Samedi 26 avril au Jardin Moderne, ce sera le retour du YY Fest, rebaptisé pour cette nouvelle formule MKS Fest. Au programme de ce joyeux bordel : une foule d’expositions, de rencontres et de musiques pour un improbable et excitant brassage entre le monde d’une économie solidaire, écologique et sociale et celui de l’esprit démerdard d’artistes farouchement indépendants.
La genèse de l’idée de ce passionnant festival permettant le rassemblement entre les univers de l’entrepreneuriat social et celui de l’héritage éthique du punk hardcore des 90’s, Vincent Hejduk, l’un des principaux organisateurs du Fest, la raconte très bien dans l’interview qu’il nous a donnée. En gros, son parcours atypique l’a amené à voir comme une évidence le lien entre une façon partageuse et responsable d’envisager l’économie et l’esprit frondeur, débrouillard et libre, hérités des groupes de punk américains des 90’s organisant eux même leur tournée ou festival, montant seuls leur propre label puisque personne ne voulait d’eux. La concrétisation de ce lien avait donné en janvier 2013 déjà au Jardin Moderne, la première édition du YY Fest. L’étrange nom du festival, est un clin d’œil à Mohammad Yunus, prix Nobel de la paix 2006 et inventeur du microcrédit, qui ponctue ses interventions en interpellant la génération Y (personnes nées entre 1980 et 1995) par de tonitruants YY (Waïe Waïe ou Why Why en anglais). Cette soirée où on pouvait causer échanges de savoirs avec les très sympathiques Tomahawk ou Unishared, se faire expliquer comment lutter contre l’effroyable gaspillage des grandes surfaces avec Zéro Gâchis, apprendre à personnaliser avec style ses pédales d’effets avec Crust Pedals, fabriquer pour moins de 100 euros votre propre studio d’enregistrements avec le Studio la Senelle, manger une délicieuse discosoupe recyclée, voir les superbes affiches sérigraphiées d’Arrache toi un œil… et se prendre 11 claques musicales d’affilée, avait été une réussite impressionnante. Fort logiquement, cela suscita des envies et il y eut une seconde édition à Toulouse en juin 2013. Voici donc que le Fest retrouve le chemin du Jardin moderne pour une nouvelle formule samedi 22 avril 2014. La soirée est cette fois rebaptisé MKS Fest en référence à MaKe Sense, le projet de mise en lien des entrepreneurs sociaux auquel participe Vincent Hejduk.
Des nouveautés donc, puisque l’idée de cette édition est de pousser encore plus loin l’interaction entre les deux univers rassemblés en un même lieu. Cela se concrétisera dès 18h par l’enregistrement de trois podcasts impromptus, organisés autour de trois thèmes. Sur chacun de ces temps sera organisée la rencontre entre un artiste, différents acteurs locaux porteurs d’initiatives solidaires et le public présent. Sur chacun des trois temps, l’artiste présent interprétera quelques titres pour détendre l’atmosphère que la connexion se fasse.
Le premier podcast abordera l’impact social de l’art grâce d’abord au témoignage de Laetitia Shériff qui viendra évoquer les différents projets culturels mis en place lors de sa récente carte blanche durant le festival des Embellies. En complément les gens de la galerie DMA viendront présenter leur vision alternative d’une galerie d’art et l’agence de Design nantaise Pulse and Pulp nous expliquera comment en élargissant la palette d’utilisateurs possibles de leur création, ils injectent de la valeur humaine dans les objets.
Le second thème abordé sera celui de l’esprit commun reliant les Makers et la culture Do It Yourself. Les Makers, ces bricoleurs militants ayant décidé de reprendre en main la fabrication d’objets techniques assez pointus sont-ils vraiment en train de révolutionner depuis leur garage notre rapport à l’industrie ? Pour tenter de répondre à cette question vous pourrez en discuter avec Bionico qui s’est fabriqué une prothèse de bras biomécanique bon marché et 100% en open source grâce à une imprimante 3D, ainsi qu’avec le Fab Lab rennais dont l’un des objectifs est de ramener l’Internet et la fabrication d’objets techniques en dehors des seuls sentiers mercantiles. La partie musicale sera assurée par Throw me off the Bridge, le chouette projet dark folk de Quentin Sauvé qui jouera ici seul avant d’ouvrir la partie concerts de la soirée accompagné cette fois-ci d’un groupe.
