Interview de Santa Cruz : Director’s Cut, vendredi 26 août au Triangle

Ce vendredi 26 août, Halle du Triangle, Santa Cruz et l’Orchestre de Bretagne joueront ensemble quelques titres du groupe : mais l’originalité de ce projet réside aussi dans les arrangements de Joseph Racaille qui a apporté son univers particulier sur dix titres du groupe rennais. Après de longs mois de travail, ce projet soutenu par la Station Service sera présenté gratuitement et pour la première fois dans le cadre des concerts d’été de l’Orchestre de Bretagne. En espérant que cette production rencontre d’autres publics en d’autres lieux dans les mois qui viennent.

Pierre

En pleine répétition, Santa Cruz nous a gentiment ouvert les portes du studio Cocoon à Vern-sur-Seiche. Rencontre avec Goulven Hamel et Pierre-Vital Gerard, membres du groupe, pour parler de la genèse de Director’s Cut, de la collaboration avec Joseph Racaille et avec l’Orchestre de Bretagne, mais aussi des projets futurs du groupe.

Alter1fo : Il y a un an, vous nous parliez d’un projet avec l’Orchestre de Bretagne (nous avions interviewé le groupe il y a un peu plus d’un an à l’occasion de la sortie de leur dernier album, A Beautiful Life, interview ici), et nous voici à quelques jours de la première. Qui est à l’origine de ce projet Director’s Cut ?

Pierre : C’est Charles Guivarch, qui était directeur de l’Orchestre il y a un an. Il voulait ouvrir le public de l’Orchestre à d’autres musiques pour élargir le public. Il nous a contacté puisqu’il nous avait vu en concert deux fois. Il aimait beaucoup et il a surtout pensé que le mélange était possible. Le directeur a changé depuis, mais le projet était lancé et s’est poursuivi.

Les arrangements pour ce projet sont de Joseph Racaille. Pouvez-vous le présenter et nous expliquer l’importance de son travail dans ce projet ?

Pierre : Jospeh Racaille est un arrangeur assez prolifique dans la musique française contemporaine. Il a fait plein de choses avec Miossec, Thomas Fersen, Alain Bashung, Dick Annegarn, par exemple et j’en oublie plein. Il a écrit des chansons pour Lio aussi. C’était le premier nom sur notre liste parce qu’il nous fallait un arrangeur pour ce projet. On lui a envoyé un mail pour lui proposer ça et il a accepté assez vite, donc on était super contents. Et on est encore plus contents du résultat. On a reçu tous les arrangements qu’il a fait pour les dix chansons. Il a réussi à mettre sa patte là-dedans, à changer un peu notre musique, ce qu’on voulait vraiment. On ne voulait pas que quelqu’un surligne ce qu’on faisait déjà, mais plutôt qui rajoute un autre univers là-dedans. Il a vraiment bien réussi ça, c’était la bonne pioche !

Santa Cruz - Interview août 2011 - by alter1foGoulven : On voulait absolument éviter les grosses nappes de cordes, ce qui peut paraître évident à l’écoute des morceaux de Santa Cruz, de renforcer ce côté cinématographique. Jospeh Racaille est un fan de Beefheart, il avait monté à Paris le Ukulélé Club de Paris où ils étaient dix ou douze à jouer avec des ukulélés. Il a vraiment un univers particulier, un peu bricolo. Il y a beaucoup d’humour dans ce qu’il fait. Il peut à la fois écrire des choses très belles, et puis arriver à trouver des petites percussions, des trucs qu’il détourne. Un côté comédie musicale aussi. On s’est dit qu’il pouvait amener cet éclairage-là sur Santa Cruz, cette notion de second degré par rapport à notre musique. Et à l’écoute de ce qu’il a fait, c’est exactement ça. Il a vraiment cherché dans des endroits où on n’aurait jamais pensé aller. Ce n’était pas forcément évident de trouver quelqu’un qui puisse faire ça. En lui faisant totalement confiance, puisqu’on n’a pas du tout participé au travail d’arrangement. Il nous envoie les morceaux terminés et puis voilà. C’était aussi un pari et il a vraiment réussi son coup.

