Mythos 2017 : Timber Timbre & The Legendary Tigerman au Cabaret Botanique

Entre la folk sombre et froide de Timber Timbre et l’incandescent blues-rock de The Legendary Tigerman, les contrastes souffleront sous le chapiteau du Cabaret Botanique ce jeudi 06 avril, pour une soirée exceptionnelle.

C’est un peu contre toute attente que critique et public se sont entichés des canadiens de Timber Timbre, attendant le troisième disque du groupe, Timber Timbre (2009) -et même quasi un an et demi après sa sortie- pour l’adouber comme la nouvelle révélation. Mieux vaut tard que jamais, d’autant que ces huit titres méritaient bien toutes les attentions. Folk songs dépouillées marquées par la voix de velours de Taylor Kirk, et par des arrangements particulièrement subtils (quelques cordes, cuivres et chœurs), ces chansons sonnent finalement comme du folk déviant. Parce qu’en dépit d’une instrumentation essentiellement acoustique, les morceaux de Timber Timbre sentent la poudre et le soufre.

Aussi Creep On, Creepin’ On (2011) continuera dans cette veine, conviant cette fois la violoniste Mika Posen et Simon Trottier (pedal-steel  entre autre), sur des titres peut-être un poil plus enlevés rythmiquement. Hot Dreams (2014) voit revenir Taylor Kirk, non plus seul, mais partageant la composition avec Simon Trottier (et aussi le saxophoniste Colin Stetson) pour un album tout aussi tendu, mais gagnant en densité et en lumière. Un peu comme si la musique cinématographique de Timber Timbre, jusque là film de rockabilly décharné fantomatique en noir et blanc échappé des 50’s, avait découvert les couleurs, non pas chatoyantes de la pop, mais profondes et mordorées des seventies.

Future, Sincerely Pollution (à paraître le 07 avril prochain sur City Slang) marque une nouvelle évolution : le processus de création se fait encore plus collaboratif, puisque Taylor Kirk partage l’écriture des morceaux avec Simon Trottier et Mathieu Charbonneau. Les couleurs ont changé une fois de plus, avec l’ajout des synthétiseurs, découverts lors des sessions d’enregistrement au studio du Château de la Frette en région parisienne. Les quelques extraits de l’album nous permettent de remarquer une coloration eighties, mais dans les tons froids. Le premier extrait, Sewer Blues, est un parfait exemple de cette folk sombre et orageuse marquée par le chant profond de Taylor. On avait été déçu par le concert donné lors de la Route du Rock en 2015 : dans une soirée musicalement bouillante, les musiciens avaient tenté de muscler ses mélodies. Résultat, on avait perdu cette tension feutrée sur album et on était resté à quai, tout en se promettant de profiter de l’occasion de les revoir dans une ambiance plus intime, propre à la mise en valeur de leurs mélodies. Le Cabaret Botanique semble le lieu rêvé pour y découvrir ce tout nouvel album des Canadiens.

En clôture de cette soirée, il ne faudra pas manquer le portugais Paulo Furtado, leader de Wraygunn, qui se présentera en solo avec son projet The Legendary Tigerman : le bluesman n’hésite pas à lorgner sur le rock, avec des titres qui possèdent une classe folle, notamment ce superbe duo avec Asia Argento sur Life Ain’t Enough for You, extrait de l’excellent Femina (2009). On l’avait découvert au Forum de la Passerelle lors du festival Art Rock en 2011, et on avait pris en pleine poire son show époustouflant de one man band : derrière sa batterie, Paulo triture sa six-cordes avec un son sec et dépouillé (on pense à John Lee Hooker), pour livrer un blues rugueux. En plus d’un indéniable charisme, il était accompagné ce soir-là par la diffusion en arrière-plan de magnifiques vidéos de paysages désertiques. On ne sait pas s’il sera accompagné du même dispositif mais on a hâte de découvrir le rendu scénique de son dernier album True (voire découvrir quelques nouvelles compositions, sachant que True est sorti il y a deux ans déjà).

Le bluesman avait fait une nouvelle échappée collective avec Wraygunn en 2012 pour l’album L’Art Brut, et il revient donc à ses amours en solo avec True, sur une pochette où il est tout vêtu de noir quand Femina affichait une touche glam. Mais côté musique, le blues crasseux et urbain (Gone) côtoie un rock sixties survitaminé (Twenty First Century Rock’n’roll), émaillé de quelques ballades inquiétantes, comme le très réussi Love Ride. On retrouve également un magnifique nouveau duo avec la chanteuse Rita Redshoes sur le lent et ténébreux I’m on the Run que ne renieraient pas The Kills. Petite nouveauté dans la discographie de l’artiste, deux reprises du plus bel effet, avec le célèbre Green Onions de Booker T & the MG’s, et le classique Twenty Flight Rock d’Eddie Cochran. Paulo Furtado continue d’explorer largement les styles avec une tension permanente : on sait déjà qu’il délivrera ces mélodies avec l’énergie incandescente qu’on lui connait.

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Festival Mythos (30 mars au 09 avril 2017)

Descriptif du spectacle
Où ? Cabaret Botanique
Quand ? Jeudi 06 avril à 22h
Tarifs ? Plein tarif : 30 € / Tarif VIF : 20 € / Tarif Sortir! : 15 €

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