Purple Mountain, gagnant du Tremplin Pays de Vannes, a pour particularité d’être seulement composé d’un guitariste et d’un batteur. On pense forcément aux illustres ainés ayant brillamment expérimenté cette formule (Black Keys notamment). Mais la particularité de ce duo est de produire des mélodies pop survitaminées, passées à la moulinette blues-rock. Un duo prometteur, tant leur set est nerveux, et le chant de Dorian rageur à souhait. Un duo en recherche d’identité, mais qui a su prendre un virage qui lui confère son originalité musicale. Nul doute que leurs prochains enregistrements confirmeront ce potentiel. Nous avons interviewé Dorian et Ronald, aka Daniel Purple et Jack Mountain, quelques minutes après leur concert. Rencontre.
Alter1fo : Vos premières impressions après ce passage sur la scène des Jeunes Charrues ?
Dorian : Très content, j’ai trouvé le public super réactif. J’ai essayé de profiter de chaque instant, en prenant un peu de recul par moment et en me disant « c’est cool, on est aux Vieilles Charrues !». J ‘ai vraiment kiffé tout le concert, il y a eu un peu de stress la première minute et après c’est passé, on était tous les deux bien l’un avec l’autre.
Ronald : On a vraiment eu très peu de temps : on a fait un check qui était assez long au niveau du son, on est sorti de scène 5 minutes et on y est retourné. Du coup on n’a pas vraiment eu le temps de flipper, on était dans le truc et finalement c’est peut-être mieux dans ce sens là. C’est passé super vite, j’ai apprécié chaque instant. Il y avait vraiment de la vie dans notre concert, c’était plutôt plaisant à faire, c’était assez classe.
Comment est né votre groupe ? Je crois que ça fait que 1 an ?
Dorian : Un an et demi. Notre premier concert était en janvier 2011.
Ronald : Pour la petite histoire, on jouait déjà dans un groupe tous les deux : je jouait à la batterie et Dorian était chanteur dans ce groupe. Et puis petit à petit, pendant les pauses des répéts on s’est mis à jouer tous les deux et on s’est rendu compte qu’il y avait peut-être quelque chose à faire. On a un peu creusé le sillon, ça s’est fait progressivement. Il y a un an et demi, premier concert, le déclic : on avait déjà le projet dans les tiroirs, on avait fait quelques répétitions.
Vous avez pas mal de compos à votre actif ?
Dorian : Des compos on n’en a pas tant que ça, grosso modo une quarantaine mais il y a pas mal de vieilles compos, très blues, très garage, assez punchie. Après avoir gagné le tremplin des Jeunes Charrues, on s’est vraiment rendu compte qu’il y avait une incohérence dans ce que l’on faisait, un coup on faisait du blues, après de la pop, après une berceuse. On s’est dit qu’il fallait qu’on prenne un risque dans un sens : on a pris une voie où les gens ne nous attendaient pas forcément, une espèce de pop qui blaste un peu quand même, avec du gros son. Sur le set d’aujourd’hui, il y avait sept chansons, et quatre étaient des nouvelles chansons qui ont un mois et demi. L’idée, c’est de creuser dans cette voie. Actuellement, on n’a pas beaucoup de nouveaux morceaux : donc quand on doit jouer une heure, on fait des vieux morceaux. On en est au Purple 2.0 (rires)
Quand on écoute votre musique, ce n’est pas du blues-rock auquel on injecte de la pop, c’est de la mélodie pop avec une grosse guitare.
Ronald : C’est vrai. Le lien dans ce que l’on fait, c’est la voix : dans cette mesure là, on est un groupe de pop. Mais on aime bien les groupes Américains comme Queen of the Stone Age avec des guitares qui ramonent un peu les dents. On essaye d’allier les deux éléments.
Dorian : Le but du jeu, c’est qu’il ne manque pas de basse et on a à peu près résolu le problème. Ca rentre dans le lard, ce n’est pas juste une guitare et une batterie, c’est une grosse guitare et une batterie.
Ronald : Il y a aussi des morceaux un peu plus calmes, un peu plus posés et ça nous semble tenir la route. On arrive à élargir un peu le spectre, ne pas tomber uniquement sur des morceaux bourrins avec des grosses guitares : il faut de la nuance.
On a senti la nuance !
Ronald : Cool ! C’est quelque chose qu’on a beaucoup travaillé. C’est important, pour faire vivre un groupe sur scène, qu’il y ait de la nuance.
Dorian : On est un peu comme des chiens fous : quand on monte sur scène, on joue tout à fond. Ronald tape chaque coup de grosse caisse pareil, je ne mets pas trop de nuance dans la guitare. Il y a de la nuance dans le son, mais dans la manière de jouer, on est vraiment en train de travailler ça.
Ronald : L’objectif ultime d’un groupe, c’est de jouer un set très vivant. A la base, c’est nous qui produisons le son, il ne faut pas faire tous les coups la même chose.
Dorian : On a un côté un peu trop grunge on/off, couplet calme / refrain qui rentre dedans. A terme, ça passera par une palette de sons un peu plus large. Et dans la manière de jouer, apporter de la nuance, jouer tous les deux piano.
