Ce mercredi, l’Antipode propose une soirée qui devrait rester dans les annales : La Colonie de Vacances aka Marvin, Pneu, Papier Tigre et Electric Electric, c’est à dire quatre groupes dans ce qui se fait de mieux sur la scène noise -au sens large- investiront l’Antipode pour un concert quadriphonique. Oui, vous avez bien lu : quadriphonique. En effet, c’est un dispositif unique bien barré que nous propose la Colonie de Vacances. On retrouvera les 4 groupes sur 4 scènes distinctes qui jouent en même temps. Dont Marvin (pour en savoir plus sur la soirée, lire notre article ici). On avait interrogé le trio lors de sa dernière venue à Rennes il y a un peu moins d’un an. Retour sur cette interview pour ceux qui l’auraient manquée et qui souhaiteraient en savoir davantage sur ce groupe à l’énergie live débordante.
Le trio de Montpellier envoie une noise surpuissante mâtinée de synthés électro vintage à la Trans Am, de krautrock vivifiant, de prog et de métal arrangés à leur sauce et de stridences punk. Cette musique cherche, invente et envoie en même temps de la sueur et du lourd. On en est sûr, Marvin est l’un des groupes les plus excitants du moment.
Auteur d’un premier album éponyme autoproduit en 2007, le trio atypique (guitare-batterie-synthé) sort le diablement intelligent Hangover the top en 2010, chez Africantape et met d’un coup, tout le monde d’accord. Critiques élogieuses, concerts pleins de sueur et exaltants, Marvin est sur toutes les lèvres. On retrouve Greg, le batteur de Marvin, pour parler de leur musique, bien sûr, mais aussi pour lui demander s’il est toujours invaincu au bras de fer.
Alter1fo : Si vous deviez présenter Marvin en quelques mots ou quelques lignes, que diriez-vous ?
Greg de Marvin : Nous dirions que c’est un trio guitare/synthé/batterie de Montpellier, qui joue une espèce de prog punk électro et qui aime beaucoup tourner.
Dans votre musique, on entend du hard, du krautrock, de l’électronique, de la noise, du prog’… Est-ce que ce sont des influences que vous revendiqueriez ?
Oui, tous les genres tu viens de citer nous correspondent, CAN, Kraftwerk, Jesus lizard ou King Crimson sont des groupes que nous écoutons tous les jours dans le camion.
Un critique de Noise avait d’ailleurs eu une très belle formule à votre propos en disant que vous pouviez vous « targuer de dynamiter des ponts pour en construire d’autres entre plusieurs genres » . C’est quelque chose de conscient ? Quelque chose que vous souhaitiez faire au départ ? De quoi aviez-vous envie ?
Au départ, nous avons juste essayé d’incorporer le MS20 à notre background punkrock. Ensuite, petit à petit, nous avons effectivement essayé de mélanger les genres, croiser le hardrock avec l’électro, sans pour autant se borner à empiler des parties.
Si vous deviez citer trois disques sans lesquels vous ne pourriez vivre ?
Trois c’est trop peu, mais dans les 10 il y a aurait forcément un Trans Am (Red line, Sex change..), un Brian Eno (Another green world), un Robert Wyatt (Rock bottom), un Golden (le premier) et un Jesus Lizard (Goat ou Liar)…
Comment composez-vous ? A trois ? Chacun amène ses parties ? Vous improvisez ?
On compose tout à trois, en répète, en s’enregistrant puis en écoutant. Chacun de nous apporte une vague idée, un début de riff, une intention et on brode autour. Nous improvisons très très peu.
Sur votre (excellent) deuxième album, la face B se termine sur un reprise d’Here come the warm jets, d’Eno. Pourquoi avoir choisi ce morceau ? Comment fonctionnez-vous tous les trois pour les reprises, comment re-construisez-vous le morceau ? Par exemple, il me semble que l’original d’Eno (encore une fois très en avance sur son temps) était déjà relativement noise dans le son. C’est un peu comme si vous aviez poussé la logique du morceau jusqu’au bout.
