Le Jardin Moderne tremble lors du Marché Noir !!!

La Terre Tremble !!!

L’ouverture du festival Le Marché Noir au Jardin Moderne s’est déroulée en musique, lors d’une soirée regroupant quatre groupes, avec en point d’orgue La Terre Tremble !!! à l’occasion de la sortie de leur nouvel album Salvage Blues.

Lors de ce premier week-end automnal, le festival de la micro-édition manufacturée et indépendante prenait possession de l’ensemble du Jardin Moderne, avec notamment un salon regroupant la bagatelle de 32 collectifs d’artistes, graveurs et sérigraphes. Après le vernissage de ce salon en début de soirée (on reviendra prochainement sur ce salon), les festivaliers étaient invités à rejoindre la salle de concerts, pour une soirée haute en couleurs et en décibels.

Le Ton Mité

Ca débute en douceur avec le prolifique touche-à-tout McCloud Zicmuse, et Le Ton Mité, l’un de ses nombreux projets (on le retrouvera lors du salon, représentant le collectif bruxellois Hôtel Rustique). Une mini-guitare, un ampli et beaucoup d’humour lors d’un set décalé à souhait. Il nous parle de nuages, de frites, en français dans le texte, avec un délicieux accent. Un carnet aide-mémoire accroché à son pied de micro, il nous raconte de courtes histoires, parfois sans queue ni tête. L’orchestration farfelue des titres transforme les textes en petites comptines pop. McCloud Zicmuse amuse autant qu’il touche son auditoire : une première partie idéale pour cette soirée de concerts.

Fat Supper

Etant donné l’équipement minimaliste du natif d’Olympia, la transition entre les deux concerts est redoutablement courte, car le trio Fat Supper prend déjà place sur scène. Fat Supper est le nouveau nom de groupe de Leo88man : le trio, composé de Leo Prud’Homme (chant, guitare), André Rubeillon (guitare, basse) et Pierre Marolleau (batterie) sortira dans quelques semaines un album éponyme, que vous pouvez découvrir ici. A l’exception du morceau d’ouverture, Back to the Flesh, le groupe nous propose un set regroupant l’ensemble des titres de ce premier opus. Du rock, oui, mais aux multiples influences, entre blues (Gravity None), jazz (Stuck in a Flat) et touches psychés.

La voix grave et chaude de Leo nous marque d’emblée, notamment lorsque la douceur du timbre contraste avec les guitares tendues. André nous balance quelques lignes de basse bien senties et Pierre alterne rythmes syncopés et jeu de batterie délicat. Quelques montées sonores (Twisted), un chant rageur associé aux guitares nerveuses (Basement), se marient subtilement avec les titres plus doux. Une magnifique découverte musicale.

La Terre Tremble !!! par Isa

La Terre Tremble !!!

C’est parce qu’on adore la musique aussi évidente qu’accidentée de La Terre Tremble !!! (notamment sur Travail –2009, Collectif Effervescence-, leur précédent opus, vite devenu indispensable) qu’on s’est promis de ne pas manquer cette soirée en l’honneur de la sortie de leur nouvel album, Salvage Blues chez Murailles Music. Autant l’avouer tout de suite, on est très fan de cette musique qui peut tout autant jouer sur la répétition hypnotisante que sur des virages inattendus qui sans prévenir, catapultent leurs morceaux dans des directions latéralement différentes. Mais si on aime La Terre Tremble !!! sur disque, c’est toujours en live qu’on préfère le trio, tant l’énergie qu’il déploie sur scène est dévastatrice.

Les trois musiciens s’installent sur une même ligne, Julien Chevalier à la gauche de la scène avec sa Gibson rouge et Benoît Lauby sur notre droite avec sa Gibson-bois. Au centre, Paul Loiseau, batteur fou époustouflant qui assure en même temps la voix principale. Sa batterie est réduite à quelques toms, un pad électronique, et une symbale posée sur un tabouret à sa gauche. L’homme a la particularité de jouer assis, très bas, et remplace les coups de boutoir de la grosse caisse (qu’il n’a pas) par une frappe puissante à coup de maracas sur un tom basse. Véritable trublion habité, Paul Loiseau crie, chante et rebondit d’un coup de baguette à l’autre de chaque côté de ses toms.

Alors autant le dire : le groupe a choisi de diffuser des vidéos derrière lui pendant le set, mais on ne vous en parlera pas pour la seule raison qu’on ne les a pas vues. On s’est retrouvé happé par la gestuelle et la débauche d’énergie que le trio dégage sur scène et on n’a pas trouvé une seconde pour détacher nos yeux des trois musiciens. D’autant que Julien Chevalier et Benoît Lauby tricotent (mais aussi détricotent) des mélodies qui vous agrippent l’oreille en quelques répétitions pour vous emmener sans prévenir et après quelques mesures dans de nouveaux paysages sonores.

Le trio renno-clermontois présente donc ce soir les titres de son nouvel album pour la première fois en live à Rennes et on est aussitôt rassuré quant à la qualité des compositions. Il nous semble que les voix sont plus présentes qu’auparavant. On apprécie également l’agencement des titres qui ménage un set tout en reliefs, avec des moments de déflagration ou de tension et d’autres qui jouent sur des accalmies (un passage a cappela habité et prenant de Paul Loiseau, un tricot de trio de guitares électriques et sèche). On sourit même sur Your joy knows my mind, car on y entend plus clairement les sonorités du backing band de Patriotic Sunday (La Terre Tremble !!! a en effet accompagné la gestation du troisième opus du side project d’Eric Pasquereau et on a pu les retrouver en live avec lui), autre expert des suspensions et des chansons aux mille directions. Au final, La Terre Tremble !!! livre un set puissant et massif, sans jamais perdre cette exigence des nuances. On court se procurer leur nouvel album vendu à la fin du concert, impatient de se replonger dans ces morceaux mille-feuilles au plus vite. Un beau tour de force mené tambour battant par le trio qui ne trahit toujours pas son nom.

Condor

Pour finir cette soirée, rien de tel qu’une bonne dose d’électro décalée et foutraque avec le quatuor Condor. Les déguisements de fortune des deux guitaristes claviéristes (style péruviens futuristes) tranchent avec l’accoutrement caricatural des 2 dj’s. C’est drôle, intéressant musicalement, entre électro bancale et kraut-rock, mais on cherche le lien avec le line-up de la soirée. On apprend finalement que Condor est un groupe (éphémère ?) composé, entre autres, de membres du collectif Superstrat : un improbable combo de plasticiens qui réussit à clôturer cette excellente soirée mitonnée par le Jardin Moderne.

Les sets se sont enchainés à grande vitesse, et on a seulement le temps de survoler le salon. Mais on se rattrapera durant le week-end, pour une découverte du salon et des ateliers de gravure et de sérigraphie (à découvrir prochainement sur notre site).

Site du Jardin Moderne

Photos : Solène, Yann


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