Pierre : Son univers est très influencé par des musiciens comme Burt Bacharach ou Michel Colombier, qui ont fait des musiques de films pas forcément connus, mais qui sont devenus cultes 30 ans après. Et nous on n’avait pas du tout ça dans notre musique. Il a rajouté ça et ce sont des influences qu’on aime beaucoup. Ce n’est pas quelque chose qu’on aurait imaginé sur notre musique, et il l’a réussi.

Santa Cruz - répétition 3 - by alter1fo

Santa Cruz est une formation qui présente en concert soit une version électrique, soit une version acoustique. Là vous allez plutôt jouer en électrique avec l’Orchestre de Bretagne ?

Pierre : Oui en électrique parce que le but est de faire du rock avec un orchestre. En acoustique, ça n’aurait pas eu le même rendu, et Joseph n’était pas trop pour non plus. Il préfère vraiment qu’il y ait un mélange de sons électriques avec un orchestre derrière, une rencontre frontale entre les deux univers. C’est comme ça que c’était prévu dès le départ : on s’est posé la question à un moment donné, mais c’était plus des questions techniques pour les techniciens son, qui se demandaient si l’acoustique ne serait pas plus facile à gérer. Mais ce n’étaient pas les bonnes raisons pour le faire, parce qu’artistiquement, c’est beaucoup mieux en électrique.

Comment s’est passée la collaboration avec l’Orchestre de Bretagne ? Vous avez eu des répétitions ensemble ou bien le projet s’est coordonné à distance ?

Pierre : L’Orchestre a un planning tellement chargé qu’on ne peut pas faire beaucoup de répétitions. On a fait une répétition juste avec les vents de l’orchestre, c’est-à-dire les bois, les cuivres. Ils étaient douze et en face, il y avait basse, batterie et moi au chant, c’était moitié du groupe et moitié de l’Orchestre, histoire de défricher un peu les morceaux, pendant deux heures. On a déjà pas mal avancé, ça nous a déjà rassurés un peu sur ce que ça donnait de jouer en même temps qu’eux. On va juste faire deux répétitions, la veille du concert et le matin du concert, c’est tout. Une fois que les musiciens de l’Orchestre ont les partitions, ils peuvent jouer sans problème, ce sont de super musiciens. Le chef d’orchestre et Joseph Racaille sont là aussi pour leur dire comment interpréter les chansons parce que tu as beau avoir les notes sur les partitions, l’interprétation n’est pas écrite. Il y a plein d’interprétations possibles avec une même partition.

Goulven : C’est vraiment une rencontre, une confrontation entre musique savante et musique populaire. Dans le groupe, le processus de composition ne passe jamais par l’écriture ou par les règles d’harmonie, ce qui est par contre le cas pour un musicien classique. Les deux personnes qui font la transition entre ces deux langages, ce sont Joseph Racaille et puis le chef d’orchestre, qui interprète les tempos qu’on a, les intentions que l’on fait à l’oreille, pour les transmettre dans un langage compréhensible par l’orchestre.

Santa Cruz @ L'Antipode par PainbirdIl y a déjà cette ouverture au niveau de l’Orchestre de Bretagne.

Goulven : oui, ils l’ont déjà fait, pour eux ce n’est pas une découverte.

Pierre : Je crois qu’ils ne l’ont jamais fait avec un groupe de rock. Ils ont fait des choses différentes de la musique classique, des choses un peu expérimentales, ou bien l’année dernière avec Olli and The Bollywood Orchestra. Mais pas avec un groupe de rock et des chansons classiquement rock comme on peut le faire.

