Fake Party – De l’électro qui a du style…

Les Rennais de Fake Project s’associaient aux Parisiens de Get the Curse le temps d’une nouvelle Fake Party à la programmation plus qu’alléchante cette nuit de vendredi à samedi à l’Espace… Trois artistes de Get The Curse (Clement Meyer, Olibusta et le duo Darabi) partageaient l’affiche avec deux très grands noms de la scène électronique : Ivan Smagghe et Ewan Pearson. Et oui, excusez du peu ! On prévoyait d’en prendre plein les oreilles… Compte-rendu de cette soirée un peu exceptionnelle.

Darabi @ L'Espace 28 mai 2010On arrive pour le warm-up de Darabi. Le duo rennais, fondé au printemps 2009 et très vite remarqué par la structure parisienne Get The Curse, commence tranquillement par envoyer ses beats et ses basslines. L’intensité monte progressivement. L’Espace commence à se remplir peu à peu. Filip Dean et Dang Khoa amènent petit à petit les clubbers sur le dancefloor. Le duo, mi hondurien mi vietnamien, n’a sorti que deux remixes (un pour Qoso, un autre pour Olibusta, leur compagnon de label ; un maxi de leurs productions devrait voir le jour très prochainement) mais remplit le contrat devant un public encore clairsemé mais qui rentre progressivement dans l’ambiance

Ewan Pearson @ L'Espace 28 mai 2010Après cette bonne entrée en matière, la piste s’est remplie et c’est au tour d’Ewan Pearson de prendre les choses en main. C’est déjà là qu’on voit toute la classe du dj anglais : en quelques minutes, il parvient à nous faire passer sans rupture dans son univers sonore. Dj et producteur depuis 1996, Ewan Pearson fait montre d’une technique irréprochable. C’est l’un des remixeurs (Depeche Mode, Chemical Brothers, Goldfrapp, The Rapture…) et des dj les plus acclamés et demandés du monde électronique. Et on comprend pourquoi ce soir à l’Espace. L’homme est un artiste de nuances. Chaque titre de sa sélection, se baladant entre la techno et la house a ce petit quelque chose de classe en plus, parfois une nappe, parfois des vocaux… Son dernier mix (We are proud of our choices) est sorti sur le label Kompakt et ce n’est sûrement pas un hasard. Il partage avec le label allemand son talent pour les ambiances inspirées et raffinées. Cette nuit, à l’Espace, l’homme durcit naturellement le ton par rapport à sa sortie sur Kompakt destiné à une écoute plus domestique, mais malgré un son résolument plus dancefloor, il parvient à garder cette petite touche de finesse qui rend le tout un ton plus classe. Mi-puriste, mi-entertainer, Ewan Pearson réussit le crossover parfait entre mainstream et sélections plus pointues. Le public apprécie et le suit lorsqu’il commence à envoyer des morceaux plus ravey.

Ivan Smagghe - Ewan Pearson @ L'Espace 28 mai 2010Ivan Smagghe, l’incontournable, s’approche alors une nouvelle fois de la table de mixage avec ses bretelles. L’homme a la très grande classe. Il laisse Pearson achever sa sélection et l’applaudit avec le public. Quelques secondes de silence et le dj français, co-fondateur de l’excellent Kill the Dj, lance son premier titre. Avec Pearson, c’est lui la tête d’affiche. Activiste reconnu et acclamé d’une certaine électro à la française, l’homme est respecté pour ses choix sans compromission. Ancien vendeur de Rough Trade, devenu Dj résident au Pulp, co-fondateur donc de l’excellent label parisien Kill the Dj, ancien membre de Black Strobe (avec Arnaud Rebotini), Ivan Smagghe est un dj à part. Respecté pour sa connaissance encyclopédique de la musique autant que pour sa facilité à faire remuer les dancefloors, l’homme s’attache à dénicher des titres obscurs, souvent underground et à les insérer dans ses mixes à la fois pointus et dansants. On croise des tee-shirts Kill the dj sur la piste et on se dit que les fans ont fait le déplacement.

