Titus, c’est le nom de scène de Thierry Faucher. Accompagné par Gérard Baraton, Titus est encore sur la scène du théâtre du Cercle dans le cadre du festival Mythos les samedi 16 et dimanche 17 avril pour une création de ce mois de mars, Joyeux Annivers… qu’on a découvert lors de sa première représentation à Rennes vendredi. Récit.

Avant de pénétrer dans la petite salle du Théâtre du Cercle, une petite table recouverte d’un drap violet nous accueille. Un livre de condoléances. Une photo du défunt. Et la possibilité offerte à chacun de laisser un petit mot à la famille… Et effectivement, lorsqu’on rentre dans la salle, Titus est allongé sur la scène, les mains croisées sur la poitrine, dans un rectangle de lumière qui figure un cercueil. Autour de lui, un cercle de bougies (électriques). Il est mort. Un croque-mort nous accueille et nous place sur les gradins. Une couronne mortuaire sur la gauche, finit de nous rappeler que nous ne sommes pas dans une salle de théâtre, mais bien dans un funérarium. D’ailleurs une musique mortuaire s’élève : Gérard Baraton, accompagné par une bande sonore, joue sur son accordéon les notes d’un requiem.

La pièce commence par la fin. Le personnage principal est déjà mort. La salle est plongée dans le noir et seul le funérarium est éclairé. Mais le temps du recueillement ne dure pas. Comme les défunts de Six Feet Under, le mort devant nous tourne la tête brusquement et se met à nous parler. Il a bien sûr une voix d’outre-tombe. Mais il a très envie de nous raconter. Pas comment se passe la mort, bien sûr, il n’a pas le droit. Mais plutôt ce qui s’est passé dans les secondes qui ont précédé sa fin. 36 petites secondes qui s’allongent le temps de voir défiler sa vie. Car voilà, le personnage n’est pas un chanceux. Il est mort le jour de son anniversaire.

Ses proches ayant décidé de lui faire un cadeau d’anniversaire original, le voilà qui se retrouve avec un saut en parachute à faire après le déjeuner. Il n’y va pas vraiment de gaité de cœur, et il a bien raison. Car le parachute ne s’ouvrira pas et le sol se rapprochera à vitesse grandissante… Le temps qu’il comprenne qu’il n’y a pas moyen d’échapper à sa fin. Le temps qu’il revoit les petites images, les anecdotes et les grands événements qui ont marqué sa vie. Il y a cette grand-mère, un peu frappadingue, qui a trouvé le moyen de se jouer de la mort, l’A.S. St Etienne, un Noël sous la neige, un père à qui on ne sait pas parler et qui nous le rend bien… Il relate des événements, des instants de sa vie passée, et de manière impressionniste, on devine progressivement qu’elle a pu être sa vie.

On retrouve dans ce spectacle l’une des caractéristiques des pièces de Titus : une vraie rupture entre la gravité du sujet et l’humour dans la façon de le traiter. Car cette chute est l’occasion pour le personnage de voir sa vie défiler devant ses yeux : les anecdotes, les petits instants qui disent beaucoup, les souvenirs ou les drames de son existence émergent en suivant la chute vertigineuse. Thierry Faucher a l’envie de parler des choses qui touchent tout un chacun, des choses souvent graves, mais avec légèreté. De l’humour noir, des zeugmes détonants, des jeux de mots et des situations dont il souligne chaque fois le burlesque. Thierry Faucher explique aimer « la bascule des émotions » dans un même spectacle. La gravité est toujours atténuée par cette « réjouissante distanciation » que cultivent le personnage et son créateur.

Auparavant membre de la compagnie de clowns Les Matapeste ainsi que du Beau monde du conteur Yannick Jaulin, Thierry Faucher porte désormais ses propres histoires sur scène avec la compagnie Caus’ Toujours, dont il est directeur artistique. Gérard Baraton l’accompagne, notamment avec son accordéon. Dans Joyeux annivers…, Gérard Baraton est une sorte de personnage muet. Son rôle, avec sa musique (en plus des bandes sonores qui accompagnent la pièce) est de renforcer les sentiments et les émotions. De leur donner un côté organique. Pour Titus, il donne  une « profondeur de champ » au spectacle.

D’autant que Titus, comme beaucoup de conteurs, aime laisser la place à l’imagination du spectateur. Il ne l’enferme pas dans un décor (seules les bougies symboliseront à la fois le funérarium et le gâteau d’anniversaire). Les situations et les lieux prennent leur épaisseur dans la parole du conteur. A nous d’imaginer la tête du cousin, la nuit de Noël enneigée ou la pizzeria Chez Alessandro… Bien sûr le conteur nous aide, travestissant par exemple sa voix pour qu’on voie soudain cette petite grand-mère inquiète devenue-s’en-fout-la-mort, ou bien José, le meilleur copain, ado mal dégrossi, souvent lourd et gras. La bande sonore, de même aide à distinguer les passages, les allers-retours de la chute aux souvenirs.

Bien sûr, on connaît déjà la fin de la pièce. Cependant ces 36 secondes donneront tout de même l’occasion au personnage principal de se retourner sur ce qu’a pu être sa vie, de faire le bilan de ses renoncements et de ses belles réussites, et peut-être même de régler certaines choses avant le grand silence. Et on ne parle pas seulement ici du joint de culasse de sa Twingo.

Photos : Caro

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Titus et Gérard Baraton proposeront encore  Joyeux Annivers… dans le cadre du festival Mythos ce samedi 16 à 16h et dimanche 17 avril à 18h au Théâtre du Cercle, 30 bis rue de Paris – Rennes.

Festival Mythos 2011
Du 12 au 17 avril
infos et programmation complète : www.festival-mythos.com