Le Hellfest est dans une semaine. Troisième coup de projecteur. Dans la Warzone, la scène punk-hardcore.
Lorsque l’auteur de ses lignes entendit pour la première fois le groupe de Boston, la sincérité des chroniques le concernant en prit un gros coup : ce n’est que ça ?
Entendre dans cette musique du Jesus Lizard et du Napalm Death ne signifie pas être à côté de la plaque. Le problème vient de l’âge de l’auditeur. C’est le syndrome Simon Reynolds. On voit les matières qui servent au recyclage, pas le nouveau produit sous nos yeux.
Le vieuxconisme se soigne. Et la baffe a fini par arriver, avec le petit dernier : « All we love we leave behind ». Mieux vaut tard …Plus qu’à remonter le courant. Tant qu’à faire, en prenant la plus grosse vague : « Jane Doe ».
On peut entendre une oeuvre plusieurs fois et ne pas la reconnaître. Y trouver ce qu’on n’avait jamais perçu. Question d’angle. D’ouverture.
Converge. 4 mecs.
Au chant (!), Jacob Bannon, végétarien, patron du label Deathwish (Integrity, Terror, Touché Amoré, Rise and Fall; DeafHeaven, Birds In Row …) et graphiste. Il a fait profiter de ses talents des gens comme Knut, Cave In, Every Time I Die, Goatwhore, 108 …
A la basse, Nate Newton. Il chante et gratte la six-cordes dans Old Man Gloom et Doomriders. Dans le premier il croise Aaron Turner d’Isis et Caleb Scofield de Cave In.
A la batterie, Ben Koller qui s’occupe aussi dans All Pigs Must Die, avec un gars de The Hope Conspiracy et son compère Newton.
A la guitare, Mr Kurt Ballou. Son studio d’enregistrement s’appelle God City. Il a produit des albums pour des groupes déjà cités au-dessus mais aussi Torche, Orchid, Genghis Tron, Trap Them, Kvelertak, KEN Mode, High on Fire …
Et bien sûr son propre groupe. C’est une des raisons qui expliquent le son de Converge. Pour les écouter, bien sûr, il faut supporter la violence. Pas une violence massive. Comme un groupe de Grind, ou de Death, même si des riffs sont piochés dans ces genres. Une violence parfaite. Quand tout est en place. Quand tout peut changer. Alterner. Quand tout le monde est bon. Ben Koller par exemple.
Et en concert …Une partie seulement de l’équipe d’Alter1fo a vu le set du groupe en 2011. L’élément le plus exigeant. Il en est revenu bluffé.
Converge. The Warzone. 20H45 le samedi 22 juin.
Dans un commentaire récent, un lecteur d’Alter parlait à propos du Hellfest de « vieilles gloires » et de « service de gériatrie », avec enthousiasme. On peut aimer l’historique. Il visait cependant les représentants du hard rock et les mainstages.
La scène punk-hardcore a pourtant aussi ses vétérans. Sans remonter jusqu’à Iggy (vu à Clisson avec les Stooges version Ron Asheton), la famille a quand même plus de 35 ans. Ce qui fait à Pete Shelley et Steve Diggle près de 60 balais.
Les Buzzcocks (faut-il encore traduire leur nom ?) ont commencé en 1976. Shelley a fondé le groupe avec un autre monsieur important : Howard Devoto, qui s’est barré début 77 après un seul petit EP, pour former Magazine, dans lequel on trouvera, entre autres, Barry Adamson. Diggle avait eu le temps de se pointer à la basse mais il va switcher vers la guitare et le micro quand HD va faire de la place.
Résultat : en deux ans, trois albums. Trois merveilles : « Another music in a different kitchen » et « Love bites » en 78, « A different kind of tension » en 79. Quasiment que des tubes : « Orgasm Addict », « I don’t mind », « Ever fallen in love (with someone you shouldn’t’ve) », « Harmony in my head » etc …On ne peut citer tous leurs titres, on en laisse des caisses de côté.
Les Buzzcocks sont le plus punk des groupes mélodiques et le plus mélodique des groupes punk. Mettez-vous la compile « Singles Going steady », vous allez chanter toute la journée dans votre tête.
Depuis la reformation de 89, 5 albums ont suivi. Mais que valent les gars de Manchester en 2013 ? Des kilos en plus, de la voix en moins ? Peut-être. Mais une formation qui tient la route et qui aime encore assez jouer pour faire son lot de concerts. Un groupe à l’influence énorme et un répertoire magique.
Buzzcocks jouera le dimanche 23 juin à 18h35 dans la Warzone. La veille, la scène accueillera Bad Religion. Pas sûr que la bande de Greg Graffin aurait fait la même musique sans celle de Shelley and co avant eux.
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