La belle soirée festive proposée par le label rennais aura tenu toutes ses promesses. Une série de concerts qui montera en puissance pour un final aussi furieux que réjouissant.
Pour raisons d’amitié et de pâtes, nous loupons l’inauguration de l’expo et le concert de Prosperi Buri. Dommage, nous étions fort curieux de voir l’un et l’autre. Pour les dessins, on a jusqu’au 10 décembre pour se rattraper. Pour la musique, on compte bien avoir d’autres occasions.
Nous arrivons donc pile à temps pour la prestation des helvètes d’Honey for Petzi. Les garçons rendront justice à leur belle réputation scénique et livrent un set carré, aventureux et puissant. Les morceaux s’enchainent avec aisance et fluidité, mariant sans sourciller tripatouillages math-rock et pop plus directe. Le mélange est un peu déconcertant mais l’ensemble tient pourtant bien la route grâce à l’énergie et la maîtrise des musiciens. On a aussi bien apprécié le ballet des instruments et les variations sur les chants selon les morceaux.
Histoire de conclure en beauté, ils terminent le concert sur deux morceaux plus incisifs dont une classieuse et imparable reprise de Chevreuil. Ça commence donc fort bien.
Les rennais de Formica arrivent ensuite avec toutes les bonnes raisons d’être vénères. Leur premier album, dont ils venaient fêter la sortie, est resté dans les cartons à l’usine et une de leur guitare leur joue d’emblée un vilain tour. Le temps d’en emprunter une aux Møller Plesset et c’est reparti. Le contraste avec le groupe précédent est un peu déstabilisant. Leur indy rock sans fioriture semble de prime abord bien simple et classique par rapport aux tricotages des Petzi. Pourtant l’efficacité et l’énergie des gars finissent par l’emporter et on prend beaucoup de plaisir à l’imparable basse de Podium ou aux chœurs narquois de This is my story. Le set se termine généreusement par deux reprises des indémodables Wire et une autre qu’on dirait que c’était le Wedding Present mais qu’on n’en est pas sûr ?
Tant pis pour le disque, on pourra toujours aller l’acheter à Alphagraph ou Blindspot.
Tout ça c’est bien beau, mais la vraie bonne claque de la soirée, c’est Møller Plesset qui va la distribuer. Du haut de leur quinze années d’expériences, les papes de la noise expérimentale rennaises vont montrer qu’ils n’ont rien perdu de leur classe et de leur fougue. Leur math-noise intense et complexe sans jamais être pédant, fait mouche et conquiert rapidement un public fervent. Le duo de guitares et le batteur restent d’une efficacité remarquable même dans les méandres les plus déstabilisants des compos. Le chanteur tient miraculeusement en équilibre entre flegme classieux et rage pure.
Mêler exigence, expérimentation et puissance avec autant de grâce, il faut reconnaître que peu de groupes en sont capables.
Le groupe jouera une bonne heure, magnifique de la première à la dernière note, poussé jusqu’à bout de leurs forces par les exigences bienveillantes des copains/fans venus en force. Au final, groupe comme public affichent un sourire ravi, content d’avoir partagé ça.
On ne peut que fortement conseiller l’achat de leur excellent nouveau EP : Hartree-Fock Method. D’abord parce les quatre morceaux qu’il regroupe sont tous impeccables, ensuite parce que l’objet est soigneusement emballé dans une superbe et inquiétante sérigraphie de l’inévitable EM.