Nuit électronique : techno hors piste @ l’Antipode MJC

Clubber.euse.s, oreilles curieuses aux fourmis plein les jambes, amateur.trice.s de nouveaux sons et de têtes chercheuses pour dancefloor, rendez-vous à l’Antipode MJC le samedi 5 octobre pour le retour de la Nuit Électronique et sa techno résolument hors piste avec une programmation des plus excitantes. Explications.

L’une des (nombreuses) facettes du kaléidoscopique festival Maintenant reflète en effet les myriades irisées qui illumine(ro)nt maintenant (et demain) les nuits électro et techno de leurs productions racées et pointues.

Pour ses soirées clubbing, Maintenant, ici en coproduction avec l’Antipode MJC, aime ainsi concocter des programmations exigeantes, alliant talents en devenir, têtes chercheuses et efficacité sur le dancefloor avec des artistes emblématiques d’une recherche actuelle, qui parlent tout autant à la tête qu’aux jambes, histoire de danser toute la nuit sur un futur en train de s’écrire, notamment lors des soirées Nuit Électronique… Avec quatre projets, souvent hors-normes qui vont explorer les musiques électroniques dans des sens souvent différents, l’Antipode MJC et Maintenant nous flattent autant l’oreille que les jambes et nous promettent de danser jusqu’aux premières lueurs du matin. Présentation en détails de la programmation.

Cera Khin

Cera Khin – Crédits photo : Kazia Zacharko

On y découvrira la désormais berlinoise Cera Khin, infatigable globetrotteuse des dancefloors de la planète clubbing, pour un dj set qu’on pressent aussi passionnant qu’efficace. Responsable d’une émission mensuelle sur la radio de Bristol Noods, tête chercheuse et pensante de son propre label Lazy Tapes, véritable trapéziste des platines, la tuniso-berlinoise voltige en effet habilement de genres en genres, proposant des sélections superbement racées de l’early rave au dancehall, de l’électro à l’indus, d’Eliane Radigue à l’aciid, de l’Ethiopian à la jungle… Et on en passe forcément.

Parfois c’est aérien, parfois ça cogne à 150 bpm, parfois ça dub, parfois ça s’enfonce dans des nappes et des basses cradingues pour émerger sur un hip hop au flow de dynamite. Cera Khin mixe ce qu’elle veut, mais sous-tend surtout chacun de ses sets d’une pulsation profonde et enthousiasmante qu’on a fort envie de suivre jusqu’aux profonds méandres de la nuit.

Errorsmith

Dans le genre endurant, Errosmith se pose également là puisque Erik Wiegand hante les bacs de Hardwax et les pistes des clubs depuis 1996 tout en se tenant à l’abri de tout exercice promo et de toute mise en lumière (seule la sortie de son dernier album en date a été un poil médiatisée). Que ce soit sous le nom d’Errosmith qu’il a repris en 2015 pour son travail avec Mark Fell sur le EP Protogravity, après deux albums solos en 2002 et 2004, ou avec ses collaborations emblématiques MMM (avec Fiedel du Berghain) et Smith N Hack (avec Soundstream, alias Soundhack), le Berlinois célèbre le club autant qu’il le pervertit, bousculant les codes avec autant d’intelligence que de jubilation. Car le garçon aime soulever les capots et plonger les mains dans les câbles plutôt que dans le cambouis et construit ses propres instruments à l’aide de Reaktor, un logiciel de synthétiseur modulaire, notamment en 2011 le synthétiseur Razor (développé par Native instruments), qu’il utilise pour mieux corrompre les codes de l’électro.

