Alter1fo vous propose de (re)découvrir la scène musicale rennaise à travers une chronique, hebdomadaire le plus souvent. Des talents émergent, d’autres confirment sur la scène locale. Certains les soutiennent, sortent leurs disques, d’autres leur proposent des lieux de concert, de répétition… Alter1fo donne un coup de projecteur à ces artistes, labels, lieux ou assos qui œuvrent d’arrache-pied pour que la scène locale existe. Permettre aux acteurs et aux publics de se rencontrer, donner la parole à ceux qui font la vie rennaise, tels sont nos buts avoués. Chaque semaine, vous retrouverez donc un ou plusieurs focus sur l’un de ces acteurs…
Nous vous avions déjà fortement encouragés à aller découvrir sur scène le duo rennais [kataplismik]. Et pour cause ! Leur dernier disque « apparence« , sorti chez Fingerprint en septembre dernier, contient 9 pépites aussi émouvantes que mélodiques, composées uniquement pour la plupart grâce à leurs guitares acoustiques. Des morceaux bien construits, un réel talent de composition et un sens aiguë de l’harmonie, l‘album est une vraie réussite.
Pour ceux et celles qui les ont malencontreusement ratés lors de leur passage au Mondo Bizarro (en septembre) ou bien au Sympathic (en octobre avec Sons Of Frida) , Franck et Flavien de [kataplismik] se reproduiront le 22 Novembre, à la Bascule, et cette fois ci plus d’excuse pour ne pas venir les voir…l’occasion aussi pour nous de faire plus ample connaissance avec eux !!!
INTERVIEW
► Alter1fo : Bonjour [kataplismik], tout d’abord, choisir un tel nom de groupe découle forcement d’une réflexion ou pas du tout ?
Flavien : Tu n’es pas le premier à poser la question et j’avoue ne pas avoir de réponse à te donner, j’ai une mémoire sélective et je ne sais plus du tout comment ce nom m’est venu en tête… Pour ce qui est des minuscules et des crochets, on va dire que c’est un choix esthétique.
► Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment est né ce projet ?
Flavien : [kataplismik] existe depuis 2002. À la base c’était juste un délire personnel pour occuper mon temps libre à enregistrer de la musique impulsive et temporaire. J’ai fait mon premier concert en 2009 car on me l’a proposé, je n’avais jamais démarché étant donné que je ne me sentais pas forcément à l’aise avec l’idée de faire un concert. J’ai tout de même relevé le défi et suite à ça, j’ai cherché un batteur car il manquait quelque chose. J’en ai parlé à Franck, qui à l’époque jouait notamment dans Rosa Negra et il a accepté. Son arrivée a changé pas mal de choses au fonctionnement, nous avons à ce moment-là commencé à composer de vrais morceaux.
► Vous venez de sortir l’album « apparence » en septembre dernier : pouvez vous définir rapidement votre style de musique et à quoi pouvons nous nous attendre lors de la première écoute du CD ?
Flavien : Grossièrement, c’est du rock avec deux guitares classiques, il y a beaucoup de mélodies, de l’arpège, des contres arpèges. A quoi vous pouvez vous attendre ? A plein de surprises, nous ne voulions rien de prévisible et c’est ce qui se passe, sans pour autant tomber dans un truc complètement débile.
► Effectivement, l’album sort des sentiers battus avec cette formule de deux guitares acoustiques, et pourtant « apparence » a reçu de très bonnes critiques. Vous êtes étonnés de ces retours, vous vous attendiez à cela ?
Franck : Personnellement je n’avais aucune attente, je suis juste content de ce que nous avons réussi à faire avec nos petits moyens.
Flavien : On est assez contents des retours qu’on a pu avoir jusqu’ici et on espère bien en avoir quelques uns encore, le disque est encore récent. Étonnés, pas plus que ça, on s’est donné du mal pour le sortir alors c’est qu’on devait y croire un minimum. On a également voulu travailler avec des gens avec qui on savait que ça se passerait bien, Jérôme du Studio Vetter pour l’enregistrement et le mixage, Sébastien d’AGM pour le mastering, Estelle, Nounours et Mickaël pour les parties orchestrées. Tout est allé très, très vite et tout s’est bien passé.
► Justement, vous évoquez le fait que plusieurs invités vous accompagnent sur certains titres : d’où est venue cette idée ou envie ?