Goulven : Bon c’est vrai qu’ils ne sont pas non plus en train de jouer avec un groupe de trash metal. Santa Cruz, c’est quand même des chansons à la base, même s’il y a de l’électricité. Je pense qu’ils peuvent trouver leurs repères assez facilement, c’est très harmonique ce qu’on fait. On a quand même un terrain d’entente assez facile.

Vous avez déjà plusieurs albums et de nouveaux titres enregistrés depuis janvier. Qui a choisi les morceaux pour élaborer cette set-list particulière ? Le groupe, Joseph Racaille ?

Santa Cruz - répétition 12 - by alter1foPierre : Jospeh Racaille a fait une liste de vingt chansons à peu près, sur lesquels il se sentait bien pour faire des arrangements. Au final, on en avait dix à choisir et on a choisi parmi cette liste. Il nous avait indiqué deux ou trois titres indispensables qu’on a gardés. Il voulait absolument les faire, mais on les aurait choisis je pense. Sur le reste des morceaux, on a choisi en accord avec lui. Son regard était important, parce que c’est lui qui avait besoin d’inspiration pour faire les arrangements. Ses arrangements ne se contentent pas de suivre les accords, il a inventé une musique par-dessus la nôtre, c’est un vrai boulot de création qu’il a fait. Il avait besoin d’être inspiré, de sentir les chansons, de les aimer. J’imagine qu’il n’a pas aimé tous les morceaux de tous nos disques, donc il a fait des choix là-dedans, et ça nous convenait bien.

Goulven : Ça a été assez simple comme processus, ça a pris trois semaines à tout casser. Ce que dit Pierre, c’est qu’à la base, il devait se sentir à l’aise avec les morceaux, et on n’a pas de problèmes fondamentaux avec les morceaux qu’on joue (rires). Ce qui est bien, c’est qu’il a été chercher dans différents aspects de Santa Cruz. On peut se dire : tiens, il va privilégier les ballades, les mid-tempo, les morceaux un peu faciles. Mais pas du tout, il a été chercher dans des trucs un peu compliqués, qui envoient, avec cet aspect ludique qu’il doit avoir dans son travail. Il y a tout Santa Cruz, tous les tempos : nos morceaux qui envoient le plus en concert sont là par exemple.

Pierre : Il y avait juste deux morceaux qu’on avait gardés de côté. On lui avait précisé qu’on allait faire huit morceaux des anciens albums, et deux morceaux du prochain album. C’était un album qui n’était pas encore enregistré à l’époque où on a commencé à travailler avec lui. Ce sont des morceaux qu’on a enregistrés en janvier 2011, et sur lesquels il a fait aussi des arrangements.

Santa Cruz - répétition 4 - by alter1foGoulven : Ce projet est vraiment un work-in-progress, puisque l’album n’est pas terminé, il n’est pas mixé, donc ce sont des morceaux qui sont peut-être amenés à évoluer encore, et l’éclairage de Joseph sur ces morceaux sera peut-être intégré. Il rentre dans le processus d’arrangement et de mise en place du morceau.

Cette collaboration peut influencer votre musique ?

Pierre : oui, ça ouvre les oreilles, sur ces deux morceaux-là bien sûr, mais finalement sur tous. Maintenant quand j’écoute les morceaux avec les arrangements de Joseph, sur deux ou trois d’entre eux, j’ai du mal à réécouter les originaux. Je me dis que ça manque de richesse harmonique. Si on l’avait eu en studio, si on avait eu l’argent pour payer les musiciens, ça aurait été génial. Sur certains morceaux, tu as vraiment l’impression que les morceaux sont finis avec ses arrangements. Les autres morceaux sont supers aussi, mais c’est plus un exercice de style qu’il a fait sur nos chansons qui marche bien, mais c’est tellement différent de l’original que ce sont deux entités différentes. Mais sur deux, trois titres, il a vraiment fait les finitions, il a passé le vernis qui manquait.