Plutôt que de nous parler de vos influences, pouvez-vous nous citer trois disques sans lesquels vous ne pourriez pas vivre ?
Dorian : L’album blanc des Beatles, l’album rouge de Queen of the Sone Age, Songs for the Deaf et Is This It, le premier album des Strokes.
Ronald : Il y a aussi l’album rouge de Queen of the Stone Age parce que c’est un disque fondateur, le premier album des Breeders qui s’appelle Pod, un super disque, et puis le premier album de Pavement qui s’appelle Slanted and Enchanted : il est vraiment génial !
Comment composez-vous ? Chacun amène ses idées ou alors il y en a un qui compose ?
Dorian : J’arrive avec une idée de départ, j’ai plus ou moins la musique dans la tête, les refrains, les ponts… Quand on arrive en répét, étant donné que je ne suis pas batteur, Ronald va vraiment amener quelque chose de différent : il se greffe dessus et ça nous amène souvent à transformer l’idée que j’avais au départ. C’est moi qui amène l’idée fondatrice, le riff ou la mélodie de la voix, mais au final on peut dire qu’on compose à deux. La musique finale n’a pas grand chose à voir avec ce que j’avais enregistré chez moi à l’arrache ! (rires)
Ronald : On discute des finitions, des montages, des plans, les morceaux évoluent forcément. Un morceau n’est pas figé, on les fait vivre aussi. Naturellement, il y a des plans qui s’imposent à nous, mais on fait aussi des boeufs.
J’ai lu que vos pseudos, Jack Mountain et Daniel Purple, étaient là pour couper avec votre premier groupe.
Dorian : A la base, on voulait faire le groupe le plus cool du monde : Purple Mountain c’est le nom du groupe le plus cool du monde pour moi (rires). Effectivement, on s’était mis des pseudos pour couper avec le groupe qu’on avait avant et on s’est posé la question avant les Jeunes Charrues : ça a beaucoup évolué, ce n’est plus très blues et on a des pseudos qui sonnent américains, Daniel Purple et Jack Mountain. Mon vrai prénom c’est Dorian, lui c’est Ronald. On avait cette approche : « lui c’est Jack, moi c’est Dani, on est les Purple Mountain ». Je trouvais ça classe de dire ça quand on était sur scène, ça fait une petite musique.
On voulait peut-être transformer ceci, car ce que l’on fait aujourd’hui est beaucoup moins dans le cliché blues, c’est une part de nous. Maintenant, quand on est sur scène, on est davantage nous-mêmes : tout à l’heure, j’étais à la limite de dire « lui c’est Ronald, moi c’est Dorian », mais pour la confiance, on a gardé ce gimmick. Effectivement, quand tu lis la bio, ce qu’on fait ne ressemble pas aux Black Keys, et Jack et Dani ce n’est plus vraiment nous : cette bio est un peu obsolète ! (rires)
Vous en êtes où au niveau des enregistrements ?
Dorian : C’est assez compliqué : avant les Jeunes Charrues, on a essayé d’enregistrer un trois titres avec des nouvelles chansons pour arriver avec un son actuel, parce que le titre qui figure sur la compil des Jeunes Charrues ne représente plus vraiment ce que l’on fait. Mais j’ai eu une extinction de voix, et comme on ne peut pas avoir éternellement le studio, on a fait avec. Le résultat n’était pas terrible donc on a préféré venir sans rien : les gens peuvent nous juger avec ce qu’ils voient plutôt que d’avoir un CD dont on n’est pas fiers.
A terme, peut-être au début de l’automne ou fin de l’automne, on essayera d’enregistrer. Avant de retourner en studio on va essayer de se poser, de faire moins de concerts afin qu’il y ait une cohérence dans ce que l’on enregistrera. Histoire de se poser les bonnes questions sur ce qui nous résume : on est à la quête de ce que sont les Purple Mountain ! (rires) Un truc que les gens peuvent écouter en se disant : « tiens, c’est du Purple Mountain ». Pour l’instant, quand on nous écoute, on se dit, ça me fait penser à Radiohead, à Nirvana. C’est logique, il y a une maturité à acquérir. A moins d’être un génie et s’appeler Jimmy Hendrix, je pense qu’en un an et demi tu n’as pas le temps de pondre un truc….
Ronald : C’est dur de se détacher de ses influences, on essaye toujours d’aller au-delà mais elles nous collent toujours un peu aux baskets.
Au niveau des dates à venir ?
Ronald : On a une super date le 10 août, à Landerneau, un festival qui s’appelle Fête du Bruit : on a gagné un tremplin, donc on ouvrira le festival le vendredi.
Dorian : Et ce soir là il y aura David Guetta, Kavinsky et le lendemain, Catherine Ringer, Miles Kane.
Ronald : C’est un gros festival, on a aussi hâte d’y être !
Dorian : Ca nous fait un bel objectif en août. On a ensuite plusieurs petites dates dans les bars (sur le Myspace) et on aura sûrement des dates qui vont tombées d’ici novembre.
Merci !
Dorian et Ronald : Merci à vous!
Un grand merci à Dorian et Ronald pour nous avoir accordé cette interview quelques minutes après leur concert.
Retrouvez les photos des concerts du vendredi 20 juillet, avec notamment Purple Mountain :
Photos : Solène
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