Flavien : En écoutant les démos qu’on avait enregistrées, on s’est dit qu’il manquait des instruments sur certains morceaux, on a donc commencé à réfléchir et à composer d’autres parties. Mickaël qui joue une partie d’accordéon sur un morceau joue dans Yanyvic, le groupe du père de Franck, dans lequel Franck jouait encore il n’y a pas si longtemps d’ailleurs. Estelle a déjà joué aussi avec Franck dans Rosa Negra, elle jouait avant cela dans Monoceros. Quant au trompettiste, ça a été plus difficile d’en trouver un, on a d’abord commencé à travailler avec quelqu’un mais on s’est rendu compte que le niveau attendu et la motivation n’étaient peut-être pas là, on a donc décidé de ne pas prendre de risque et d’en rechercher un autre. C’était quelques semaines avant le studio, c’était un peu la panique. On a contacté plusieurs personnes mais beaucoup n’étaient pas disponibles à la date de l’enregistrement. Une amie nous a parlé de Nounours. On s’est rencontré. Il a regardé les partitions, il a accepté.
Nounours Lhoumeau nous parle de sa collaboration avec [kataplismik]
► Avez vous une méthode particulière de composition ?
Flavien : Il n’y a pas de formule type, les morceaux se sont faits de différentes manières mais pour la majorité, c’est Franck qui apporte les idées. On travaille sur partitions et on se les envoie, on les bosse chez nous et on les joue en répète quand tout le monde est prêt. Je crois qu’on gagne du temps en faisant ça et, surtout, tout est écrit, ce qui est plutôt pratique quand on a des mémoires comme les nôtres.
► Quand on écoute votre musique, il y a beaucoup d’idées, même dans chaque morceau pris individuellement. Est-ce le fait qu’il n’y ait pas de chant qui vous force à jouer sur les « cassures » et les « montées » ?
Flavien : Nos morceaux ne peuvent pas être structurés comme s’il y avait du chant, ça serait lassant à jouer et à écouter. Il doit se passer des choses, sinon on s’ennuie, surtout Franck.
► Votre musique est très aboutie, on imagine que vous avez dû écouter pas mal de musique. Quelles sont les influences que vous revendiqueriez ?
Flavien : Même si on aime des groupes en commun avec Franck, on ne vient quand même pas de la même scène, sans doute que ce mélange aide à brouiller les pistes. Quant à parler de nos influences, j’avoue ne pas savoir quoi répondre. À part citer Ennio Morricone pour les quelques passages avec trompette sur le disque, je n’ai pas d’autres noms…
Franck : Mes influences restent très rock progressif ou post rock sur le fond, le tout en acoustique et sans batterie. Après, pour cet album, je pense que mes influences sont inconscientes. Mais je pourrai citer Jethto Tull, Genesis ou Do Make Say Think entre autres.
► Pour les puristes et amateurs de guitares, pouvez vous décrire le matériel avec lequel vous jouez ?
Flavien : J’ai une guitare La Mancha, un ampli Peavey Ecoustic 112, quelques pédales Boss (équal, delay) et une Ernie Ball pour le volume.
Franck : Je joue avec la guitare de mon père, une Gomez y Gomez de 40 ans, un ampli Roland Jazz chorus 50 et des pédales Boss (équal, disto, delay, looper).
► Pouvez-vous nous expliquez d’où provient la photo de la pochette de l’album ?
Flavien : Les cadres et la tapisserie de fond sont l’œuvre de Simon Jourdan, un photographe d’Angers et un ami. Le groupe avait déjà fait une session photo avec lui. Franck avait également bossé avec Simon pour d’autres projets. Nous aimons son travail. Pour le reste, on a voulu rester dans l’esprit ancien. Nous avons donc décidé de mettre des photos de nos ancêtres à la place des nôtres, une sorte d’hommage peut-être et, surtout, je crois que personne n’avait trop envie d’avoir sa tête sur le disque. L’enfant sur la pochette est mon grand-père maternel avec ses parents.
► Comment avez-vous atterri au sein du label Rennais Fingerprint ( You’ll Brynner, Korkoj ) ?
Flavien : Assez facilement pour être honnête. Un certain Flavien s’occupe de Fingerprint, je crois que ce mec est vraiment sympa et qu’il aime bien ce qu’on fait, alors ça s’est fait tout seul…
►Effectivement, cela doit faciliter les choses (rires…). Revenons à votre actualité : votre prochain concert du 22/11 à la Bascule marque-t-elle la fin de votre série de concerts dans cette formule duo acoustique, ou bien allez vous vous produire de nouveau ?
Flavien : Alors non, ce n’est pas encore terminé. Effectivement, nous n’avons pas des tonnes de dates à venir mais on se penche dessus bientôt. Nous n’avions pas forcément prévu de jouer en novembre. Mais on nous a demandé alors nous n’avons pas refusé, sauf pour la Bascule où c’est moi qui ai voulu le faire, avant la fermeture du bar, avec des gens qui apprécient Gilles autant que moi. Ça nous fait plaisir de faire un dernier concert dans ce lieu magique.
