On connaissait Mami Chan à travers son groupe punk-rock expérimental Mami Chan Band, et notamment le dernier album du groupe, No mort. Des chansons bien barrées comme Parapluie suscitaient chez nous une grande curiosité à l’idée de découvrir le nouveau projet de l’artiste. Car ce projet s’adresse cette fois-ci au (très) jeune public. Le spectacle du Village des Petites Boucles est né du livre-disque Town of Tiny Loops réalisé avec Stéphane Blanquet en 2010. Comment l’artiste allait transposer seule l’univers de l’ouvrage-audio en un court spectacle d’une demi-heure ?
On entre dans la salle de l’Antipode, et première bonne surprise, seuls quelques chaises, bancs et coussins font face à la scène. La jauge est limitée à 80 spectateurs, ce qui apparaît judicieux car l’album est composé de nombreuses comptines et berceuses, nécessitant des conditions d’écoute particulières. Deuxième bonne surprise : une petite chaise, une petite table, on se dit que Mami Chan va évoluer au contact des enfants (qui représentent la moitié du public).
Le titre du spectacle s’affiche sur un fond bleu projeté sur une grande toile, et fait bientôt place à une maisonnette perdue dans la montagne. On entend la voix de Mami Chan, puis on découvre son ombre derrière la toile. Elle s’intalle derrière son clavier posé sur une minuscule table et joue les première notes de Town of Tiny Loops, titre qui ouvre l’album. La neige tombe sur le décor projeté pendant cette douce berceuse et le silence se fait.
Puis elle sort d’un panier différents objets étranges, un appeau en forme de canard, une lampe-torche cochon, une boite à bonbon musicale : elle utilise alors une pédale de boucles pour élaborer une rythmique originale avec ces objets. C’est très bien exécuté, même si l’on sent les plus jeunes enfants quelque peu intrigués (« elle fait quoi la dame ? »). Puis une recherche un peu longue d’un escargot mécanique avec son cochon lumineux, pour introduire Après la Pluie, jolie comptine avec de très beaux effets visuels (elle crée de petites bulles qui trouvent un écho dans la projection sur la toile). Mais les plus jeunes décrochent un peu.
Or le spectacle est bien contruit puisque Mami Chan va envoyer une petite mélodie électro-pop en japonais, sur laquelle elle danse joyeusement avec deux créatures projetés, tirées de l’univers de Blanquet. Mais l’absence de narration fait que les petits semblent un peu perdus. Et la participation d’une jeune fille sur le titre Un Avion ne suffit pas à les capter suffisamment. Les jolies berceuses qui suivent accentuent encore le phénomène, même s’il faut reconnaître à l’artiste une jolie voix aérienne sur de très belles mélodies originales.
Elle réussit cependant à reconquérir son jeune auditoire avec Papillon, qu’elle décompose (pa-pa-pa, pi-pi-pi, llon-llon-llon) en utilisant l’auto-tune avec beaucoup de brio. Et là, petit miracle, le public reprend les paroles ! A la toute fin du spectacle, elle fait participer les enfants sur Agneau de Printemps, avec des gestes simples et parfois décalés, et petits (et grands !) miment joyeusement la chanson. Et tout le monde quitte la salle en faisant la chenille.
Ce joli spectacle nous a séduit, avec une petite réserve quant à la présentation auprès d’un public très (trop ?) jeune : les très belles mélodies de Town of Tiny Loops nous ont ravis, nous adultes, mais ont laissé les plus jeunes un peu perplexes. Le spectacle est composé d’une succession de tableaux musicaux et visuels réussis, mais l’absence de narration rend l’attention plus fugitive. Il faut dire que le livre composé d’illustrations de Blanquet ne raconte pas une histoire : c’est un support visuel accompagnant le disque, fait de tableaux illustrants les titres. On peut d’ailleurs trouver que les projections durant le spectacle restent un peu trop sobres, en comparaison des illustrations riches de Stéphane Blanquet.
L’absence de narration aurait pu être compensée par une participation plus active des zouzous pendant le spectacle : mais là encore, le projet de départ est avant tout composé de nombreuses chansons douces. Difficile dans ce cas de faire participer les plus jeunes enfants… Ce que Mami Chan a réussi à faire avec beaucoup d’énergie et de talent vers la fin du spectacle ! Mais avec des titres qui ne figurent pas dans l’album Town of Tiny Loops, comme Papillon ou bien Agneau de Printemps.
Un spectacle pour les jeunes enfants à partir de 3 ans, mais qui finalement s’adresse probablement à des enfants un peu plus grands. En tout cas, les adultes et les enfants un peu plus agés semblent avoir apprécié cette douce parenthèse. De jolis mélodies, une belle voix aérienne et un univers original et poétique, bref un beau spectacle que nous vous invitons à découvrir lors d’une nouvelle représentation.
Photos : Solène
Vue cet été à Hédé en jeune compagnie… effectivement, à quasi 5 ans, ça n’a pas pris, à 7 ans impec et avec enthousiasme, quant à moi, j’ai regretté que la première chanson mette la barre si haut que le reste en regard m’avait (unt peu) déçue. Mais l’univers et l’ambiance particuliers donnent envie de retourner y voir une prochaine fois !