Goulven : C’est comme ça que tu piges pourquoi les maisons de disques payent aussi cher des arrangeurs (rires). Tu prends l’album de Bashung par exemple, Fantaisie Militaire, les morceaux tiendraient debout, il n’y a pas de soucis. Mais tu vires toutes les interventions de cordes, ce n’est plus la même chose. C’est vrai qu’on se considère comme arrangeurs pour notre musique, et là tu arrives dans une autre division (rires). Ça n’enlève rien à ce qu’on fait, mais il (Joseph Racaille) a une palette de couleurs énorme par rapport à nos couleurs à nous, nos acoustiques, les instruments avec lesquels on travaille et avec lesquels on continue à travailler. Mais potentiellement, il a un orchestre de 70 musiciens à sa disposition, avec autant de couleurs différentes. Et en plus il va chercher des instruments particuliers : le cor anglais, on n’en met pas partout. Le hautbois, ce n’est pas le genre d’instrument auquel tu penses forcément.

Santa Cruz - répétition 6 - by alter1fo

Pierre : Et puis harmoniquement aussi. Il va choisir des notes, des harmonies. La première fois que tu écoutes les arrangements, c’est très étonnant, c’est même déstabilisant. Et quand tu as écouté deux, trois fois, ça te paraît assez naturel, tu l’intègres et tu vois que ça marche très bien. C’était la surprise à chaque fois qu’il envoyait un morceau avec les arrangements finis, on se disait : « qu’est-ce qu’il nous a fait encore ? ». On les recevait un par un, en gros un par semaine, et on était excités dans l’attente du prochain ! Il y a deux ou trois morceaux où il m’a fallu deux ou trois écoutes pour comprendre ce qu’il faisait. A la première écoute, c’est parfois vraiment déstabilisant, parce qu’il va sur des territoires assez étranges. Il est assez barré, il ne s’interdit rien. Et au niveau harmonies, riffs de cuivres, il y a des choses assez étonnantes. Ce ne sont pas des arrangements conventionnels. C’est parfois même un peu chargé, mais c’est toujours hyper inventif.

Goulven : Notre écoute est faussée, parce qu’il travaille sur des sons numériques pour l’instant. Tout est faux, il y a pleins de nuances qu’on n’a pas sur les violons par exemple. La découverte on l’aura quand même. On a la grille harmonique, on a une idée des sons, mais une fois que ce seront de vrais musiciens avec des vrais bois et du vrai métal qui résonne, toutes les nuances vont être multipliées par cent et là on va prendre une grosse claque je pense !

Ce n’est pas un grand orchestre de 80 musiciens, il sont 27, mais quand ça déboule derrière… Je l’avais fait juste avec un quatuor à cordes et la puissance est assez impressionnante, même à quatre. Mais alors là, à mon avis ça va être assez fort. Parce qu’on imagine toujours qu’on est les plus forts avec nos amplis qu’on peut mettre à 11 ou 12, mais quand ils sont trois ou quatre à souffler dans leurs binious, ça envoie ! (rires).

On s’est amusé à réécouter vos albums en essayant de jouer au jeu des devinettes, histoire de savoir quels titres pouvaient s’inscrire dans ce projet. Alors on ne vous demande pas la set-list, mais on verrait bien des morceaux avec une puissance et une richesse harmonique importante comme Before The Rain par exemple. On pense aussi à des titres où il y a déjà des cordes, comme After Supper ou The Abel and The Cain. Bonne pioche ?

Santa Cruz - répétition 7 - by alter1fo

Pierre : oui effectivement, il y a Before The Rain. J’étais assez surpris parce que Jospeh l’avait mis dans ses indispensables. Quand il a envoyé les arrangements, j’ai compris pourquoi parce qu’il s’est vraiment amusé à faire quelque chose du style Burt Bacharach. C’était un de ses indispensables parce qu’il avait une idée précise de ce qu’il allait faire dessus dès qu’il a entendu le titre, je pense. Mais tant qu’il n’avait pas envoyé ses arrangements, j’avais un doute sur ce qu’il allait faire avec ce morceau-là, parce que je pensais que c’était un des plus compliqués. Or je pense que c’est un de ceux avec lequel il s’est le plus amusé !

