« Bucarest, décembre 2012, bâtiment de la Révolution, parking souterrain, un chien, le dernier. Il attend les hommes du gouvernement, la gueule pleine de bave et la peur au ventre. » Dans l’intimité de la Parcheminerie, Sergio Grondin nous a fait cadeau de la lecture d’extraits de son prochain spectacle. Où la liberté se paie au prix fort de l’animalité.
Sergio Grondin a cette capacité tout à fait fascinante de nous entraîner en deux-trois phrases dans le sillage de ces histoires. Ici, adieu soleil, adieu mots chantants, adieu Bourbon… direction les Balkans, les steppes, le froid, la faim. On suite une meute de chiens, son mâle Alpha, deux frères et une femelle. Une meute qui fuit la faim de l’hiver en forêt pour se réfugier à Bucarest, la gueule humaine.
C’est tout en ellipses que nous plongeons dans le nouvel univers de Sergio Grondin. Il nous explique au préalable le terreau de ce nouveau texte : sa tournée en Roumanie, sa rencontre avec ces meutes de chiens, retournés pour certains à l’état sauvage, qui malgré tout s’arrêtent aux feu rouges mais face à qui on change de trottoir. Cette rencontre et les légendes urbano-canines autour de ce phénomène des meutes l’ont amené à écrire ce nouveau spectacle Les Chiens de Bucarest. Et si un de ces chiens se mettait à parler, à raconter ? si ces meutes étaient le symbole de la folie qui règne et a régné en Roumanie ? si elles étaient le symbole de ces peuples nomades opprimés, de ces peuples déportés et massacrés ?
Et à l’écoute des ellipses qui nous sont contées par Sergio Grondin, texte en main, on retrouve effectivement des stigmates de l’animalité humaine : couple oppresseur/opprimé, chasse, gibier, survie, tyran, banni. Prennent vie dans le récit des meutes de chiens les barbaries humaines : purification, bruit des bottes de la Milice, sauvagerie, extermination…
Les prémices de ce texte sont fortes et poignantes. Et on se dit que le résultat final sera à voir et à écouter, sans hésiter !
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Festival Mythos (15-21 avril 2014)
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