Depuis que j’avais vu le film « Almost Famous » (« Presque Célèbre ») paru à l’aube des années 2000, je rêvais de pouvoir enfin sortir cette phrase d’anthologie symbole de tous les sésames. Si vous vous souvenez, l’histoire racontait comment un jeune garçon récemment engagé par «Rolling Stone Magazine» accomplissait son rêve en suivant en tournée son groupe préféré. Il découvrait ainsi éberlué toutes les facettes de la trilogie « Sexe, Drogue et Rock And Roll ». Quand les Fab Mods m’ont demandé de venir couvrir une date de leur tournée marathon de ce début d’année, j’ai su que c’était enfin mon tour. (Enfin c’était avant de savoir que la moitié des membres étaient adeptes de la philosophie « Straight Edge »).

Toutes les conditions étaient réunies pour une soirée mémorable. En premier lieu, la salle, « Les Combustibles » un haut lieu des soirées parisiennes nouvellement rafraichi et couplé avec un restaurant chaleureux. Ensuite l’affiche, 3 groupes teigneux qui allaient croiser le fer dans une joute qui promettait d’être Dantesque, et enfin plein de copains dans la salle.

Pour ouvrir le bal « Tio Manuel » que je rêvais de voir depuis que j’avais découvert son Rock Latino mâtiné de Dub. Je ne vais pas vous racconter d’histoires mais les disques de Tio Manuel sont ceux qui tournent le plus chez moi. Entre mes femmes qui exigent une musique calme et ma haute exigence qualitive, il faut avouer qu’il est difficile d’arriver à une unanimité qui m’est chère. Mais les trois disques de Tio Manuel répondent tout à fait à ce cahier des charges.

Après ce sont les « Fab Mods » et leur Punk-Rock abrasif qui ont fait monter la sauce. Les Fab Mods c’est une histoire d’amour. Ce sont les grands frères que j’ai toujours voulu avoir. Depuis leurs débuts dans leur garage et à force de travail de talent et de volonté, il sont devenus une machine de guerre qui se nourrit de sueur et de décibels. C’est une masse compacte qui avance comme une charge au sabre clair ou les claquements de basse associés à la caisse claire font trembler la terre. Etonnamment le premier rang est tenu par des hordes de fans de sexe féminin et il est difficile de garder sa place. Et puis le clou du set, un moment de grâce comme il en arrive peu dans le Rock And Roll, Graziella De Michele rejoint Laurent au chant pour un duo sur le « Teenage Kicks » des Undertones (Un des plus grands morceaux de tous les temps CQFD !!) qui laisse l’assemblée sans voix.

Pour clôturer le bal et faire baisser la tension, le relais était donné à « The Run » un combo de Ska/Rocksteady. On pourrait les situer dans la lignée d’un groupe comme Madness très soul dans leur approche de la musique Jamaïcaine où l’on privilégie la mélodie à la vitesse. The Run était le groupe que je connaissais le moins et la seule chose que j’avais appris c’est que la section rythmique venait des Chihuahuas, un groupe Rock-Latino que j’appréciais particulièrement à la fin des années 80 et qui avaient notamment fait une reprise savoureuse du « Porque Te Vas » de Jeanette (BO de « Cria Cuervos »). Les autres membres du groupe n’étant pas des manchots on les retrouve dans des formations aussi diverses que prestigieuses comme : Jad Wio, L’Echo Raleur, Porte Manteaux, etc.

Bref une soirée mémorable placée sous le signe de l’amitié avec 3 bons groupes qui s’apprécient et qui veulent jouer ensemble, chacun dans son style propre. Une mention spéciale pour Laurent Ganzaman qui sortait juste de l’hôpital et qui s’est quand même enquillé 2 sets complets avec Tio Manuel et The Run. Chapeau l’artiste !!

Quelques instant avant leur concert, les Fab Mods ont gentillement accepté de répondre à mes questions.

Bonjour les Fab Mods. Quelle est la génése du groupe ? Plutôt Fab Four ou Fabulous Troubadour ?
Yann (Guitare) : Fabulous Modérator.
Laurent (Chant) : C’est né sur un forum où on était modérateur, et c’est parti d’une plaisanterie, on a monté le groupe. On cherchait un nom et Fabulous Modérateur s’est imposé mais comme c’était un peu long alors on a raccourci en Fab Mods. Finalement Mods ça tombait plutôt bien.
Au début vous faisiez pas mal de reprises mais rapidement vous avez fait vos propres morceaux.
Laurent : La première fois que l’on a joué ensemble on avait rien alors effectivement on a joué des reprises. Puis au bout de 3 fois, on en a eu marre de tourner en rond avec les reprises et on a décidé de jouer nos propres morceaux.
Comment cela se passe la composition. L’un écrit la musique et l’autre les paroles ?
Yann : Laurent écrit les textes puis me les envoie. J’écris la musique et quand c’est prêt je redonne ça aux autres.
Une relation Ecrivain/Musicien alors, à la Strummer/Jones ! Et musicalement ou vous situez vous ? Les Mods ?
Groupe : Non (collectif + rires)
Yann : Clash, Jam, Stiff Little Fingers, heu .. Members, ce genre de trucs.

