Les Néerlandais de De Kift investiront l’Ubu avec leur fanfare punk bariolée et un peu barrée ce mardi 17 mai pour un concert qui devrait être à la fois émouvant et festif.
Le groupe, ou plutôt devrait-on dire collectif, De Kift mêle plusieurs générations depuis plus de 20 ans. Fondé en 1988, dans le sillage d’un punk alternatif européen, De Kift produit une sorte de punk-folk teintée en même temps de mélancolie et transpirant l’esprit festif des fanfares.
A l’initiative du groupe, on trouve le guitariste Ferry Heijne et le percussionniste Wim ter Weele qui souhaitent monter un nouveau projet en néerlandais. Avec leur premier album en 1989 Ijverzucht (Jalousie), à l’instrumentation essentiellement classique (guitare, basse, batterie), on sent pourtant déjà poindre la direction cuivrée que prendra progressivement De Kift dans ses albums suivants avec la présence d’un tuba ou d’une trompette. Mais la même année, le chanteur et parolier, Maarten Oudshoorn, quitte le groupe. Ferry Heijne le remplace alors au chant, et son père (!), Jan (trompette), jeune retraité, rejoint la formation.
Le combo sort alors son second album, Krankenhaus (1993) -Hôpital- qui met davantage l’accent sur les cuivres. Et comme le parolier est parti, le groupe se tourne alors vers la littérature. Ce sont donc des fragments de textes des écrivains Wolfgang Borchert, Erich Maria Remarque ou encore Jan Arends, arrangés par Ferry Heijne qui seront chantés. Les paroles parlent de guerre, de folie…
Pour leur projet suivant, Gaaphonger (Fringale, 1996), les De Kift s’intéressent au territoire qui relie musique et théâtre. Ils créent costumes et décors pour accompagner leur musique dans les salles de concert comme dans les théâtres. Il s’agit de la narration musicale de l’expédition (désastreuse !) d’un baleiner en Nouvelle Zemble au 16ème siècle (ça ne s’invente pas !). L’intérêt du groupe pour la littérature ne se dément pas avec l’album suivant, Vlaskoorts (1999), qui met en musique des textes de Flannery O’Connor et de Nicolas Gogol, entre autres, et raconte l’histoire d’une famille rurale totalement décomposée.
En 2001, le groupe a près de douze ans d’existence au compteur et décide de marquer le coup. Ils sortent Koper (cuivre) dans un beau boîtier couleur cuivre. A l’intérieur, un florilège émaillé de citations reprenant les quatre premiers albums du groupe. En parallèle, une sorte d’album d’images (oui, comme les albums panini) est édité. Les images sont en partie disponibles dans le disque, les autres peuvent être achetées sous la forme de petits paquets. Après ce premier anniversaire, De Kift continue ses aventures insolites en s’essayant en 2003 à deux nouveaux genres : l’opéra et le cinéma.
Avec Vier vor Vier (Quatre Heures Moins Quatre, 2003), De Kift crée en effet un opéra inspiré d’une pièce de théâtre du dramaturge russe Daniil Harms. Et c’est avec De Arm van Jezus (Le Bras de Jésus), un film d’André van der Hout, que le collectif s’essaie au cinéma. Ils en composent bien évidement les musiques mais interprètent également la quasi-totalité des rôles du film !
En 2005, le groupe souhaite proposer une exclusivité à son public français : ce sera le disque De Kift, reprenant des chansons de Koper et de Vlaskoorts, qui sera présenté au théâtre des Bouffes du Nord en version néerlandaise avec traduction en français. Leur album suivant, 7 (2006) existe de la même manière en plusieurs versions différentes : les poèmes y sont traduits et chantés en néerlandais, en allemand ou en français, suivant les endroits où l’album est distribué.
En 2008, le groupe a 20 ans et sort son disque accompagné d’un livre de recettes, pour des chansons à boire et à dévorer, Hoofdkaas. Pour marquer leur 20ème anniversaire le groupe a également décidé de sortir cinq split singles avec cinq groupes d’amis. Sur chaque 45-tours on trouve donc une reprise du groupe invité par De Kift et vice et versa. C’est ainsi que Calexico, Zita Swoon, Monofocus, De Rondos, et Franz Ferdinand se sont donné le tour et ont retravaillé un des morceaux de De Kift.
Si les De Kift viennent à l’Ubu ce mardi, c’est pour présenter leur nouvel opus, Brik. On retrouvera donc la joyeuse compagnie formée de Ferry Heijne (composition/chant/trombone/trompette/guitare), Jan Heijne (trompette), Han Hulscher (trompette), Patrick Votrian (trombone/tuba), Mathijs Houwink (basse), Wim ter Weele (batterie), Pim Heijne (guitare) et Frank van den Bos (chant/claviers) sur la scène de l’Ubu pour une soirée qui devrait raisonnablement proposer un concert aussi engagé que déglingué.
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La Station Service propose De Kift en concert à l’Ubu mardi 17 mai 2011 à 20h30
Ubu : 1 rue Saint-Hélier -Rennes.
Tarif réduit : 12 ! – Plein tarif : 14 ! – Sur place : 16 euros
Site de De Kift : http://www.dekift.com/
La Station Service : www.lastationservice.org
L’Ubu : www.ubu-rennes.com