« En 15 ans, l’écart de revenu entre les personnes les plus pauvres et les plus aisées a augmenté de 15 % »

En collaboration avec l’Insee, l’agence d’urbanisme de Rennes Métropole AUDIAR a dévoilé au début du mois de juin un rapport instructif mettant en lumière les niveaux de revenus des ménages, et leur évolution au sein de la métropole rennaise. On rapporte ici une tendance forte qui nous a interpellé, tout en vous conseillant, bien sûr, la lecture intégrale du dossier à consulter ici.

Économiquement dynamique, Rennes Métropole est connue pour son niveau de vie élevé. Celle-ci voit plus de la moitié de ses ménages bénéficier d’un revenu disponible supérieur à 23 740 € par unité de consommation (UC), après impôts et prestations sociales. Elle se positionne ainsi comme la troisième métropole française affichant le niveau de vie médian le plus élevé, après Nantes et le Grand Paris.

Les Unité de Consommation (UC) sont un système de pondération attribuant un coefficient à chaque membre du ménage et permettant de comparer les niveaux de vie de ménages de tailles ou de compositions différentes. Avec cette pondération, le nombre de personnes est ramené à un nombre d’unités de consommation (UC).


  • Rennes métropole : 50 % des ménages bénéficient d'un revenu disponible supérieur à 23 740 €
  • En Ille-et-Vilaine : 50 % des ménages bénéficient d'un revenu disponible supérieur à 22 840 €
  • En France métropolitaine : 50 % des ménages bénéficient d'un revenu disponible supérieur à 22 400 €

« En seulement 15 ans, l'écart de revenu entre les plus pauvres et les plus aisés a ainsi augmenté de 15 %. »

Malgré un revenu médian supérieur de 4 % à la moyenne départementale, et de 8 % par rapport au niveau national, des inégalités significatives se manifestent. En effet, une analyse détaillée révèle que 20 % des ménages disposent d'un revenu inférieur à 15 700 € par UC, tandis que pour les 20 % les plus privilégiés, ce chiffre atteint 33 600 €.

Selon cette étude, si l'on se fie uniquement aux revenus déclarés, le quatrième quintile a vu ses revenus augmenter de 3 % en l'espace de huit ans, tandis que le premier quintile a subi une diminution de 5 % sur la même période. Le rapport inter-quintile a ainsi connu une augmentation, passant de 2,56 en 2012 à 2,78 en 2020.

Pire, en regardant sur une période plus longue, les écarts entre les plus pauvres et les plus riches s'accentuent de manière encore plus frappante. Entre 2004 et 2020, le premier quintile a connu une baisse de 5 % de ses revenus, tandis que le quatrième quintile a vu une augmentation de 10 %. Ainsi, en seulement trois quinquennats, l'écart de revenu entre les plus pauvres et les plus aisés a augmenté de 15 %.

LES NIVEAUX DE REVENUS DES MÉNAGES ET LEURS ÉVOLUTIONS AU SEIN DE RENNES MÉTROPOLE
AUDIAR - LES NIVEAUX DE REVENUS DES MÉNAGES ET LEURS ÉVOLUTIONS

+d1fos : La région Île-de-France est la plus inégalitaire de France, selon l'Observatoire des inégalités. « Financièrement parlant, les 10% les plus pauvres ont un niveau de vie maximum de 918 euros par mois quand les 10% les plus riches atteignent, au minimum, 4.100 euros par mois (pour une personne seule). L’écart monétaire s’établit donc à 3.200 euros mensuels. »

Même si Rennes Métropole est le cinquième EPCI brétillien où les personnes pauvres ont les revenus les plus bas, le rapport d'AUDIAR tempère malgré tout. Bien que l'écart entre les hauts et bas revenus y soit présent, il reste relativement restreint comparé à la moyenne nationale. Parmi les 22 métropoles françaises étudiées, seules quatre d'entre elles affichent des écarts plus faibles entre les hauts et bas revenus. Il s'agit de Brest, Dijon, Saint-Étienne et… Nantes.

ÉVOLUTION DES 1ER ET 4ÈME QUINTILES DE REVENUS DÉCLARÉS PAR UNITÉ DE CONSOMMATION ENTRE 2004 ET 2020 À RENNESMÉTROPOLE SELON LE TYPE DE MÉNAGE
ÉVOLUTION DES 1ER ET 4ÈME QUINTILES DE REVENUS À RENNES MÉTROPOLE

Au fil des 15 dernières années justement, 2 communes de la métropole, Rennes et Saint-Jacques de la Lande, ont connu une augmentation marquée de la population vivant dans des ménages défavorisés.

Une tendance singulière émerge précisément à Rennes. La ville bretonne se distingue en étant la seule commune où les tranches de population aisées et pauvres ont connu une augmentation significative, au détriment de la classe intermédiaire,  considérée autrefois comme le socle de la stabilité économique.

Par effet domino, ou dynamique en cascade, les classes intermédiaires semblent s'installer dans la deuxième et troisième couronne de la métropole, créant ainsi un impact significatif sur la répartition socio-économique. Ainsi, La-Chapelle-Chaussée, ou Bécherel voient leur population traditionnelle plutôt à bas revenus remplacer par des habitants aux revenus intermédiaires.  « La progression de la part des revenus intermédiaires est ainsi encore plus nette au-delà de Rennes Métropole. Ces classes de revenus sont en progression dans toutes les communes de cette couronne rennaise. »

ÉVOLUTION DE LA PART DESREVENUS ENTRE 2004 ET 2017
ÉVOLUTION DE LA PART DES REVENUS ENTRE 2004 ET 2017

+d1fos : rappelons que début 2021, la moitié des ménages vivant en France possède 92% du patrimoine brut de l’ensemble des ménages. Les 5% les mieux pourvus en détiennent 34% et les 1% les mieux pourvus, 15%. De plus, l'écart entre les riches et les pauvres continue de se creuser : en 2021, le patrimoine des 10% les plus fortunés est 163 fois supérieur à celui des 10% les plus démunis, par rapport à 158 fois en 2018, selon la dernière enquête de l'Insee.

Illustration FLICKR/  / Les Horizons

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