Enfin, le dernier podcast abordera le thème de l’insertion au travers de l’étonnant documentaire Chasing Bonnie and Clyde présentant les initiatives très innovantes de réinsertion de… l’état de Texas ! Eric Challan Belval viendra parler de son entreprise La Feuille d’Erable formidable exemple rennais d’entrepreneuriat social en avance sur tout le monde sur le tri des déchets. L’ambiance musicale sera parfaitement raccord puisque ce sera le folk-blues râpeux des Slim Wild Boar And His Forsaken Shadow qui accompagnera la discussion.
Tout cela ne sera que le début puisque vers 21h commencera la soirée concerts. Comme pour la précédente édition le festival n’y va pas avec le dos de la main morte. Comme dit plus haut ce sera la folk tourmentée de Throw Me Off The Bridge, projet solo de Quentin Sauvé (As We Draw, Calvaiire, The Brutal Deceiver, Hourvari…) qui ouvrira le bal avec la grande première de sa formule scénique en groupe et son tout nouvel album sous le bras.
L’autre grande première de cette édition, ce sera le très attendu premier concert du All-star-Band rennais MhA. Composé de membres de Fago Sepia, Totorro, Mermonte, Lady Jane et Bumpkin Island, la belle équipe viendra nous faire découvrir son irrésistible pop solaire et collective. L’album ne devrait sortir qu’à l’automne, ne loupez donc pas l’occasion de découvrir la nouvelle aventure de cette très chic bande à son éclosion.
Binidu est la fusion de deux groupes que l’on connaît bien. Le terrible duo guitare/batterie de Pneu dont on adore la folie indomptable et l’énergie dévastatrice rencontre le guitariste de feu Fordamage, que l’on regrette déjà beaucoup depuis son split. La somme de tout ça donne un album fort positivement appelé Yes ! (chez Kythibong records of course) proposant un rock surpuissant et hautement festif qui devrait atteindre tous ses objectifs bamboulesques en live.
Après une petite mise en bouche en solo en début de soirée, nous aurons le grand plaisir de revoir les rennais de Slim Wild Boar And His Forsaken Shadow en formule complète. Leur folk-blues-country de bandits de grands chemins avait été le bijou sombre de la très chouette soirée que nous avions co-organisée avec le Jardin en avril 2013. Les gars sont en pleine préparation de leur prochain album, on devrait donc avoir un petit aperçu de ce qui nous attend en septembre dès cette soirée. De plus ils présenteront également une toute nouvelle formule scénique à cinq (dont un violoncelle) que nous sommes très impatients de découvrir.
Le trio lavallois Birds In Row a su se faire une place toute particulière dans le petit monde du punk-metal-hardcore grâce à leurs compos stylées et hautement mélodiques malgré la fureur. Les gars seront en tour de chauffe juste avant une tournée européenne avec les californiens de Touché Amoré. Même si nous en gardions plutôt un excellent souvenir, ils n’étaient pas très contents de leur concert de l’année dernière et viendront avec un esprit de revanche qui devrait donner un concert de feu.
Enfin pour rester dans le dur, on pourra aussi écouter le metal-hardcore cathartique et dévastateur de Calvaiire. Ce quatuor composé de membres d’As We Draw, Birds in Row et Puzzle a sorti en décembre 2013 : Forceps, un impressionnant premier album chez Throat ruiner, le propre label de la bande. Grosse dérouillée en perspective.
A toutes ces merveilles s’ajouteront une exposition d’imprimante 3D, une distribution de Disco Soupe réutilisant des légumes hors calibre mais tout à fait savoureux, du design d’objet, et les gravures macabres et sublimes du duo rennais Chose Morte. Bref une soirée unique, foutraque, bourrée jusqu’à la gueule de chouettes propositions et donc totalement immanquable.
Samedi 26 avril 2014 – à partir de 18h – Jardin Moderne,11 rue du Manoir de Servigné, Rennes – 10€
Accès bus: Ligne 11 arrêt « Jardin Moderne »
Page Facebook de l’événement
Tout sur la genèse du Fest dans l’interview de Vincent Hejduk
Écouter la compil des groupes qui y joueront.
Billeterie
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