Errorsmith – Crédits photo : Camille Black

Pour preuve, Superlative Fatigue, son dernier album en date (Pan, 2017), ovni de débauche électro totalement délirant où les vocaux sont le fruit de synthèse vocale, liens étranges entre l’homme et la machine, qui tissent des rythmiques bizarres étonnamment rafraîchissantes. En même temps au cœur de la recherche expérimentale et complètement tourné vers les clubbers auxquels il propose une expérience immédiatement accessible mais renouvelée en profondeur, Errorsmith propose un live inattendu, radical dans ses intentions. Sur scène, le garçon utilise donc les outils digitaux qu’il a élaborés pour improviser des beats exubérants, en même temps hilarants et puissants. C’est en même temps plein d’humour et de machines, de jovialité jubilatoire et d’une redoutable efficacité pour ce qu’on a pu en voir. Préparez vous à être remué.e.s par la puissance des zygomatiques (mais crispés comme Aphex) et concassé.e.s du bassin. C’est du moins tout le mal qu’on vous souhaite.

Slikback

Co-fondateur de Hakuna Kulala (label issu de la maison Nyege Nyege Tapes avec Sapienz et Zilla), et dans la mouvance du festival ougandais Nyege Nyege qui fait bouger les lignes de la musique électronique africaine, le jeune producteur Fredrick Mwaura Njau aka Slikback souhaite sortir sa musique sur des labels africains et continuer de soutenir la scène locale autant qu’il le peut. Et du talent, le prodige kenyan en a à revendre si l’on en juge par les deux eps qu’il a déjà sortis Tomo, paru le 1er février dernier précédé par son premier opus Lasakaneku (juin 2018), ainsi que par les sets live qu’on a pu voir et entendre.

Slikback – Crédits photo :Alim Karmali

À l’avant-garde de la bouillonnante scène musicale d’Afrique de l’Est, Slikback associe l’héritage rythmique local à une électronique abstraite. Bass Music au tempo ralenti, puissante, sombre et rêche, les productions du Kenyan mélangent footwork, trap et grime à une house percussive africaine des plus efficaces. Exit les accélérations de tempo : Slikbak retourne la piste avec une techno dark à souhait, toute en tension, abstraite et épaisse, qui assomme et écrase autant qu’elle libère. Une techno hors-piste qui polit le dancefloor à grains épais et qui invite à s’abandonner à la nuit. Hautement recommandé.

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A.N.I.

Collaboration inédite entre le Vénézuelien installé en Belgique Ernesto González (Bear Bones, Lay Low) dont on a retrouvé le psychédélisme électronique aux boucles tournantes et hallucinées qui transforment la piste en kaléidoscope bigarré et hypnotique lors de Belgiëque au printemps à l’Antipode MJC, et ce après un passage fascinant et hypnotique au Vieux St Étienne pour l’édition 2018 du festival (le musicien y avait envoûté les festivaliers avec ses boucles lancinantes, invitant progressivement la foule en une communion immersive assez hallucinante), Florian Meyer (Don’t DJ) et Maxime Primault (d’abord connu avec High Wolf son projet drone électro aux influences hybrides panafricaines ou orientales -et on en passe- signé sur Not Not Fun, responsable d’une quasi trentaine de vinyles, CDr et cassettes, Maxime Primault habite également l’entité Black Zone Myth Chant, où le tribalisme occulte côtoie d’hypnotiques beats hip-hop, mais d’un hip hop disloqué, futuriste, marqué par une voix lointaine et distordue, profondément sombre), le projet A.N.I. est la première création « dansante » soutenue par l’équipe d’Electroni[k] et donnera l’un de ses premiers concerts (après deux dates en France et une en Croatie cet été)  lors de cette Nuit Electronique.

A.N.I. Crédits Photo : Gwendal Le Flem

Placé au centre de la salle, au milieu du public et à la même hauteur que lui, avec tout un dispositif d’instruments analogiques qu’ils aiment à déconstruire, bricoler, A.N.I. invite à une expérience immersive, fortement marquée par les musiques poly-rythmiques et l’improvisation à partir de parties semi-écrites. On n’en sait pas encore plus sur le projet, mais on est quasi certain que le trio devrait sans peine inviter chacun.e à la transe.


LAntipode MJC et le festival Maintenant proposent la Nuit Electronique avec A.N.I., Slikback, Errosmith et Cera Khin à l’Antipode MJC (2 rue André Trasbot) samedi 5 octobre 2019 à partir de 23h45.

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