The Abel and The Cain effectivement, c’était un de nos indispensables, parce que c’est un morceau qu’on adore jouer sur scène et qu’on l’imaginait très bien avec des arrangements. After Supper ou Dead For Sleep par exemple, où il y a déjà des arrangements de cordes sur le deuxième album, on les a évité justement. Joseph trouvait qu’il y avait déjà des arrangements de cordes, il préférait bosser sur d’autres chansons sur lesquels il y avait de la matière. Tous les morceaux où il y avait déjà des arrangements de cordes n’ont pas été choisis.

En fait sur The Abel and The Cain, il n’y a pas de cordes sur le disque. Tu as des sons électroniques, mais pas de faux sons de cordes. Les sons avaient été bossés comme des nappes que tu as dû prendre pour des arrangements de cordes.

Santa Cruz - répétition 11 - by alter1fo

Goulven : Dans The Abel and The Cain, il y a un côté Portishead, un côté un peu trip-hop, tu penses tout de suite au live de Portishead avec l’orchestre. Ce qu’on voulait absolument éviter : c’est un très beau disque, mais ce n’était pas ça qu’on voulait. Et ce qu’a fait Joseph est vraiment réussi.

Ce concert est une première, enfin la première date jouée. Est-ce qu’il y aura d’autres représentations de Director’s Cut ?

Pierre : Il y aura une autre représentation à Rennes au Diapason le 18 janvier 2012. On va jouer le 20 janvier à Grenoble. Et ensuite, il y a un projet pour le faire à Edimbourgh avec le Royal Scottish Orchestra. Ça n’est pas encore sûr mais c’est dans les tuyaux.

Sur la France, les dates sont en recherche : si on pouvait faire des festivals d’été avec ça, ce serait super, même si on n’en fait que deux ou trois. Il y a des festivals qui sont ouverts sur ce genre de formule, comme les Vieilles Charrues, les Eurockéennes, etc… qui ont toujours un côté découverte dans leur programmation.

Goulven : C’est un spectacle qui est en cours de production. Il y aura une captation qui va nous donner des biscuits. Il faut savoir que c’est un gros projet, humain et financier.

Pierre : Et puis c’est un projet qui peut durer jusqu’en 2013, 2014, sans problème. Ce n’est pas un projet avec lequel on peut faire des tournées, mais avec des concerts isolés c’est tout à fait possible. On peut par exemple faire 4 concerts avec ce projet là en 2013.

Director's Cut

Et avec l’Orchestre de Bretagne ou avec un autre orchestre.

Goulven : Oui, à partir du moment où le chef d’orchestre est la cheville ouvrière du projet, le pivot qui va faire la communication avec les musiciens écossais. En plus on est un groupe qui chante en anglais (rires). La partition est internationale. L’idée n’est pas de faire un one shot avec ce projet, ça serait dommage.

Pour terminer sur Director’s Cut, on a trouvé l’affiche terrible. Qui est l’auteur de cette affiche ?

Pierre : L’idée de la photo, c’est Laurent Guizard, qui a déjà fait deux séries de photos pour nous. C’est un photographe rennais qui a fait des photos pour pleins de groupes, Bikini Machine, Montgomery aussi, Laetitia Sheriff, Olivier Mellano, Dionysos aussi mais il ne fait pas que de la musique. C’est lui qui a eu l’idée de la photo de l’affiche. J’ai posé avec un violoncelle, on ne voit pas ma tête sur l’affiche, on voit juste la position du corps avec le violoncelle, assis dans un vieux fauteuil.

Après il y a eu l’infographie parce qu’il y a beaucoup de boulot pour faire toute la mise en page, ça c’est Erwan Le Moigne.

Goulven : Laurent a fait un super boulot. On a fait deux séances photos avec lui et la dernière a duré dix minutes. Et quand tu vois le résultat… Parce que les séances photos ça peut être très chiant, mais avec lui ça se passe toujours très vite et très bien.