On cherchait un morceau qui changerait un peu du reste de l’album pour le clôturer, un truc plus ambiant, plus calme. Après quelques tentatives de compos, nous somme tombés sur ce morceau de Eno qui nous a paru adéquat. On avait tellement de boulot pour bien jouer nos propres morceaux qu’on est arrivé au studio sans savoir comment on allait jouer cette reprise. Il a donc fallu improviser un truc au dernier moment et ça a donné ça. Eno a construit son morceau au mix, en mélangeant des pistes de batterie, en superposant beaucoup de couches. On a fait un truc un peu plus brut et on a re-créé une chorale par dessus.
La légende raconte que le Korg MS20 appartenait au (beau?) père de Fred et que vous avez cherché tous les deux un musicien qui pourrait en jouer et c’est Emilie qui s’y est mise alors qu’elle ne pensait pas à faire de la musique. Vous auriez pu chercher un bassiste ou éventuellement un autre guitariste pour rester dans une formule « classique ». Pourquoi cette envie d’un Korg dans votre musique ?
Le korg était là, dans la maison de Fred, on s’amusait avec et on s’est dit qu’il fallait absolument l’utiliser dans un nouveau projet. Quand tu vois ce que ce machin sort comme sons, c’est plutôt tentant. Un nouvel instrument c’est assez stimulant pour créer, surtout un synthé de ce type, ça pousse au mauvais goût !
Quelles étaient vos envies avec l’enregistrement de ce deuxième album ? De quoi avez-vous envie avec le troisième ?
Nous avions envie de faire un truc un peu plus fouillé, plus construit, avec un son plus large, des fréquences mieux distribuées. Pour le troisième, on se sait pas du tout, on commence tout juste à le composer.
Tu disais dans une interview plus ancienne, « après 6 mois de tournée, les morceaux ne sonnent plus du tout pareil et j’aimerais pouvoir les ré-enregistrer maintenant » . Qu’est -ce que tu changerais et qu’est-ce que le passage « au live » apporte aux morceaux pour toi ?
C’est juste qu’à chaque fois, tu bosses les morceaux à fond pour le disque et ce n’est jamais parfait pour autant. Ce n’est qu’après avoir tourné qu’on les possède vraiment, d’où ce regret sans fin…
Comment avez-vous choisi l’artwork du disque ?
Je cherchais une photo pour la pochette et j’ai commencé à chercher parmi celles d’un copain photographe. Je suis tombé sur ce gratte-ciel en contre-plongé et elle a fait l’unanimité tout de suite, avec son côté rétro-futuriste, entre 2001 Odyssée de l’espace et architecture à la Niemeyer.
Comment s’est passée la rencontre avec Julien d’Africantape ?
Nous avons fait la première partie de Chevreuil (le premier groupe de Julien), en 2003, pour le deux ou troisième concert de Marvin, au Rockstore à Montpellier. Puis nous nous sommes recroisés régulièrement, et, au moment où nous cherchions avec qui sortir ce disque, nous lui avons fait écouté la démo et il a dit banco. Tout s’est super bien passé et il n’y a aucune raison que la collaboration ne se poursuive pas. (…)
Tu es toujours invaincu au bras de fer ?
Non, je ne suis pas invaincu, il y a un toulousain incroyable, surnommé « le rital », qui est imbattable, ainsi qu’un Belge dont j’ai oublié le nom et deux-trois autres…
Merci !!
Merci !!
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Marvin en concert pour La Colonie de Vacances avec Pneu, Electric Electric et Papier Tigre mercredi 15 février à 20h30 à l’Antipode (2 rue André Trasbot, Rennes).
Tarif : Sortir ! : 4€ / Membres et Location : 11€ / Sur Place : 13€
Plus d’infos : Antipode
Myspace de Marvin : http://www.myspace.com/marvinband