Une fois n’est pas coutume, j’ai enfin pu, hier soir tester grandeur nature, le fameux « Apero Concert » de l’Echonova. J’en rappelle ici le principe. Un concert est programmé à l’heure de l’apéro (aux alentours de 19H00) mais le nom du groupe n’est connu que lorsqu’ils montent en scène. Le but est de faire découvrir de façon conviviale (et alcoolisée) un groupe atypique ou en tout cas loin du mainstream habituel. Vous l’avez sûrement compris, l’exercice est loin d’être simple pour l’invité. En effet il doit convaincre un public qui est loin de lui être acquis et qui est assez souvent volatile.

J’arrive donc en touriste avec en vue de tester la réputation de la bière locale, mais le « Gig » semble déjà entamé. Le bar étant pris d’assaut, je vais donc jeter un œil sur la scène. Et là je tombe sur une frêle jeune fille qui bafouille quelque chose sur le nom de son groupe. C’est maladroit et touchant et en moins de temps qu’il en faut, elle enchaîne sur le morceau suivant. C’est une sacré cacophonie mais l’énergie dégagée a quelque chose d’hypnotique. En quelques minutes je rentre dans la musique et c’est avec étonnement que cela s’arrête une bonne heure plus tard. Pas de chance, à force de taper dessus, la basse a perdu une corde et nous n’aurons pas de rappel. … enfin si un « Au clair de la lune » gentiment massacré à la flûte …

C’est une jolie petite claque. Le défi de l’apéro concert secret a été relevé. Le groupe s’est défendu corps et âme avec une belle énergie. Musicalement ce ne sera pas très facile à définir. Un genre de Pop-Trashy Expérimentale dirons nous, pour faire simple. En fait les morceaux en règle générale commencent doucement avec juste la voix accompagnée d’un élément musical : arpèges, riff de basse, sifflements ou claquements de mains, puis les autres instruments s’ajoutent jusqu’au final qui monte comme un orgasme. Au niveau texte, c’est la joie. Ce qui est chanté, l’est en anglais et de temps en temps des textes parlés apparaissent en français. Cela donne donc sur le refrain des choses comme : « I’m Empty », « I Love Nobody » ou « Everything Must Be Erased », et la jeune fille semble vraiment souffrir en hurlant tout ça. Le groupe utilise aussi beaucoup d’instruments en plus des traditionnels Guitares/Basses/Claviers/Batterie. J’ai noté un violoncelle, une flute, des tambourins, des maracas et sans doute d’autres choses qui m’ont échappées. Les instruments changent aussi souvent de mains, tout cela n’étant pas sans rappeler les canadiens d’« Arcade Fire ».

Du coup, j’aurais bien fait une interview, mais la demoiselle semble sauvage alors j’en profite pour acheter ses 2 premiers disques, « Nécessité microscopique » de 2007 et « Safety First » de 2009. Si j’ai bien tout compris, la sortie d’un nouvel opus serait même imminente (le 28 mars !!). J’apprends aussi que je me suis fourvoyé et que le groupe n’en est pas un. Le Prince Miiaou est en fait l’œuvre unique de sa chanteuse, c’est à dire Maud-Elisa Mandeau. Elle écrit et compose seule la quasi totalité de ses albums. Elle pousse aussi le vice à créer elle même ses pochettes et ses clips dans un pur esprit DIY (Do It Yourself) qui m’est cher. En fait sa démarche n’est pas très éloignée de celle de Sylvia Hanschneckenbühl, dont je vous rabats sans cesse les oreilles.

Bref que vous dire de plus. Ne comptez pas sur moi pour vous parler de son « Univers Musical » ou du « Bon son » que le Charmant Prince distille. Par contre si j’en crois une interview que je viens de lire, elle n’écouterait rien de plus vieux que 1995 et encore, très, très peu de choses, juste une poignée de groupes récents. En fait, ce serait un petit peu, mon exact opposé. Néanmoins, je n’arrête pas de trouver des points de comparaisons. Par exemple quand elle s’emporte dans un débordement de frénésie, j’ai l’impression de revoir la main de Joe Strummer lacérant sa Telecaster juste avant qu’un changement brusque de rythme ne re-modifie la donne …. Plutôt jouissif, non ?

C’est toujours assez compliqué d’expliquer de façon rationnelle quelque chose qui vient du ventre. Alors le plus simple, c’est d’aller voir le Prince Miiaou sur scène et de se laisser submerger. Poly Styrene des « X-Ray Spex » (une autre brailleuse que le Prince ne doit sans doute pas connaitre !) aurait dit : « If You’ve Got The Urge, Come On Let’s Submerge » …. Ici c’est exactement le cas. Ne la ratez pas pour ses prochains concerts en Bretonnie : le 09/04 à l’Antipode à Rennes et le 16/04 à St Brieuc.

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