► …et au cours des précédents concerts, avez-vous un souvenir ou une anecdote à raconter ?
Pour le meilleur moment, je crois qu’on est tous les deux d’accord pour parler de la tournée avec Sons of Frida, c’était une expérience vraiment chouette pour tout le monde. Sur huit dates, il y a eu de tout, des bons concerts, des mauvais aussi, mais c’était surtout génial humainement. On a fait de belles rencontres, on a vu des lieux vraiment classes, on s’est bien marré. Les deux meilleurs concerts étaient de loin les deux derniers, Paris et Rennes. À Paris, on jouait dans la cave de Cantine de Belleville. La salle était pleine à craquer et je ne sais plus pourquoi mais il n’y avait pas de ventilation, j’avais la crève et il faisait une chaleur de fou. Je crois que j’étais dans une sorte de transe, c’était cool !
► Est-ce que le set a évolué depuis la date du Mondo Bizarro, date de votre premier concert en formule acoustique ?
Flavien : Depuis le Mondo, on a remodelé un peu la setlist. Il y a en effet des titres qui ne sont pas convaincants en live ; on ne les fait plus, d’autres les remplacent. C’était le premier concert acoustique et c’était très étrange de le faire dans un lieu comme le Mondo Bizarro.
► Nous pourrons voir cette évolution à la Bascule le 22 novembre du coup. A ce propos, pouvez vous rapidement présenter les groupes qui partageront la scène ce soir là ?
Flavien : Alors, Erwan Salmon ouvrira le bal avec son saxophone, c’est un Rennais qui utilise la technique du souffle continu et qui arrive à chanter avec sa gorge en même temps qu’il joue. Rien n’est bouclé. Il se débrouille très bien et j’ai hâte de le voir jouer son set. Puis ENGINe, un trio naxoprod de Rennes aussi, qui n’a pas joué depuis pas mal de temps. Je joue avec le guitariste et le bassiste dans un autre groupe, je connais leur niveau et je me dis que ça ne pourra qu’être un bon concert.
► Ce sera donc une affiche purement rennaise… Justement, vous sentez-vous proches musicalement de certains des nombreux groupes de rennes ?
Flavien : Effectivement, il y a pas mal de groupes, mais je dois dire que je suis plutôt difficile. On vit une époque où tout le monde peut faire de la musique, même les gens qui ne sont pas musiciens. C’est sans doute ça qui me bloque un peu, cette espèce de porte ouverte à tout et n’importe quoi. Musicalement, on ne ressemble à aucun que je connaisse. Ceci dit, je peux citer Gesar Khan, Krabben in Lake, ENGINe, Heraclite, Minia Zavout, Gigot Mazout, Korkoj, You’ll Brynner dont je me sens proche, mais plus par affinité personnelle que musicalement, j’en oublie très certainement…
► Toujours musicalement parlant, qu’ils soient rennais ou non, pouvez vous me citer trois disques « indispensables » pour vous?
Flavien : Difficile de n’en choisir que trois, ça dépend vraiment, j’ai mes périodes. En essayant de ne pas trop réfléchir, je peux citer « Enter » de Russian Circles, « Oceanic » d’Isis et « The Beyond » de Cult of Luna. Étonnant pour un mec qui fait de la guitare classique ?
Franck : Je suis certain qu’ils ne sont pas encore sortis, je découvre de nouvelles musiques chaque fois que je le peux. Il m’est difficile de sélectionner parmi trop de bonnes choses.
► Comme tu parles de découvrir de nouvelles choses, quels sont les projets à venir pour [kataplismik] ?
Flavien : Des projets, il y en a. Reprendre la phase de composition en formule guitare/batterie, sortir un disque électrique puis faire des concerts. Mais avant ça, continuer de jouer en acoustique, terminer les enregistrements qu’on a commencés pour un moyen métrage, commencer les enregistrements qu’on doit faire pour un court métrage aussi. On a également quatre titres d’enregistrés pour un EP acoustique à paraître en 2014. Il faut qu’on fasse le mixage et le master. On les a enregistrés en même temps que les neuf titres de l’album au Studio Vetter. On a aussi en projet de sortir un split EP avec Minia Zavout, mais je ne sais pas quand on se mettra sérieusement dessus. Et puis un jour, il faudra vraiment qu’on se motive pour trouver des gens avec qui travailler pour faire des clips et avoir assez de matière pour les projeter en live. Un jour…
►Merci à Flavien et Franck, Nounours pour leur disponibilité◄
Pour aller plus loin
http://kataplismik.bandcamp.com
https://www.facebook.com/kataplismik
Nouvel album de Skim&Tone https://skimettone.bandcamp.com/
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