« Complet », hier soir pour Xavier Thollard Trio puis Moutin Reunion Quartet à Bréquigny: normal, vu la qualité de la musique jouée. Le jeune trio parisien jetait les bases d’une soirée riche en références aux grandes années Hardbop avec brio, avant que les jumeaux rythmiques et leurs collègues virtuoses nous régalent d’un concert incandescent pour un triomphe.

On revient d’un concert comme celui d’hier soir avec une belle évidence en tête: ça bouillonne toujours sous les chapeaux des musiciens de jazz dits classiques, en formule trio ou quartet, par exemple… La preuve en deux actes, hier soir: d’abord, c’est donc le Xavier Thollard Trio qui dessine un canevas de jolis motifs qui accrochent l’oreille, tour à tour contemplatifs ou enlevés. Le projet semble se nourrir des personnalités et parcours de chacun, et, en animateurs zêlés de la scène jazz parisienne, les trois nous gratifient d’un beau concert assez libre et intense, dont ils se partagent les compositions. Bel hommage en prime: celui fait à la MJC Bréquigny par le pianiste Xavier Thollard, qui y a fait ses premiers pas de pianiste jazz, à partir d’une composition de Horace Silver.
Et à propos de Hardbop justement, le quartet suivant n’y est pas allé de main morte: le Moutin Reunion Quartet a littéralement chauffé la MJC à blanc. Attendus à juste titre comme l’un des temps forts du festival, les quatre compères ont investi l’espace sonore avec un bel enthousiasme communicatif, personnifié par Louis Moutin, sourire aux lèvres et baguettes en mains, qui nous présente son jumeau François: la fratrie semble révérer Coltrane et son quartet des grandes années (les jumeaux ont dû pas mal user les vinyles où sévissent Jimmy Garrison et Elvin Jones), et puisque avec Pierre de Bethmann (claviers) et Rick Margitza (saxophone) ils ont trouvé leur « formation idéale » (on les croit sur parole), on pouvait se lover dans son siège et laisser l’heureuse concoction couler dans nos oreilles. Egrénant longues compositions (« celle-ci s’appelait The Speach, et d’ailleurs… ce soir on en fera un hommage à …Barack Obama« ) ou hommages appuyés aux créations des belles années Blue Note, avec virtuosité mais sans notes inutiles, le quartet nous a distillé un jazz obsédant, résumant l’heure et demi de concert en une succession de pièces habitées d’une belle passion (accompagnées des « oh yeah! » du batteur), apaisées ou furieuses.

Ce soir, se sont les américains de Fat Kid Wednesdays et le Guillaume Casini Trio qui jouent à la MJC, et si ça continue comme ça, bien belle édition, la dix-neuvième…