaines sont enlevées donnant ainsi un accès « inespéré » aux voitures. Une de perdue, dix de retrouvées ? Pas si sûr… Après les avoir remplacées à chaque fois, le stock semble s’amenuiser car ce sont des potelets à boule qui les substituent dorénavant (voir ci-dessous, ndlr)

Photo @politistution – un potelet remplace une demie-sphère

Proposition 2 : Solide comme un roc !

De gros blocs de pierres ont été déposés sur les trottoirs juxtaposant les nouvelles habitations, ici, un immeuble R+12 (12 étages). Le résultat est sans appel. C’est moche mais efficace. Les voitures ne s’y aventurent pas. Malheureusement, on ne fait que déplacer le problème. A quelques centimètres de là, une rangée de voitures s’agglutine régulièrement le long de l’accotement (voir ci-dessous, ndlr).

Photo @politistution

Proposition 3 : Savez-vous planter des bois à la mode de chez nous ?

Une alternative à la pierre est la délimitation en rondins de bois. Plus discrète et mieux intégrée à l’environnement, elle empêche les voitures de se garer sur le bas-côté et de massacrer au passage la nature environnante. Malgré le côté champêtre, efficacement parlant, ce n’est pas une réussite ! Comme évoqué précédemment, les plus téméraires continuent de s’installer à côté, empiétant un peu plus sur l’allée et interdisant ainsi  le croisement des voitures.

Photo @politistution – rondin de bois

Proposition 4 : On casse tout et on recommence !

Enfin, quand plus rien ne va, aux grands moteurs, les grands remèdes ! Dernièrement, un espace régulièrement squatté a été transformé en un immense bac à sable ou litière pour animal de compagnie (ps : à vrai dire, la finalité de la chose est encore floue, ndlr).

Avant travaux :

 

Après travaux :

Photo @politistution

Mise à jour 17/01/2020 :

Une nouvelle année commence et avec elle, une nouvelle dégradation permettant aux voitures d’accéder à un espace interdit auparavant.

Photo @politistution

 


Épilogue

Malgré tous ces stratagèmes déployés au fur et à mesure, le stationnement sauvage/gênant perdure. Pire, une étape supplémentaire a été franchie puisqu’un panneau indiquant un stationnement réservé aux personnes en situation de handicap a été enlevé. Purement et simplement (voir ci-dessous, ndlr). La nature n’aime pas le vide, les automobilistes non plus.

Photo @politistution


Stationnement sauvage d’automobilistes
Le stationnement sauvage sur les trottoirs : état des lieux et solutions.
Municipales : la voiture en ville, stop ou encore ?

4 commentaires sur “Rue des Munitionnettes, une guerre des territoires qui n’en finit pas…

  1. Fred

    Bon nombre de ces propriétaires de véhicules disposent aussi, souvent, d’un box (garage fermé en sous-sol), mais qui est utilisé pour autre chose (comme une pièce annexe de l’appartement, parfois même aménagé avec placard, lambris…), soit n’est pas utilisé du tout…
    Problème bien idendifié, qui à d’ailleurs amené, à Cesson (ViaSylva), l’idée de ne pas/plus systématiser les box dans les sous-sols. Pour que les véhicules s’y stationnent d’avantage.
    (A voir si c’est efficace…)

  2. Benoît

    Faut aller faire un tour rue de StBrieuc les jours de match ! C’est carrément la foire. Les mecs sont garés au milieu de la chaussée, empêchant de rentrer ou de sortir des rues perpendiculaires. C’est dingue cet incivisme. Pour la beauté du sport j’imagine

  3. Julie

    J’ai habité rue des munitionnettes durant près de 3 ans, le problème n’est pas la paresse des habitants mais l’ignorance des municipalités face à ce problème. Avant même la construction des nouveaux immeubles (Boulevard Pierre Mendes France, Boulevard Jules Maniez…)
    nous avions signalé que le stationnement était très compliqué. Pour beaucoup la Courrouze est un compromis, les couples dont l’un travaille sur Rennes et l’autre à l’extérieur car proche de la rocade notamment. Le quartier est encore assez peu desservi par les transports en communs. Nous étions donc beaucoup à avoir besoin de deux véhicules pour aller travailler même si nous étions aussi beaucoup à préférer les déplacements en vélo ! La solution proposée par les municipalités pour remédier au problème du stationnement était de louer un véhicule… qu’il faut ensuite stationner en rentrant chez soi le soir. Il y a effectivement un parking temporaire situé à proximité de la rue mais l’accès est compliqué (surtout pour les personnes à mobilités réduites, les poussettes) et l’éclairage laisse fortement à désirer. Le problème c’est que les immeubles poussent comme des champignons et que le stationnement n’est toujours pas une priorité. Avec l’arrivée ensuite de la ligne métro le quartier va encore un peu plus sombrer. Ce qui est bien dommage !

  4. Jeffrey

    Le cas devient récurrent. Ainsi le nouveau quartier Baud Chardonnet n’y déroge pas. Il n’y a qu’à voir le nombre de véhicules stationnés aux abords. Il y a pourtant des places de stationnement intégrées au bâtiment que peu utilise. Il faut également signaler que le ratio de stationnement y est à la base très bas: 0.7 voitures par habitant.
    En conclusion: la politique de la ville est de supprimer au maximum l’usage du véhicule, ce que beaucoup ne sont pas prêt à faire.

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