Depuis 1994, l’association Kfuel défend avec une passion hautement communicative une certaine idée de la musique atypique et ruant joyeusement dans les brancards. Depuis 1994, elle participe à rendre la vie musicale rennaise un peu moins consensuelle, un peu plus aventureuse… bref un peu moins chiante. Ces 30 années d’amateurisme forcené et d’oreilles particulièrement affûtées, ils ont déjà commencé à les fêter avec une très belle série de concerts depuis le début de l’année qui trouveront leur apothéose le samedi 26 octobre dans un lieu secret mais particulièrement approprié pour l’affolant festin musical qu’ils nous ont concocté. On vous dit tout sur les 7 groupes qui viendront enflammer ce somptueux gâteau.

Il y a des anniversaires qui nous touchent particulièrement. Les 30 ans de l’association Kfuel fait partie de ceux-là. On ne compte plus les disques essentiels et les claques scéniques mémorables qu’on leur doit. Trois décennies de soirées concerts de haute volée et d’émissions de radios sur Canal B qu’on suit un crayon à portée de main pour noter les noms des groupes diffusés. Nous sommes donc tout particulièrement heureux de pouvoir souffler en leur compagnie ce beau paquet de bougies. La fête a démarré dès janvier 2024 avec une somptueuse soirée toute en émotions regroupant Dalès et Documents à la Tête de Chou. Elle s’est ensuite prolongée en février avec une explosive soirée au Marquis De Sade avec Thee Alcoholics et Fauna Nova, une autre en mars au Ty Anna qu’on a honteusement loupé avec Jour J Mental et Selver en enfin avec une inoubliable soirée au Dimanche Bistrot avec Echoplain, Tabatha Crash, Judgitzu et la police municipale rennaise en invité surprise. Ces célébrations s’achèveront en apothéose le samedi 26 octobre dans le lieu (pas si) secret le plus chouette du sud de Rennes avec une programmation de pas moins de sept groupes reflétant à merveille l’esprit aventureux et indocile de la bande.

Si vous n’êtes pas encore dans la confidence pour le lieu, envoyez-nous un petit message à contact@alter1fo.com et on vous donnera toutes les infos pour vous y rendre.

Pour en savoir plus ou rafraîchir votre mémoire, nous vous invitons à lire ou relire l’interview que nous avions faite lors de la fête de leurs 20 ans mais aussi à parcourir notre galerie photo de leurs concerts que, depuis 2009, nous soutenons avec toujours autant de plaisir.

S’il y a bien un groupe dont la présence était indispensable à cet anniversaire, c’est bien les Møller Plesset. Depuis maintenant presque trois décennies, le groupe prouve avec classe et nonchalance que Chicago n’est finalement pas si loin de Rennes que ça. Leurs quatre galettes : Rather drunk than Quantum, (2002), the perturbation theory (2005), Hartree-Fock method (2011) et Self Consistent (2017) font définitivement partie de nos disques de chevet. Le duo de guitare Régis Gauthier/Thomas Le Corre est aussi fascinant dans la puissance que dans des élans retors et labyrinthiques où ils font preuve d’une complicité et d’une complémentarité exemplaires. L’impressionnant jeu de chausse trappe rythmique de Fred Sorgniard à la batterie enrobe parfaitement les circonvolutions abrasives des deux six cordes et le chant déchirant d’intensité de Gilles Trotin (souvent savoureusement mis en contrepoint avec celui de Régis Gauthier) achève de rendre le tout totalement imparable. Parce que derrière la fureur et les syncopes à sept temps et demi, les lascars vous planquent de redoutables compos qui vous accrochent par l’oreille dès la première écoute et ne vous lâchent plus. Il se murmure parmi leurs fans hardcore qu’ils auraient été une fois mauvais sur scène mais, pour notre part, ils nous ont mis dedans-dehors à chacune des (nombreuses) occasions où nous les avons vus en concert. On fait le pari sans prendre grand risque qu’ils ne failliront pas ce soir là et ce d’autant plus que leur histoire est intimement liée à l’association Kfuel.

Autre groupe aux liens forts avec l’association les lillois de Drive With A Dead Girl ont été invités pas moins de cinq fois à venir jouer sur Rennes par Kfuel. Il faut dire que le quatuor lillois a prouvé à chaque venue sa capacité à magnifier en live une musique aussi intense qu’envoûtante. Drive With A Dead Girl n’en est pas à son coup d’essai puisqu’ils officient depuis déjà 2006 et ont à leur palmarès pas moins de onze (!) album. Depuis sa création en 2006, le groupe a évolué d’un rock noisy assez dur vers les rivages plus insidieux et maladifs d’un sadcore lancinant mais intense. Leurs derniers disques s’orientent avec une réussite remarquable vers les terres désolées et glaciales de la front wave. Le nom du groupe n’étant pas celui d’un épisode de Twin Peaks pour rien, leur musique est une ballade flippante et aliénée sur des routes dévastées où l’on ne sait pas trop ce qui nous attend au prochain virage. On oscille avec bonheur entre une version dérangée du Blonde Redhead des débuts, la froideur de Cure, le foisonnement sonique de Sonic Youth et l’inquiétante fureur contenue de Codeine. Leurs mémorables venues par chez nous ont prouvé à maintes reprises que le spectre musical de la bande est très impressionnant. Le groupe avait aussi fait preuve d’une remarquable présence scénique avec en points d’orgue une capacité à tresser des ambiances tour à tour vertigineuses et déchirantes et une chanteuse d’une intensité rare. Alors certes, le voyage proposé traverse plutôt les paysages décharnés des sites industriels délocalisés que les riantes prairies, mais il vaut amplement le détour.

Autre groupe dont nous sommes particulièrement heureux du retour par nos contrées, le trio lyonnais Tombouctou fait partie de nos grandes attentes de cette folle soirée. Dès leur brillant et incandescent premier album Ceiling Coast, nous étions tombés sous le charme de ce déferlement de riffs déchirants lacérants des rythmiques dégingandées d’où jaillit une voix féminine assez sidérante. Leur épatant concert de  2017 en première partie de Total Victory avait largement confirmé le potentiel explosif de la bande. Ils ont depuis sorti en 2023, Tricky Floors, un second album qui explosait largement toutes nos espérances. Entre hurlements possédés et candeur inquiétante, la chanteuse y surnage et tangue au milieu d’un ouragan de larsens et de rythmes passés à la moulinette avec autant de grâce que de fureur. Cet album qui fait partie de nos galettes favorites de ces dernières années et continue à squatter régulièrement nos platines, nous trépignons donc d’impatience d’en savourer la version live à bout portant. Merci Kfuel d’avoir enfin rendu ça possible.