Naive New Beaters fait chalouper l’Antipode

Naive New Beaters-012Les trois lascars de Naive New Beaters ont livré un show fleurant bon le 15ème degré devant un public de l’Antipode chaloupant et chauffé à blanc. Compte-rendu.

SALUT C’EST COOL

Alors que l’Antipode se remplit d’un public assez jeune venu essentiellement pour voir les Naive New Beaters, débarquent sur scène Salut C’est Cool, trois jeunes (très jeunes) énergumènes aux looks plus qu’improbables : coiffures, barbes, lunettes, survêtements, pyjamas et débardeurs tout droit sortis des années 80 sans oublier le K-way multicolore roulé en boule et porté en bandoulière. On se dit que ces trois là n’ont pas misé sur la touche glamour pour séduire le public. Ils seraient plutôt partis dans un délire vestimentaire digne d’une pub pour le 118 218. Mais pourquoi pas ? On laisse à ces kiffeurs -comme ils se définissent- (dont le premier album est sobrement intitulé The very best of et « les concerts sont censés proposer de multiples loisirs créatifs pour les 7 à 77 ans : barbecue, acro-gym, distribution de biens, calcul mental, biodanza… ») une chance de nous convaincre.

Passés les premiers moments d’étonnement, on se demande si la surprise auditive sera proportionnelle au choc visuel. Après tout, on est venu voir des personnages, des doux-dingues qui ne se prennent pas au sérieux, qui nous font danser, alors autant que la première partie soit raccord. On n’est effectivement pas déçus du voyage pour ce qui est du côté bien barré… Les morceaux des Parisiens de Salut C’est Cool sont à la hauteur de leur goût prononcé pour l’habillement décalé tant musicalement qu’en terme d’écriture. Ils répètent en boucle et de manière peu compréhensible (voire peu audible) des refrains tels que : « tu danses » et « gastéropode invertébré » ou autre « Full HD » sur des beats techno (il n’y a pas d’instruments sur scène). Ils poursuivent leurs interventions déjantées entre deux chansons en proposant un plateau de fromage au public qui joue le jeu et le fait passer mais la salle se vide petit à petit. Les gens se disent qu’un passage au bar ou une pause cigarette ne seraient pas de trop. Cependant, un certain nombre de gens sont « bon-public » et semblent apprécier la « performance ». Les deux premiers rangs crient, dansent et semblent s’amuser face aux hurluberlus qui continuent de s’agiter sur scène. Les Salut C’est Cool auront certes réussi à embarquer une poignée de spectateurs dans leur délire mais une grande majorité du public n’est pas entré dans leur univers délirant.

Naive New Beaters-007

C’est maintenant au tour des Naive New Beaters de faire le show. Eurobelix (claviers), puis Martin Luther BB King (guitare) entrent sur scène, vêtus de chemises improbables, colorées et brodées, suivis de près par leur compère, le chanteur David Boring, affublé d’un poncho noir et rouge et d’une toque en fourrure (« du lapin pour réchauffer les idées » nous confiera-t-il en interview). On ne peut pas dire que le set de la première partie les ait aidés à chauffer la salle mais ils arrivent en terrain connu, c’est la 4ème fois que les fournisseurs de hip-hop, « pop rappée aux sentiments chaloupés » viennent remuer le public rennais. Ils se sont déjà produits aux Bars en Trans en 2007, aux Transmusicales en 2008, à l’Espace en 2009 et à la fête de la musique en 2010 avec un regret pour eux, n’avoir jamais été programmés à l’UBU. L’appel est lancé !

NAIVE NEW BEATERS

Les NNBs débutent leur set avec Special Thanks le premier morceau de leur nouvel album La Onda sorti le 24 septembre. La température monte déjà et David Boring tombe le poncho pour laisser apparaître un « boléro » de torrero doré et brodé… Ainsi qu’un imposant collier que lui seul peut assumer ! Les fans retrouvent donc la propension du groupe à porter des tenues de scène invraisemblables. On a d’ailleurs croisé dans la foule quatre jeunes gens désireux de rendre hommage au chanteur en arborant des chapeaux de fourrure similaires à celui de leur idole ; jeunes gens qu’on a vus allongés sur le sol de l’Antipode après le concert probablement épuisés par la débauche d’énergie dont ils ont fait preuve au premier rang.

Après le titre Boring David, extrait du premier album Wallace sorti en 2009, David Boring annonce un tour de magie : 3…2…1… et la magie opère : des palmiers gonflables apparaissent sur scène de chaque côté des murs lumineux capitonnés, apportant ainsi une touche tropicale idéale en introduction au nouveau titre La Onda qu’on peut entendre sur les ondes depuis peu. Le public réagit aussitôt sur ce morceau très attendu et joue le jeu de la chorégraphie bon-enfant instaurée par David Boring. La température monte et l’atmosphère devient moite à mesure que les morceaux s’enchainent et que le public se déhanche en rythme sur les tubesques Shit Happens, Just Another Day et bien sûr Live Good. Entre les morceaux, le chanteur ponctue son set de petites phrases témoignant d’un réel plaisir de jouer à Rennes ainsi que (sans tomber dans l’excès) d’interventions plus ou moins loufoques dont lui seul a le secret: « Bang, Bang dans ta tronche », « l’eau potable du robinet ici, elle chaloupe pas mal. Big up à l’eau ! » ou « Si tu as un I phone, fais de la lumière avec sur cette chanson » alors qu’il allume un briquet au moment d’entamer la chanson Fourteen, morceau plus posé du nouvel album, ou encore « merci pour l’échange de transpiration sentimentale ».

Naive New Beaters

Treize titres se sont enchainés dans une ambiance surchauffée et c’est déjà l’heure du rappel. Le public en redemande. David Boring et ses acolytes reviennent donc surfer sur la vague de chaleur qu’ils ont eux-mêmes initiée en offrant au public les très « chaloupés » Last Badaboum, Get Love et Jersey. Mais la salle chauffée à blanc en veut toujours plus et les applaudissements sont nourris pour réclamer un 2ème rappel. Le set se terminera par une nouvelle onde de choc alors que les entertainers rejouent le titre phare de leur nouvel album, La Onda, pour le plus grand plaisir du public rennais venu à l’Antipode prendre sa dose de titres dansants et de bonne humeur. Un set plein d’énergie et emprunt de générosité mené par 3 bout-en trains adeptes de l’autodérision à l’image du charismatique chanteur, attachant doux-dingue capable d’agiter un palmier gonflable derrière Martin Luther BB King alors que celui-ci fait un solo de guitare bien rock. Tout au long du set, le chanteur à la toque de Davy Crockett n’hésitera pas à donner de sa personne, ondulant (Beyoncé n’a qu’à bien se tenir !) sur des rythmes allant de la pop au rap en passant par le rock et le hip-hop pour le plaisir du public, bon client de cet humour de patachon. Mission accomplie pour les trois lascars ! Le public ressort avec le sourire en ayant bien transpiré sur des chansons issues aussi bien du nouvel album que du premier avec une place pour certains morceaux moins festifs mais tout aussi bien accueillis.

Retrouvez très prochainement l’interview des Naive New Beaters sur nos pages (on n’y parlera pas de la partie endiablée de babyfoot qui l’a suivie, mais sûrement de douaniers, de galettes saucisses et d’andouille de Guéméné… A suivre !)

Photos : Optidavid

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