Le LSD nouveau est arrivé …..

« Est ce une tendance négative que d’avoir confiance en soi ? »

Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il en faut de la confiance en soi, pour contempler fièrement ces 31 ans années passées au service du Rock & Roll. La vie n’est qu’un éternel recommencement. Alors pour boucler la boucle quoi de mieux que de sortir son premier album mystérieusement disparu avant son mixage initial en 1980.

Rien ne pouvait faire plus plaisir aux hordes de fans qui suivent religieusement le groupe depuis tant d’années. Car en l’espace de trois décennies, l’Internationale Raya Fan Club (les aficionados officiels du groupe) a largement eu le temps de s’étoffer. Surtout que le groupe n’a jamais fait aucun prosélytisme et compte la solidarité comme valeur première. La Souris Déglinguée par l’intermédiaire de Tai-Luc son chanteur-parolier, édite même un bulletin « Lima Sierra Delta » qui maintient le lien entre le groupe et ses fans. On a rarement vu un groupe aussi proche et aussi respectueux de sa base. Mais attention, être proche de ses fans, ne signifie pas d’y être inféodé. D’ailleurs à chaque nouvelle livraison lysergique, plus d’un fan en avale ses lacets de « Dr Martins » tant chaque nouvel opus rompt avec le précédent. Le dernier, le premier solo de Tai-Luc « Juke Box » continue de surprendre. C’est un disque artisanal quasi monacal où le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est éloigné du son des albums du groupe. Il amène néanmoins un éclairage particulier sur les racines musicales de la Souris.

Musicalement il n’est pas très facile de cantonner la Souris dans un genre musical particulier. Le premier album est clairement dans un registre Punk-Rock mais mâtiné de Rock & Roll lui donnant un swing particulier. Les 2 suivants resteront dans la même lignée mais avec des chœurs et une thématique plus Oi! ce qui leur donnera longtemps une image sulfureuse. Certains textes comme « St Sauveur » ou « En France » sont emblématiques de cette époque. Puis en 1982, arrive dans le groupe Muzo le saxophoniste qui va apporter une nouvelle orientation musicale. La musique devient plus chaloupée. Sur le 4ème album, les thèmes Skinhead sont abordés avec un certain swing. Le suivant « Eddy Jones » continue dans cette lignée Swing/Jazz.

En 1988 avec « Quartier Libre », la Souris veut faire un disque plus feutré, mais leur producteur les pousse à jouer toujours plus fort. Au final on a un disque de transition, où se mêle Rap/Ska et Roll And Roll sur des thématiques de plus en plus asiatiques. Le suivant « Banzaï » est une de leurs plus grandes réussites. Un disque Rap, avec en pochette le portrait d’un Kamikaze. Viennent ensuite, le magnifique « Tambour et Soleil », « Granadaamok » puis Mekong qui seront un peu le mix de tout ça. Du Rock And Roll, des balades sur le continent asiatique et un phrasé qui rappelle NTM quand ils étaient invités en première partie des concerts lysergiques. Peut être que le plus simple pour cerner la musique de la Souris serait de regarder un film de Pierre Schoendoerffer ou de lire une aventure de Corto Maltese. On y trouvera des héros, des mauvais garçons, des aventures, de l’amour, des voyages, de l’amitié enfin tout ce qui donne du piment à la vie et qui la rend si vraie.

Puis au bout de 30 ans, on retrouve émerveillé les bandes disparues du 1er enregistrement. La moitié des titres se retrouveront sur le 1er album qui sortira chez « New Rose » en 1981 et sur le 3ème album « Aujourd’hui et demain ». Dessus il n’y a pas vraiment d’inédit mais plutôt un éclairage sur ce que pouvais être la Souris au début des années 80. Celui ci est plus chaloupé et les titres ont plus de Swing que sur les albums originaux. Certains comme « Jeunes Voleurs » sont même transfigurés avec une couleur Reggae à la Ruts du meilleur effet. Une autre comme « Marie France » enfin chanté par Tai-Luc donne une furieuse envie de danser. En règle générale le mix met en avant le chant qui est particulièrement réussi, entre fureur et mélodie. Pour ma part, il n’y a guère que « Jeune seigneur » qui n’arrive pas à surpasser la version « New Rose ».

Enfin il faut absolument revenir sur ces textes si particuliers car que serait la Souris sans les textes de Tai-Luc ? Ces petites tranches de vie, ces personnages fantômes que l’on croise ici et là, ne sont que des clins d’œil, mais ils donnent toutes leurs saveurs aux textes. Car Tai-Luc les aime ces petits gens, ce Lumpen prolétariat. Il écrit pour lui, mais finalement c’est pour nous, car il donne à ses textes une portée universelle, à la manière d’un Woody Guthrie ou d’un Hank Williams en les ancrant profondément dans cette banlieue, « sur la Zone ». Mais attention, nous restons dans le Rock & Roll. Ce n’est pas de la poésie avec un texte qui se suffit à lui même. Ici la rime accroche, rappe, l’ensemble est bancal, mais par la grâce de la musique, tout se tient.

D’ailleurs Tai-Luc profite de l’occasion pour sortir une compilation de l’ensemble de ses textes dans un petit recueil du même nom que l’album « As Tu Déjà Oublié ? – Chansons pour guitare électrique ». Le livre idéal pour se replonger avec délice dans la poésie suburbaine de ce singulier Muridé.

L’actualité de la Souris est donc chargée en ce début d’année. L’Internationnal Raya Fan Club s’est donné rendez vous le 23 janvier avec un nouveau concert épique au Bataclan pour fêter ses 31 années de pur …. « Roll And Roll ». Comme en 1983 … « Aujourd’hui et demain », la Souris est apte pour le service.

 

 

 

 

 

 

 

Quelques liens pour approfondir :

Le site officiel du groupe
Le site de référence de la souris (non-officiel)
Le myspace du groupe
Le myspace de ‘International Raya Fan Club
Le myspace de Tai-Luc
La page facebook de l’IRFC