On ne vous fera pas le coup d’Hawaï et de ses palmiers et de la difficulté qu’a l’imaginaire collectif d’y projeter un groupe de rock hardcore dans les années 90, comme on l’a lu à longueur de pages web et papier. Certes, les Chokebore viennent bien d’Honolulu, mais autant dire qu’on s’en contrebalance le cocotier, tant ce qui nous importe, c’est d’abord l’urgence de ces guitares, la rage mélodique qui étreint chacune de leur compos ou cette damnée voix de Troy Von Balthazar, abrasive en  diable, qui vous râpe les sens et laisse votre cœur à nu.

Les vieux de la vieille le savent déjà, Chokebore ne sont pas des perdreaux nés du dernier typhon pacifique mais bien un  groupe qui compte vingt années au compteur. Et dont l’histoire commença avec le mythique Amphetamine Reptile Records. Autrement dit le label sur lequel on retrouvait déjà Helmet, Unsane ou les Melvins des nineties noise triomphantes. Signé pour y sortir leur premier lp Motionless en 1993 (ainsi qu’un single inaugural auparavant), enregistré dans le Minnesota en un jour et demi, Chokebore envoie d’ores et déjà du lourd. Guitares crassouilles, pleines du cambouis des pédales de disto, mais aussi rage contenue le mors aux dents à coups de mélodies imparables.

Car les Chokebore ont ce truc en plus sous l’incandescence d’une jeunesse tourmentée : les gamins d’alors oscillent déjà entre rage au ventre tout en déflagration et moments d’accalmie désespérée.

Anything Near Water en 1995 viendra encore enfoncer le clou dans les stigmates de Kurt Cobain, fan officiel de la formation (le groupe accompagnera Nirvana sur plusieurs dates US entre 1993 et 1994). D’autant que la voix de Troy Von Balthazar s’y fait encore plus malade et bouleversante. Suivront A Taste For Bitters (1996) -tout aussi bon, sur lequel les deux frères Kroll et Troy on Balthazar sont rejoint par Omar Madrigal Izzo, le batteur actuel-, Black Black en 1998 ou It’s A Miracle en 2002… et même un live enregistré à la Route du Rock en 2001 A Part From Life (2003). Et puis comme souvent après plusieurs années de tournées harassantes, d’enregistrements studio parfois compliqués, le groupe décide de faire une pause, notamment aux dires de Troy Von Balthazar à cause de leur label de l’époque, Pale Blue (« je commençais à me rendre compte qu’on travaillait avec les mauvaises personnes« ). Chacun s’est alors consacré à sa carrière solo.

Pourtant, les Chokebore n’avaient pas fini d’en découdre. Ayant retrouvé un équilibre grâce à leurs projets respectifs (ces deux dernières années pour exemple, Jonathan Kroll s’est consacré à A Newborn Riot of Dreams, Christian Omar Madrigal Izzo à Mephisto Walz, Christian Death 1334, Readership Hostile ou Sun Mun Way ; de son côté, Troy Von Balthazar a sorti un troisième album solo, deux musiques de films ainsi qu’un livre de poèmes -et nous, on a le temps de rien !-), les quatre musiciens ont progressivement rebranché leurs instruments. Pour, contre toute attente, sortir un ep 5 titres en 2011, Fast Bells sur l’essentiel Vicious Circle. Et partir pour une belle tournée de retrouvailles, toute guitares dehors, toujours jouée avec les tripes.

Aussi en 2013, Chokebore revient pour fêter avec nous son vingtième anniversaire sur scène, notamment ce mardi 19 novembre à l’Antipode. Pour l’occasion, les très inspirés Vicious Circle ont décidé de ressortir leurs deux premiers albums, en vinyle s’il vous plaît. Bien leur en a d’ailleurs pris, car en plus de n’avoir pas pris une ride à la réécoute, Motionless et Anything Near Water se révèlent vingt ans après de véritables gemmes de cet indie rock qui a marqué nos oreilles au fer rouge.

A noter, c’est le garage rentre-dedans de Baston qui ouvrira la soirée.

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R1R2 présentent Chokebore en concert à l’Antipode MJC (2 rue André Trasbot – Rennes) ce mardi 19 novembre à 20h30.

Tarifs : Membres : 14€ / Location : 16€ / Sur Place : 20€

Plus d’1fos : http://www.antipode-mjc.com/evenements-antipode-mjc/concerts/chokebore-la-tournee-anniversaire/