Santa Cruz - répétition 5 - by alter1fo

En ce qui concerne vos autres projets, il y a eu l’enregistrement de titres qui a débuté en janvier et qui devrait déboucher sur un nouvel album. La sortie de cet album est prévue pour quand ?

Pierre : On va essayer de sortir ça au printemps 2012. On a déjà fait deux sessions d’enregistrements en janvier et juin et puis on va devoir refaire une session en novembre je pense, toujours à Cocoon. Après il faut mixer, etc… pas avant mars-avril 2012.

Goulven : Santa Cruz est quand même un groupe indé. Pour chaque album, il y a les problème de distribution, on se pose la question de la sortie plastique, la sortie numérique. On est quand même au cinquième album, ça continue à sortir quand même. Mais pour des groupes comme nous qui ne sont pas signés sur des labels, à chaque fois c’est une nouvelle aventure, financière aussi. C’est l’état de la musique en France. L’essentiel, c’est de pouvoir continuer à les sortir. Et que les gens les achètent aussi, bien évidemment !

Au niveau de la couleur musicale de ce nouvel album ?

Goulven : reggae (rires)

Santa Cruz - répétition 9 - by alter1fo

Toujours aussi rock avec des mélodies pop, toujours dans la même veine ?

Pierre : Oui, il va même être un peu moins folk qu’avant. Je pense que les compos sont plus pop effectivement. Un peu plus pop, un peu plus rock. On s’écarte des débuts du groupe où on était toujours classés dans l’americana, la new-country, des trucs comme ça. Ça c’était vraiment le premier album, mais c’est des étiquettes qui nous ont suivis et qui nous suivent encore. Mais quand tu écoutes les albums, ce n’est pas spécialement country. Sur le dernier album qui est sorti il y a deux ans, il y a encore des chroniques qui parlaient de ça. Les chroniqueurs se font avoir parce que tu as de la pédale steel, tu as du banjo sur les chansons, ce sont des couleurs qui viennent effectivement de la musique populaire américaine. Mais les compos ne sont pas du tout country, elles sont un peu folk mais on est quand même loin du folk.

A la rentrée, vous allez faire quelques dates avec Miossec ?

Pierre : En fait, c’est Miossec qui a choisi des musiciens de Santa Cruz pour l’accompagner sur scène, mais il n’y a pas tout le groupe. Il y a 4 musiciens, Goulven à la guitare, Thomas le clavier, Jacques et Alex à la basse et à la batterie. Ils vont accompagner Miossec pendant toute la tournée de septembre-octobre, et la tournée de février-mars.

Goulven : On commence à répéter juste après la première date avec l’orchestre. On part avec lui sur la tournée de l’album Chansons Ordinaires, mais on n’a pas fait l’album. Ce sont des Rennais qui ont bossé sur cet album, il est vachement bien. Normalement on est parti pour l’année avec lui sur la route. Nous quatre, basse, batterie, guitare et clavier.

Pour finir, la question piège : si vous deviez citer 3 disques sans lesquels vous ne pourriez pas vivre ?

Santa Cruz - répétition 13 - by alter1fo

Pierre : C’est compliqué, parce que ça change ! Il y a des disques qui influencent ma façon de composer, ou ceux qui m’ont vraiment marqués, le premier Palace Brothers par exemple m’a vraiment scotché à sa sortie. Un album de Sparklehorse… C’est compliqué ! C’est marrant parce que ce ne sont pas forcément des disques que j’écoute souvent, mais je les ai tellement écoutés. J’adore les Beatles, mais je ne les écoute jamais, ça arrive deux fois dans l’année. Parce que j’ai tellement été biberonné à ça, comme Dylan ou les Byrds. Ce sont des gens que j’adore mais je me rends compte que je ne les écoute pas souvent. J’aime bien écouter des nouveautés, découvrir. Je crois que 3 disques c’est quasiment impossible parce que ça changerait l’année suivante.

