Le festival est dans deux semaines. Deuxième coup de projecteur. Dans l’extrême.

Un concert. 5 mecs vont sur la scène. Tee-Shirts unis, sans inscriptions, jeans, baskets, cheveux courts. Des types banals. Le clavier commence. Sons de pianos synthétiques. Foule qui crie. Accords pop. Robbie Williams ?
Changement de caméra : le bras droit du gars est tatoué. Il présente le groupe, commence à chanter. Ça se confirme: mélodies pour jeunes, pour filles. Le reste du groupe embraye. Muse ?
Et à 2’17, tout part en couille. Chant hurlé. Growls. Les blast beats suivent pas loin derrière. On est passé dans le metalcore, le death technique, on ne sait pas bien quoi.
Des bipolaires-schizo-pas fixés, on en a déjà rencontré. Dans les musiques bruyantes en particulier. Une caresse, une p’tite baffe, un bisou, un gros pain. Mais comme Between the Buried and Me, c’est pas simple. Plus fun que The Dillinger Escape Plan, moins débile qu’Iwrestledabearonce, plus prog (nettement) que Mr Bungle, le groupe de Caroline du Nord est évidemment composé de musiciens surdoués.
Le metal partage avec le jazz le développement de grosses capacités techniques. Le niveau atteint en 2013 était sans doute inimaginable il y a 40 ans. Mais pour quoi faire ? Aller plus vite ? C’est fait. Enchainer des plans inouïs ? Itou. Ingurgiter et recracher tout ce qu’on veut ? C’est la méthode BTBAM. Qui pousse l’envie de liberté jusque dans les formats des disques qu’il sort. « the Great Misdirect » est un 6 titres. Oui mais il fait une heure, c’est un album. « the Parallax : Hypersleep Dialogues » n’en a plus que 3. C’est un EP. De 30 mn quand même.
Le petit dernier est sorti en fin d’année dernière. « the Parallax II : future sequence ». On y trouve tous les ingrédients suscités (metal extrême, hardcore, rock prog) plus de la valse, des intermèdes électroniques …
Pour faire des montagnes russes sans avoir la gerbe, c’est le vendredi 21 juin sous l’Altar à 16h45.

Un des refrains préférés des râleurs s’appellent « toujours les même groupes ». Ce à quoi les satisfaits répondent chaque année : vu le nombre programmé …
Vegard Sverre Tveitan sera à Clisson pour la troisième fois en 4 éditions. La dernière, c’était en 2012. Son retour nous permettra d’en faire, ce coup-ci, une priorité.
Le nom de scène du Norvégien est Ihsahn. La formation qui l’a rendu célèbre, Emperor. Au début des années 90, les gens du nord font ajouter l’épithète symphonique à leur black metal : les claviers, les samples, le lyrisme rendent leur noir encore plus éclatant que celui de leurs prédécesseurs. Mais des quatre musiciens qui ont enregistré « In the Nightside Eclipse » en 1993, trois vont passer par la case prison. L’un d’eux pour un meurtre homophobe (Faust), un autre pour un incendie d’église (Samoth).
Quand l’album sort, Ihsahn a 18 ans. Et à peine 8 de plus quand le groupe se sépare. Deux des membres fonderont Zyklon, plongeant vers le metal de la mort. Vegard est plus libre que ça. C’est pourquoi sa musique est passionnante.
Après trois LP avec sa femme sous le nom de Peccatum, le guitariste sort un premier disque solo en 2006 : « The Adversary ». Suivront « angL », « After » et « Eremita ». Voix claires ou hurlées. Black Metal ou rock prog… Ihsahn travaille avec Jorgen Munkeby, saxophoniste dans Jaga Jazzist et Shining, Devin Townsend, autre génie du métal, Jeff Loomis, guitariste surdoué de Nevermore. Sa musique peut quasiment prendre toutes les dimensions.
Sur scène, il est accompagné des membres de Leprous qui auront leur propre set au Hellfest et viennent de sortir « Coal ». Le charbon, matière noire. Le diamant …

Ihsahn, le dimanche 23 juin à 15h55 dans the Temple.

Eremita, sorti en juin 2012

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