Le Bob Théâtre revient donc à l’occasion de cette édition Mythos 2016 au Pôle Sud. Un endroit qu’ils connaissent bien puisqu’ils y étaient en résidence en décembre 2014. Melville est à l’honneur.
Bartleby, c’est d’abord une cabine de marionnettes toute de velours gris tendue, surplombée par la skyline de Wall Street. C’est aussi, Greg à la musique (et en chapeau haut de forme) ; Denis, en conteur-meneur de marionnettes ; et Julien, retardataire, livreur de sandwichs, et marionnettiste.
Mais filons plutôt à New York en 1853. Trois marionnettes sont mises en scène par Denis : les copistes, Dindon et Lagrinche et leur employeur, huissier de justice. Enfermés dans la cabine, à la merci de ces rideaux qui s’ouvrent et se ferment, du soleil se levant sur la skyline, les pitreries défilent. Car ces deux copistes font preuve de peu d’assiduité au travail, l’un dort sous l’effet de l’alcool, l’autre passe son temps aux toilettes… Rires des petits et des grands.
Et puis un jour, l’huissier de justice recrute Bartleby. Matinal et ponctuel, il a tout du moine copiste. Il rédige à la bougie le soir et abat une somme de travail considérable. Mais rapidement, à toutes les sollicitations, il répond : « je préférerais ne pas », la guitare arrêtant de fredonner son gimmick lancinant, ne laissant plus à l’écoute que le bruit de la plume crissant sur le papier… On bascule alors dans une atmosphère beaucoup moins drôle : mélancolie et agacement de l’huissier, lumière blafarde sur Bartleby, cette marionnette aux grands yeux cernés.
Et la contagion maniaco-dépressive de se propager sur scène : le marionnettiste lui aussi « préférerait ne plus » agiter sa marionnette… La suite de la pièce prend une tournure beaucoup plus tragique et finit sur une note assez désespérée (dont on ne dévoilera rien).
Le Bob Théâtre signe ici une composition qui passe de l’humour à la noirceur en 1h de temps. Si la première partie avec la présentation de l’histoire de Brtleby en marionnettes est assez limpide, la seconde partie nous a moins tenues en haleine, souffrant, à notre avis, de longueurs. Le public toutefois, et notamment les enfants présents, ont eu l’air de sortir de la salle avec le sourire.
Photos : Catherine Gaffiero – La Vie Invisible