On a vu à Mettre en Scène 2010 : L’Iceberg

Le cirque de la finance mondiale, ses malversations, ses manipulations… sont au cœur du spectacle L’Iceberg mis en scène par Florence Caillon et interprété par la Cie L’Eolienne.

Un monde en déséquilibre

On entre de plein fouet dans ce spectacle. Les artistes sont sur scène et s’échauffent. Un grand écran en fond de scène diffuse un documentaire en anglais sous-titré sur les débuts de la consommation de masse aux Etats-Unis. Le ton est donné.

Mettre-en-scene-2010-Iceberg2-c-Darri-CNAR-niort
Entrez messieurs dames, dans un monde fait de méandres de manipulations et de délinquance financière … « L’évasion des capitaux est un crime contre l’humanité », commence par dire la bande-son de ce spectacle.
Sur le plateau, 8 acrobates qui évoluent au sol et dans les airs sur un pont métallique. En équilibre et en déséquilibre. En force et en douceur. En l’air, comme de vulgaires marionnettes qu’on fait tournoyer au gré des manipulations.

Mettre-en-Scene-2010-Iceberg3-c-Cie-Eolienne
Leurs performances oscillent entre ciel et plateau, sécurisés ou non, en appui sur des éléments mobiles comme le trapèze. Les corps se balancent au rythme des traîtrises financières et sont balancés comme des fétus de paille par les chutes de la Bourse. Les danseurs acrobates luttent, sont le jouet de forces supérieures ou les font jouer. Mais la puissance poétique des corps reste l’espoir qu’une petite part d’humanité existe dans ce monde désincarné de la finance qui semble gérer l’univers.

 

Dénoncer ?

Florence Caillon, chorégraphe et metteur en scène, dénonce cette délinquance financière, l’un Mettre-en-Scene-2010-Iceberg2-c-Cie-Eoliennedes fléaux du monde globalisé. Et elle s’appuie sur le journaliste écrivain plasticien Denis Robert, qui a enquêté et publié pendant près de 10 ans sur la société luxembourgeoise Clearstream. La bande-son du spectacle repose d’ailleurs quasi complètement sur des enregistrements d’interviews de journalistes et spécialistes de la finance : Denis Robert, mais aussi Bernard Bertossa (ancien procureur de Genève), Benoît Collomba (reporter à France Inter), Serge Halimi (rédacteur en chef du Monde Diplomatique).

Difficile parfois de se concentrer à la fois sur la bande-son et sur ce qui se passe sur le plateau… Comme si cette manipulation dénoncée par Florence Caillon nous menaçait également. Comme si le visuel nous happait au détriment de la réflexion et de la compréhension des propos.

 

Objet artistique

Mais la pièce reste avant tout une œuvre chorégraphiée. Avec ses tensions et ses bulles d’oxygène où le public se relâche, même si le propos est toujours aussi grave. Et cela n’en est pas moins inquiétant. Comme dans ce tableau où les artistes sont transformés en vieux banquiers à tête de cire, tous habillés de la même façon, en costume avec redingotes noires ; ils se serrent convulsivement les mains, puis celles du premier rang qu’ils ont rejoint comme s’ils étaient en campagne politique. Ils se lancent ensuite dans une danse tribale où le ridicule fait rire le public. Mais au fond, sommes-nous vraiment loin de la réalité ?

Mettre-en-Scene-2010-Iceberg-c-Cie-Eolienne

Le spectacle s’achève sur la diffusion des premières images du film de Fernando Solanas, Mémoire d’un saccage : Argentine, le hold-up du siècle, qui dénonce 25 ans de « mafiocratie » à la tête de ce pays riche qu’est l’Argentine et qui l’ont conduit à la faillite.
Alors, L’Iceberg, spectacle-réflexion sur le monde et ses changements ? oui, assurément. Mais qui fait froid dans le dos. Et vous avez jusqu’à samedi pour les voir…

Retour au dossier Mettre en Scène 2010 sur Alter1fo

____________________________

Quand ? Du mardi 09 au samedi 13 novembre 2010
Où ? Grand Logis à Bruz
Durée ? 1h20
Renseignements et réservations ? Billetterie du TNB, 1 rue Saint-Hélier 35000 Rennes : 02 99 31 12 31

1 commentaire sur “On a vu à Mettre en Scène 2010 : L’Iceberg

  1. Bomber

    Vraiment bien même pour les personnes ne connaissant pas le sujet clearstream. le décor de scène et les interruptions des danseurs acrobates en milieux de spectacle, est un concept plus qu’intéressant ! Je ne regrette pas.

Laisser un commentaire

* Champs obligatoires