Info de dernière minute : Les Fab Mods seront en première partie des Members le 2 octobre aux Combustibles.

Plutôt Punk finalement.
Yann : Oui, Punk Rock 1977-80 avec quelques petites influences Mod-revival. Donc plus Punk que Mods, en tout cas des Mods originels ceux des sixties. On m’a dit que que la musique avait cette influence, mais bon moi je ne l’entends pas.
Sur « Brand New Day » j’y retrouve un peu les « Barracudas »
Yann : Peut être oui … ça doit être notre morceau le plus lent.
(Nous sommes rejoints par Eric le Bassiste.)
Eric (Basse) : Tout ce qu’ils ont dit est faux.
Laurent : Eric ancien « WC3 » /  « A Trois dans les WC », formation historique New Wave. Puis après avoir trainé dans plusieurs groupes, il nous a rejoint et a ainsi donné la formation définitive du groupe.
En fait, vous venez tous du mouvement punk du début des années 80 quand il a explosé en France.
Laurent : Oui c’est ça, on était ado, on avait 14 ans et on a été influencé par cette scène là. Sauf Eric qui était plus ancien que nous dans la mouvance.
Eric : C’est pas vrai, j’avais 17 ans, et de toute façon le Punk était déjà plié en 1980.
C’était le début de la 2ème vague ?
Eric : Oui c’est ça, mais moi je faisais parti de la 1ère.
Depuis le début de l’année vous enchainez les concerts.
Laurent: Oui c’est notre 4ème ce soir puis on enchaine avec Lille la semaine prochaine puis après on a 3 dates encore sur Paris.
Quand est ce qu’on pourrait envisager de vous retrouver sur disque ? Les morceaux sont bien rodé non ?
Laurent : Normalement on doit enregistrer vers Juin il me semble.
Yann : Oui avant l’été en tout cas, mais ça doit être finalisé. On a déjà mis quelques morceaux en boite, mais on doit encore bosser. On a encore 6 ou 7 morceaux qu’on veut enregistrer.
On partirait plutôt sur album ?
Eric : On est pas d’accord (rires). Moi je voudrais faire du vinyle, mais les autres ne veulent pas.
Du vinyle, ça serait sympa.
Yann : Oui ça vrai peut être un 45T si ça l’amuse
Eric : Les CDs, y’a plus rien qui se vend, juste quelques-uns en concert aux aficionados.
Yann : Oui pourquoi pas, un EP 5 titres …..
Laurent : Il y a aussi les plates-formes numériques mais je ne sais pas ce que ça vaut.
Eric : Moi j’ai un exemple. J’ai sorti un album en 2008 et j’ai dû gagner 17,5 Euros.
Yano (Batterie) : De toute façon personne ne télécharge légalement, ça n’a aucun intérêt, ça me fait bien rire.
C’est vrai que ce n’est pas très excitant.
Yano : Oui et c’est là que je rejoints Eric. Ca reste un objet le vinyle, et beaucoup ont la nostalgie de ça.
Laurent : Le problème avec le vinyle, c’est que tu ne peux pas le mettre sur le net à la portée du plus grand nombre. Par contre sur le vinyle tu peux mettre des versions inédites qui ne sont pas sur le CD.
Yann : Oui, à l’ancienne, à la Jam.
Comme dans le reggae, un instrumental en face B ou la version Dub ?
Groupe : Hummm ….. (moue boudeuse collective)
Yano : On ne fait pas spécialement de la musique pour les jeunes. Alors autant se faire plaisir et sortir des disques sur des formats qu’on a connu et qu’on aime. Surtout que le vinyle est loin d’être mort.
Eric : Sur mon expérience malheureuse, il y a deux ans, on a du vendre 10 CDs mais par contre tout le stock de vinyles.
Yann : tout dépend de ton public. Si dans un concert de 80 personnes, tu n’as que du vinyle à proposer et que 20 personnes seulement ont une platine, ben voilà tant pis pour les autres. Depuis qu’on a commencé les concerts, c’est une réflexion qu’on nous fait à chaque fois. « Vous n’avez rien à vendre ?  ». Alors si les gars ils viennent et qu’on a que du vinyle, et ben y’en a plein qui vont être frustré. Après il peut toujours prendre un 45T qu’il va poser sur sa commode, mais bon … J’ai l’impression que le vinyle c’est pour se faire plaisir, faire comme les Jams les Buzzcocks et consorts.
Laurent : Oui, c’est plus pour garder précieusement dans ta discothèque mais lorsque tu veux écouter de la musique, tu mets les CDs. Ca reste quand même le support incontournable aujourd’hui, malgré les histoires de piratage.

Une irruption inopinée des groupies me force à clôturer ce débat passionnant. Merci à vous les Mods et bon gig !!

Liens
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– La page myspace des Fab Mods
– La page myspace des The Run
– La page myspace de Graziella de Michele
– La page myspace des Combustibles