Ivan Smagghe @ L'Espace 28 mai 2010Le son est tout de suite plus abrupt et économe que lors du set de Pearson. Mais là encore, on sent qu’on écoute un vrai artiste avec ce style en plus qui fait la différence. Pas d’effets tapageurs ou de tours de passe-passe racoleurs, Smagghe maîtrise parfaitement sa technique. Ses montées sont puissantes et tout en finesse. On retrouve même parfois l’esprit des sets de Chloé (compagne de label, du Pulp et avec qui il a sorti l’excellente compilation à quatre mains The dysfunctional family) avec ses montées qui au lieu d’exploser brutalement, débouchent sur un nouveau calme d’avant la tempête. Dans les mixes de Chloé, on sent cette volonté de la retenue, de différer le plus longtemps possible le plaisir de l’explosion des basses et de faire monter l’envie. C’est un peu moins marqué avec Smagghe mais l’idée est là aussi. Le public a l’air d’apprécier même si l’Espace a connu davantage d’affluence. Le set s’étire progressivement et devient hypnotique…

Clement Meyer @ L'Espace 28 mai 2010Mais c’est au tour de Clement Meyer de prendre les choses en main. Le jeune parisien gravit les marches du succès 4 par 4: d’abord co-fondateur du blog musical, devenu label Get The Curse, il commence à sortir ses propres productions qui trouvent un écho plus que favorable chez des gens aussi recommandables qu’ Andrew Weatherall ou Damian Lazarus. Actuellement considéré comme l’un des dj les plus prometteurs de la scène hexagonale, Clement Meyer prouve ce soir à l’Espace que les espoirs qu’il suscite ne sont pas usurpés. Il commence sa sélection et aussitôt on est frappé par la différence qu’il peut y avoir entre trois styles différents de deejaying. C’est d’ailleurs la première conclusion qu’on pourrait tirer de cette soirée. Cette Fake Party nous a proposé une programmation avec de véritables artistes. En littérature, on affirme souvent que ce qui fait un vrai écrivain, c’est le style. Aussi qu’on apprécie ou non les prestations des trois dj qui viennent de se succéder, force est de reconnaître que chacun a un style. Chacun nous propose sa vision d’artiste et qu’on s’y retrouve ou non, on ne peut qu’apprécier l’ambition des organisateurs de nous proposer un plateau de cette qualité. Clement Meyer assure un set de bonne facture, même s’il  a moins de « métier » que ces deux prédécesseurs et est légèrement plus brutal dans sa technique, on passe un très bon moment.

A noter, à l’étage, Dj Elwood et Dj Fresh se sont succédés pour des sélections plus latines et funky devant un public très clairsemé. On a manqué le set d’Olibusta, autre membre de Get The Curse,  mais on se promet de retourner le voir mixer prochainement. Et pour finir, on salue le travail de veejaying impeccable toute la soirée…

En conclusion, si on est amateur d’une électro pointue, la soirée a parfaitement tenu ses promesses. On peut d’ailleurs saluer le travail des organisateurs qui ont réussi à faire venir à Rennes des dj de cette stature, peut être moins connus du grand public, mais salués internationalement. Ce qui, notons-le, n’est pas si fréquent (à part Chloé la semaine dernière). Rennes est rarement sur la liste des villes clubbing. Fake, ou Nerds can dance par exemple, essaient de changer la donne et c’est tant mieux.

Reste à savoir si le public suivra. Il y avait certes un peu de monde cette nuit, mais on a connu l’Espace bien plus rempli avec de longues files d’attente. Ce n’était pas le cas aujourd’hui. La faute a une programmation trop pointue ? (ce que pour notre part, nous saluons au contraire) A un prix d’entrée relativement élevé (18 euros sans conso) ? (peut-être dû à un plateau nombreux avec 8  dj…) On ne peut le dire, mais pour notre part, nous retiendrons surtout que pour une fois, Rennes a compté sur la carte des soirées electro hexagonales de ce type.

Photos : Caro

5 commentaires sur “Fake Party – De l’électro qui a du style…

  1. bomber

    Je ne suis pas du tout d’accord avec cet article certes les dj’s étaient bon mais les Fakes c’est fini pour moi une organisation moyenne des conso tarifs boite ca reviens à une soirée en gros à 45 euros si on boit pas grand chose places plus 2 verres d’alcools + 1 bière. Lamentable n’oublions pas que le public clubbing underground ne roule pas sur l’or. De plus ces artistes ne sont absolument pas connus du grand public pas une seule fois dans la soirée la boite a été full-up, je pense plus qu’il faut inviter des groupes comme le 18 juin (birdy nam nam) en boite, underground et en même temps public, cette soirée ce prête plus au public Rennais. Moi ca me dérange pas le cadre est marrant boite de nuit tous de suite très kitch mais qu’ils facent des tarifs concert bière à 2.50euros qui à ne pas mettre d’alcool fort.

  2. Fix

    Je ne suis pas du tout d’accord avec cette réponse. Si on est sobre, 18 € pour ce nombre d’artistes, mon poto si tu veux comparer avec les groupes à guitares et batterie, avantage Fake.
    Et on a pas le droit de picoler ? Ben en boite, du plus loin de ma jeunesse, ça a toujours été le même délire.
    C’est le moment de passer Straight Edge.