Goulven : le mois suivant ! (rires)

Pierre : Au bout d’un an sur une île déserte, j’aurais du mal (rires). Je préfère que tu me demandes ce que j’écoute en ce moment. Le dernier Bertrand Belin que j’écoute en boucle, le dernier Timber Timbre que j’adore. Et puis un album que j’écoute régulièrement, qui est sorti depuis 3-4 ans, le premier album de Bon Iver.

Goulven : je n’écoute pas beaucoup de nouveautés en ce moment, c’est une catastrophe. Je ne pourrais pas partir sans un album d’Aretha Franklin, j’écoute ça au moins deux à trois fois par semaine, I Never Loved A Man (The Way I Love You). Un vieil album de Toots and the Maytals des années 75-76. Et puis un Sparklehorse. Mais trois c’est dur… En tout cas je ne peux vraiment pas vivre sans Aretha Franklin, sans les albums Atlantic ! (rires) Je n’ai pas cette faculté qu’a Pierre d’être dans la découverte, les trois-quarts du temps, ce que je découvre, c’est par l’intermédiaire de Pierre, de Thomas. Je fouille plutôt dans les vieux trucs, déjà je prends moins de risques de me planter (rires) !

Pierre : Goulven écrit aussi des romans sur la musique.

Santa Cruz - répétition 2 - by alter1fo

Goulven : Avec ma femme, on a un projet de fictions chez Nathan pour les jeunes à partir de 13 ans. On a découpé l’histoire du rock en dix tranches, dix mouvements. Et on fait un roman et un petit documentaire à la fin sur chaque mouvement. C’est un vrai roman, on invente des personnages, etc… pour replacer l’invention du mouvement dans sa période. Il y en a déjà trois qui sont sortis, le reggae, le rock’n’roll, le punk. Et à la mi-septembre, le pop sixties et le hip-hop. C’est une série qui s’appelle Backstage (pour plus d’informations, c’est ici). A l’origine c’est pour les 13-17 ans, mais le lectorat est beaucoup plus large que ça. Donc forcément quand tu te penches sur un mouvement, tu le creuses à fond. Par exemple quand on a fait le reggae, j’avais déjà des albums de reggae, mais je me suis replongé dedans. C’est pour ça que je t’ai cité Toots parce que je ne m’en suis toujours pas remis : j’ai redécouvert les 4 albums qu’il a fait entre 72 et 76. Et ça fait une espèce de synthèse entre le reggae et la soul, parce que c’est un magnifique chanteur de soul aussi. Ça permet de redécouvrir des trucs, donc tu n’as pas forcément le temps de découvrir ce qui se fait récemment. Mais les potes sont là pour ça !

Merci beaucoup à tous les deux !

Un grand merci à Pierre et Goulven pour nous avoir accordé ce temps d’interview en pleine répétition, et un merci tout particulier à l’ensemble des musiciens (Alex, Goulven, Jacques, Pierre, Thomas et Vassili) de nous avoir permis d’assister à une partie de ces répétitions !

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Director’s Cut, Vendredi 26 août à 20h30, Halle du Triangle, dans le cadre des Concerts d’Eté. Et c’est gratuit !

Pour celles et ceux d’entre vous qui n’auront pas la chance de se rendre au Triangle, sachez que le concert de Santa Cruz et de l’Orchestre de Bretagne sera diffusé en direct sur TVR Rennes 35 Bretagne, Tébéo et Ty TV.

Santa Cruz sur Myspace et Bandcamp.

Director’s Cut sur le site de La Station Service

Concerts d’Eté sur le site de l‘Orchestre de Bretagne

1 commentaire sur “Interview de Santa Cruz : Director’s Cut, vendredi 26 août au Triangle

  1. durand evy

    J’ai été charmée par la voix et le rassemblement symphonique…J’y ai retrouvé tout le charme d’une musique vivante et pleine d’amour

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