  3. RM

    Outre ce débat puéril (oui, des soirées mainstreams on en a toutes les semaines, tout les week end, je trouve ça con de rabaisser les gens qui se bougent le cul pour organiser des soirées plus pointues, qui essaient de democratiser ce genre de musique, ce que beaucoup n’osent pas faire, parce que la techno c’est mal et que c’est soit disant une musique de drogué ; quant au débat sur le prix de l’entrée, oui je suis d’accord, 18e c’est cher, mais 15e en prévente ca devient tout de suite plus abordable. Allez à paris, rex club, social, toutes ces boites facturent à 15e aussi. Et quand tu va voir birdy nam nam c’est pas vraiment moins cher, faut etre réaliste… il est ou le problème ?), je tiens aussi à préciser qu’attribuer les merites de la soirée à Fake (soirée qui fut très très bonne), c’est pas vraiment mérité.
    Alors ok, ils font du bon boulot, je dis pas le contraire, mais cette soirée là, c’est surtout Darabi qui l’ont organisé. Et comme il sont proches de Get the curse, la suite est pas bien difficile a comprendre. meyer puis olibsuta et smagghe qui contribue également au blog GTC (chronique mensuelle), un de leur pote donc. Des soirées comme ça, en province, on en reverra pas de si tot, sur des festivals peut etre, mais en club personne ne prendra de risque, c’est trop cher, c’est pas possible (on l’a bien vu, la salle était vide, comment tu veux rentabiliser si t’as pas de reseau ?).

    Bref, je veux pas dire que Fake c’est pourri, c’est pas la question, c’est juste qu’il faut pas se leurrer, y’a toujours des contacts par ci par là dans ces soirées dites « exceptionnelles ». Malheureusement.

    Sinon, le report est très sympa, et je confirme, Pearson Smagghe Meyer c’était monumental. Olibusta très bon aussi.

    Je croise quand meme les doigts pour que le monde du clubbing bouge un peu plus en province, et continue a nous faire rever. Inch Allah.

  4. Izymael

    Premier droit de réponse et bonne nouvelle : Darabi alias Philippe Hallais est le nouveau programmateur des soirées FAKE; attendez-vous a voir ce type et format de soirée ce renouveler. Je voudrais tout de même rappelez que nous avons accueillit ANDREW WEATHERALL (Warp / Rotters Golf Club), ELECTRIC RESCUE (Skryptom), BUTCH (Trapez / Great Stuff Rcd), FROM KARAOKE TO STARDOM (Rrygular), POPOF (Skryptöm Rcd / Turbo), BAREM (M_NUS / FoundSound), HEARTTHROB (M_NUS / Underline), DANIEL BELL (Accelerate), MATTEW DEAR (Spectral Sound); OXIA (Goodlife), DETROIT GRAND PUBAHS (Poker Flat), SASCHA FUNKE (BPitch Control), BART SKILS(Pure Plastic/Voltt),DJ 3000 (UR), SYLVIE MARKS (BPitch Control), ALEXX (Logistic/Fr), ALEX UNDER (Trapez), TOMAS ANDERSSON (BPitch Control), PETER GRUMMICH (Shitkatapult), PASCAL F.E.O.S. (Cocoon),ANTONY (Warehouse / Goodlife), SCHAEBEN & VOSS (Kompakt),RIKKO (EB Sounds), HEKO (OD records) + D’julz, Johnny D et beaucoup d’autres artistes éloignés d’un mainstream en particulier (merci Krop). Quant au prix, nous avons bien conscience que c’est cher, mais malheureusement, nous ne sommes pas ou peu subventionné et il nous est impossible de proposer un tel plateau à un tarif inférieur à 15 euros en pré ventes. La prochaine FAKE est une programmation plus ouverte et moins chère, preuve de notre capacité à renouveler notre offre. A bientôt.

  5. bomber

    Je me suis mal fait comprendre car j’ai en parlé en off avec Ismaël et il est vraie que c’est cher mais l’entrée c’est normal faut rentabiliser mais c’est juste le principe du prix de la bière quoi limite pas d’alcool fort mais la bière c’est cher en boite. Âpres je connais pas spécialement comment ca se passe le booking et si la boite a des impératifs à respecter. évidemment que c’est super d’avoir ce genre de soirée, de pas être obligé d’aller au Social club à paris mais c’est jsute que voila pour moi ca reste très cher comme soirée comparé à une soirée plus classique ubu – antipode – jardin – cité.

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